Comme disait Journey: Don't Stop Believin'.

Le DJ du Wachovia Center a fait jouer ce classique du rock FM des années 80 à fond la caisse avant le match au Wachovia Center, hier soir. Un air de circonstance, après l'improbable remontée réussie par les Flyers dans leur série contre les Bruins. Les Flyers n'ont jamais cessé d'y croire. Voyez où ça les a menés.

Le Canadien - qui en connaît un bout en matière de dénouements inattendus après ses victoires surprises contre les Capitals et les Penguins - ferait bien de faire tourner le vieux tube de Journey en boucle dans le vestiaire d'ici à demain soir. Car s'il fallait que les hommes de Jacques Martin perdent la foi en plus de jouer comme ils l'ont fait hier soir, la série ne durera pas longtemps.

 

Bien sûr, ce n'est pas parce que les Flyers, qui semblaient encore flotter sur un nuage, 48 heures après avoir éliminé Boston, ont dominé le premier match que l'histoire se répétera à chaque partie. Personne n'aurait donné cher de la peau du Canadien après le premier match contre les Penguins. On sait tous comment ça s'est terminé.

Sauf que... c'est dans la nature humaine d'être inquiet. Et il y a des signes inquiétants. Dans le vestiaire, Michael Cammalleri, assis à son casier, le regard perdu dans le vide, a lâché un grand soupir avant de se lever pour faire face aux micros. «On n'est pas très contents de nous. La première période a été correcte, mais après je n'ai pas aimé notre niveau d'intensité.»

Vrai. Sans le calme de leur gardien Michael Leighton, les Flyers auraient fort bien pu retraiter au vestiaire après 20 minutes de jeu avec une marque égale ou même un retard d'un but. Mais par la suite, ils ont contrôlé le match à leur guise.

Les Flyers ont fait les fameuses petites choses dont les entraîneurs aiment tant nous parler. Ils ont fait ce qu'il fallait faire pour battre Jaroslav Halak, qui n'était pas à son meilleur: ils se sont massés devant lui, pour lui voiler la vue et être prêts, les deux pieds au bord de la zone réservée au gardien, à foncer sur le moindre retour. Les tirs ayant mené aux deux premiers buts de Philadelphie, ceux de Braydon Coburn et James van Riemsdyk, ont dû franchir une distance combinée de deux pieds.

Si seulement le Canadien en avait fait autant, il aurait peut-être eu une chance. Mais non. Après le match, Leighton a fait un commentaire qui en disait long. «Ils ont eu quelques occasions de marquer, mais je voyais bien la plupart des rondelles. Ils n'ont pas une forte présence devant le filet, contrairement à Boston.» Si Jacques Martin veut apporter des ajustements, il devrait commencer par là. Le Canadien ne marquera pas beaucoup de buts en se tenant en périphérie et en laissant le champ libre à Leighton.

Ce n'est qu'une des choses qu'il devra améliorer. «On a perdu nos batailles, on a fait des jeux cute avec la rondelle, on n'a pas bloqué certains lancers (20 tirs bloqués, quand même) et on les a laissés foncer au filet», a résumé Hal Gill.

Les statistiques sur les revirements et les vols de rondelle sont notoirement peu fiables dans la LNH, souvent arrangées pour favoriser l'équipe locale. Mais même en tenant compte de la marge d'erreur, la domination des Flyers - quatre revirements seulement contre 11 pour le Canadien et 12 vols contre cinq en faveur des Flyers - était évidente.

Le Canadien a aussi été indiscipliné et en a payé chèrement le prix. Non seulement a-t-il accordé deux buts en avantage numérique - et même trois, si on inclut celui de Daniel Brière, marqué une seconde après que Maxim Lapierre soit sorti du cachot - mais Scott Gomez a été puni par deux fois alors que son équipe profitait d'une supériorité numérique. C'est le genre d'erreur qu'un vétéran comme lui ne peut tout simplement pas se permettre de commettre à ce stade de la saison.

La beauté des séries, évidemment, c'est qu'on peut effacer l'ardoise et tout recommencer au match suivant. Le Canadien l'a fait avec succès dans les séries précédentes. Mais il est difficile d'échapper à l'impression que l'équipe qui fait vibrer Montréal depuis un mois est peut-être mieux adaptée pour lutter contre le jeu de finesse des Capitals et des Penguins de ce monde que pour se défendre contre la combinaison de force brute et de talent pur d'une équipe aussi équilibrée que les Flyers. Surtout si Leighton continue à jouer comme il l'a fait hier.

Don't stop believin'. Mais faites quand même une petite prière.