Ce n'est pas que j'aie particulièrement envie d'entonner ce refrain qu'on a entendu trop souvent ces dernières années à Montréal, mais imaginez ce qui se passerait si le Canadien parvenait à coller trois périodes de bon hockey.

Hier soir, il a été pourri pendant les 40 premières minutes. Complètement dominé par les Penguins qui contrôlaient la rondelle à leur guise, incapable de réussir la plus banale sortie de zone, multipliant les gaffes dans les trois zones, il se dirigeait tout droit vers l'abattoir. On voyait déjà se profiler un match décisif à Pittsburgh, samedi soir.

À un détail près: en dépit de sa supériorité évidente, la bande à Crosby ne menait que par un but après la deuxième période. Et le Canadien a connu un regain de vie en troisième période, grâce entre autres à la contribution des joueurs de troisième et quatrième trios comme Maxim Lapierre, Tom Pyatt et Mathieu Darche. Ils ont récompensé la décision de Jacques Martin, qui a résisté à la tentation de «raccourcir son banc» avant que le CH ne prenne finalement l'avance.

Il fallait beaucoup de caractère pour rebondir ainsi. Mais à force de nous rejouer la fable du chêne et du roseau depuis le début des séries, les joueurs du Canadien en sont venus à croire qu'ils sont toujours capables de se redresser, même au plus fort de la tempête. «Il y a un mois ou deux, j'aurais été surpris de notre capacité à revenir dans le coup, a dit Josh Gorges. Mais plus maintenant. Notre groupe est soudé et tout le monde joue pour ses coéquipiers. Tant que nous allons faire ça, nous avons une chance de continuer.»

Ils auront aussi une chance de semer le doute dans la tête des joueurs des Penguins, si ce n'est déjà fait. Tu es le favori et ton adversaire, qui joue sans deux de ses meilleurs défenseurs, Andrei Markov et Jaroslav Spacek, dort au gaz pendant les deux tiers de la partie. Et tu perds quand même. Quoi qu'ils en disent, et après ce qui s'est passé dans la série Montréal-Washington, les Penguins risquent de beaucoup cogiter au cours des 48 prochaines heures.

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Jacques Martin a connu une autre bonne soirée derrière le banc du Canadien. Son intervention dans le vestiaire au second entracte a eu l'heur de fouetter ses troupes. Mais il s'est surtout distingué en n'hésitant pas à renvoyer P.K. Subban dans la mêlée (il a joué 22 minutes), même si le jeune défenseur a connu une première moitié de partie misérable.

«Une bonne occasion d'apprendre», a résumé Martin au sujet de la soirée de Subban. C'est vrai, comme il est vrai que l'entraîneur du Canadien, dont la brigade défensive est aussi dépeuplée que le cuir chevelu de Glen Metropolit, ne dispose pas de tonnes d'options. Il doit faire confiance au nouveau favori de la foule du Centre Bell (OK, le deuxième favori, derrière Jaroslav Halak).

N'empêche. On connaît au moins un entraîneur ayant récemment dirigé le Canadien - devinez qui? - qui aurait assurément collé Subban au banc pour la soirée après qu'il se soit compromis à la ligne bleue adverse sur le jeu ayant mené au but de Maxime Talbot. Ou après qu'Evgeni Malkin lui eut chipé la rondelle à quelques pieds du filet de Halak. Ou... Choisissez votre jeu, il y en a eu plusieurs en première et en deuxième.

En faisant preuve de patience, Martin a sûrement fait des merveilles pour la confiance du diamant brut de la défense montréalaise. «J'ai gardé mon calme. Tu peux soit te taper la tête dans le mur et laisser tomber l'équipe ou te raplomber, parce que l'équipe a besoin de toi», a dit Subban après coup.

Encore faut-il que l'entraîneur t'en donne la chance. Martin l'a fait et il en tirera sûrement les bénéfices d'ici la fin de cette série... ou dans la suivante, si le scénario d'une victoire du Canadien contre les Penguins, certes moins improbable ce matin qu'il l'était il y a une semaine, finissait par se réaliser.

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Il y a souvent du chialage inutile envers les arbitres, mais il faut avouer qu'Eric Furlatt et Paul Devorski ont été franchement horribles, hier soir.

Juste en première période, ils ont fermé les yeux sur trois infractions qui crevaient les miens - et ceux des 21 273 spectateurs, à en juger par les huées qui ont suivi. Ruslan Fedotenko a fait tomber P.K. Subban à la ligne bleue des Penguins sur le jeu qui a conduit à l'échappée et au but de Maxime Talbot. Sidney Crosby a fait sauter les patins de Roman Hamrlik quelques secondes avant le but de Chris Kunitz. Et Mark Eaton a sorti la corde à linge pour freiner Andrei Kostitsyn sur une entrée de zone. Aucune punition.

Ce n'est pas un complot. Ni de la mauvaise volonté. Ce sont juste de mauvaises décisions qui s'additionnent et qui, collectivement, finissent par devenir de l'incompétence. Car même si on juge qu'individuellement, chacune de ces décisions «était limite, Pierre», la balance ne peut pas systématiquement pencher du même bord. On a d'ailleurs senti que la punition pour obstruction envers le gardien dont a écopé Evgeni Malkin en deuxième était une tentative tardive de rétablir l'équilibre.

Certaines choses ne changeront vraisemblablement jamais.

Photo: André Pichette, La Presse

En dépit de sa supériorité évidente, la bande à Sidney Crosby ne menait que par un but après la deuxième période.