Le Centre Bell est l'un des amphithéâtres les plus intimidants de la LNH pour les équipes visiteuses. Selon un sondage effectué par Sports Illustrated auprès des joueurs de la ligue, seul le HP Pavilion de San Jose est plus hostile.

C'est un atout qui a une fois de plus profité au Canadien lors la première période du match d'hier soir, qu'il a complètement dominée. Pas facile pour le club adverse de plonger dans la poudrière de la rue de la Gauchetière.

Mais une fois le choc initial passé, les bonnes équipes sont capables de retrouver leur assurance. Et les Penguins de Pittsburgh, même sans Jordan Staal, même sans Bill Guerin, forment une sacrée bonne équipe. Surtout quand leur gardien de but décide de jouer comme il l'a fait au cours de leur conquête de la Coupe Stanley, l'an dernier.

À force de parler de Jaroslav Halak, on avait presque oublié qu'il y avait un autre gardien pas piqué des vers dans cette série. Marc-André Fleury s'est rappelé à notre bon souvenir en volant littéralement Michael Cammalleri et Tomas Plekanec en troisième période, pour ainsi préserver la maigre avance de 1-0 des Penguins.

«C'est une qualité importante pour un gardien, que l'avance soit de 1-0 ou 5-4, que d'être conscient de la situation, a dit Sidney Crosby après la rencontre. Dans les circonstances du match de ce soir, sur la route, c'était important pour lui de bien jouer. Et Flower l'a fait, comme d'innombrables fois dans le passé.»

Le brio de Fleury a sûrement aidé Jaroslav Halak à mieux comprendre comment s'est senti Carey Price une bonne partie de l'hiver. Il a tout fait sauf remporter la victoire. En deuxième période, au cours de laquelle il a été dominé 13-3 dans la colonne des tirs au but, le Canadien s'en est de nouveau remis à son gardien. Et contrairement à ce qui s'est parfois produit dans les matchs où le Slovaque a brillé depuis le début des séries, la majorité des tirs étaient bel et bien dangereux.

Échappée de Matt Cooke, tirs du haut de l'enclave de Mark Letestu et Pascal Dupuis, lancer sur réception d'Alex Goligoski qui s'était faufilé derrière les défenseurs - Halak a dû se surpasser pour empêcher les Penguins d'inscrire le premier but du match. Il a aussi sorti la jambière droite pour frustrer Sidney Crosby, qui avait eu l'éternité moins un jour pour préparer son tir d'une quinzaine de pieds.

Cette occasion mise à part, le capitaine des Penguins a été plus ou moins invisible en première moitié de match, tout comme Evgeni Malkin, d'ailleurs, qui semblait baigner dans le formol jusqu'en troisième période, au cours de laquelle on l'a vu contrôler la rondelle à sa guise dans le territoire du Canadien.

Que le CH ait pu garder Crosby à l'écart de la feuille de pointage pour un deuxième match consécutif et qu'il l'ait limité à un seul tir en dit long sur le travail effectué par l'équipe de Jacques Martin.

(Crosby étant Crosby, il a toutefois trouvé le moyen de les faire payer en voilant la vue de Halak sur le but gagnant de Malkin.)

Il aurait suffi d'un peu de chance pour que le travail remarquable effectué par les Cammalleri, Plekanec, Scott Gomez et Brian Gionta finisse par se traduire en but. Mais comme l'a souligné Crosby, c'était «un match plus typique des séries, avec peu de buts et où il faut tirer profit des chances de marquer». Le Canadien a eu ses chances, il n'a pas su en profiter, et le voici en arrière 2-1 dans la série.

Mais il n'y a pas lieu de céder au découragement. Si les deux derniers matchs ont montré quelque chose, c'est que le Canadien est capable de livrer bataille aux champions en titre, sans Andrei Markov et Jaroslav Spacek, ne l'oublions pas. Il est capable de créer des chances de marquer, capable de se défendre quand ça brasse, capable de contenir les vedettes offensives des Penguins à armes égales.

Me semble que ça donne des raisons d'espérer. À condition de gagner le prochain match.