Avant d'être journaliste aux sports, j'habitais Londres. Et en bon Londonien - ou peut-être parce que j'ai sans le savoir un petit côté masochiste - j'appuyais l'équipe d'Angleterre.

Masochiste, parce que l'Angleterre a beau être la mère patrie du soccer, elle ne gagne pas très souvent. Sa seule et unique Coupe du monde remonte à 1966. Six ans avant ma naissance. Depuis, à part la demi-finale en Italie lors du Mondial de 1990, les Trois Lions n'ont jamais fait mieux que les quarts.

Ça devait être mieux cette année. Le sélectionneur Fabio Capello est payé quelque chose comme 9 millions par année pour produire des résultats. Et puis arrivent des matchs comme le 1-1 contre les États-Unis, samedi dernier.

La grogne était palpable dans la presse anglaise ces derniers jours. On a souligné à gros traits que les vainqueurs des six dernières Coupes du monde avaient remporté leur premier match. De là à conclure que l'Angleterre est foutue, il n'y a qu'un pas.

Pourtant, avec le recul, et après les départs peu convaincants de l'Espagne, de l'Italie et du Portugal - sans parler de la France! -, le résultat mitigé contre les Américains ne semble plus si dramatique. Et ce, quoiqu'en pense Franz Beckenbauer, qui a accusé les Anglais d'être revenus au «kick and rush» sans imagination qui a longtemps été leur pain, leur beurre et la clé de leur insuccès.

Le jugement du Kaiser est dur. Trop dur, en fait, même s'il est vrai que l'Angleterre n'a pas affiché la fluidité de l'Allemagne ou du Brésil - dont la performance contre la Corée-du-Nord a été injustement critiquée, selon moi.

Mais Capello, dont l'équipe affronte la décevante Algérie au Cap aujourd'hui, devra néanmoins trouver des solutions au manque de cohésion de sa formation, dont les problèmes vont au-delà de la gaffe inexplicable - et inégalée jusqu'ici dans le tournoi - du gardien Rob Green.

La plupart des risques pris par Capello lors du match inaugural se sont retournés contre lui. Green a été d'une faiblesse impardonnable sur le but de Clint Dempsey. James Milner, étonnant partant sur la gauche après avoir été victime d'un virus, a commis plus de fautes qu'il n'a eu de touches du ballon, avant d'être remplacé dès la 31e minute. Frank Lampard et Steven Gerrard ont, comme d'habitude, cohabité difficilement dans l'axe. Et Ledley King, dont la forme était mise en question, a confirmé les doutes en se blessant à l'aine contre les États-Unis.

Heureusement pour Capello, la santé retrouvée du milieu Gareth Barry lui permettra de déplacer Gerrard sur la gauche, où il risque d'être plus efficace. Il le faut. Contre l'Algérie, qui apparaît comme le véritable maillon faible du groupe C, l'Angleterre doit offrir une performance dominante et ainsi bâtir la confiance que le match contre les États-Unis ne lui a pas permis d'établir. En espérant que Rob Green (s'il est de retour devant le filet) cesse de se prendre pour Bill Buckner ou Michael Leighton...

***

Diego Maradona doit rire dans sa barbe. Pelé l'insulte, Platini le traite de haut et que fait l'Argentine? Elle gagne 4-1. Que ce soit grâce à Maradona ou en dépit de lui n'a, au fond, guère d'importance. L'équipe d'Argentine déborde de talent. Elle a tous les outils pour aller loin dans ce tournoi. Si la France a fait la finale avec Raymond Domenech en 2006, peut-on se permettre de lever le nez sur les chances d'El Diego de l'imiter?

***

Et Polokwane? Je suis arrivé de Johannesburg en milieu d'après-midi après trois heures de route vers le nord. J'ai déposé mes affaires à l'hôtel et je me suis pointé illico au stade Peter-Mokaba. Alors pour la leçon de tourisme, on repassera. Mais je peux vous dire ceci: il n'y a pas d'équipe de première division dans cette ville de 500 000 habitants. Je me demande à quoi pourra bien servir ce bel amphithéâtre tout neuf quand la Coupe du monde sera finie. Les éléphants (blancs) ne sont pas tous dans les parcs nationaux.

Photo: AFP

Fabio Capello devra trouver des solutions au manque de cohésion de sa formation, dont les problèmes vont au-delà de la gaffe du gardien Robert Green contre les États-Unis.