Si j'étais l'entraîneur des Penguins, Dan Bylsma, je serais presque tenté de dire à mes joueurs d'arrêter de lancer aussi souvent sur Jaroslav Halak.

C'est à n'y rien comprendre. Dans les quatre défaites qu'il a subies depuis le début des séries, le Canadien a accordé 23 buts sur 132 tirs. Mais dans ses cinq victoires, l'équipe a encaissé seulement six buts sur... 220 lancers!

C'est le monde à l'envers. Mais tant que ça fonctionnera, j'imagine que personne chez le Canadien n'osera se plaindre.

Le repos additionnel dont Halak a profité en étant retiré du premier match de la série a porté ses fruits. Le gardien slovaque a semblé un peu lent dans la première période de la victoire de 3-1 du Canadien, hier, mais il a vite dissipé cette première impression. Il a été fantastique dans les 40 dernières minutes de jeu, au cours desquelles les Penguins ont décoché 30 de leurs 39 tirs.

Halak excelle à couvrir la partie inférieure du filet. Cela le rend extrêmement difficile à battre lors des mêlées devant son but, dont les Penguins ont été incapables de profiter, malgré plusieurs occasions.

En théorie, une équipe ne peut se permettre de donner autant de tirs à un club aussi puissant en attaque que les Penguins sans finir par en payer le prix. Mais on disait la même chose dans la série contre les Capitals. Voyez comment ça s'est terminé. Si les ajustements apportés au jeu en infériorité numérique continuent de fonctionner, allez savoir ce qui peut se passer.

Le risque de fatigue

Un des défis les plus importants que devra relever Jacques Martin au cours des prochains matchs sera de bien doser la quantité de travail exigée de chacun de ses joueurs. On a vu comment la fatigue a nui au jeu de Halak dans le premier match de la série. D'autres joueurs pourraient être affectés, notamment chez les défenseurs.

L'absence d'Andrei Markov et de Jaroslav Spacek laisse un trou béant à la ligne bleue. Marc-André Bergeron, dont la fiche de -10 est de loin la pire de la LNH en séries (son plus proche «poursuivant» est à -7), est un danger public dans sa zone, tandis que Ryan O'Byrne redécouvre les périls de jouer sans l'aide d'un partenaire solide comme Markov.

Des gars comme Roman Hamrlik, Hal Gill et Josh Gorges sont donc forcés de mettre les bouchées doubles. Cela pourrait finir par jouer un tour au Canadien, d'autant plus que les attaquants des Penguins ne manquent pas une occasion de les frapper durement.

Heureusement que P.K. Subban, qui a joué plus de 23 minutes hier, dont 3:03 en infériorité numérique, continue son oeuvre de réhabilitation de Trevor Timmins. La prochaine fois qu'on lui remettra sur le nez des premiers choix comme David Fischer ou Ryan McDonagh, le recruteur en chef du Canadien aura beau jeu de citer Subban, un choix de deuxième ronde (43e au total), au soutien de sa défense.

Subban a fait des progrès remarquables sous la tutelle de Guy Boucher, à Hamilton. Le cheval fou qu'il était dans le junior n'a pas été complètement dompté, mais il est devenu infiniment plus responsable défensivement. Il a aussi juste ce qu'il faut d'arrogance pour ne pas craindre de s'en prendre aux meilleurs joueurs adverses, qu'il s'agisse de Sidney Crosby ou d'Evgeni Malkin. Une révélation.

Crosby mortel

Fantastique depuis le début des séries, Crosby est redevenu mortel, le temps d'un match. Le capitaine des Penguins a eu l'air de babouner tout l'après-midi, jetant des coups d'oeil mauvais aux arbitres quand il se faisait bousculer. On l'a même vu fracasser son bâton par dépit sur le filet de Halak, avant d'en balancer le moignon dans le coin de la patinoire, en deuxième période.

Crosby a fini sa journée de travail avec un seul tir au but et une fiche de -2, la pire chez les siens. Et comme si ce n'était pas suffisant, sa passe à Malkin, interceptée par Tomas Plekanec en zone neutre, a conduit tout droit au but d'assurance de Michael Cammalleri, en fin de troisième période.

Il ne faut pas s'attendre à ce que le Canadien parvienne à le contenir de la sorte toute la série - d'où l'importance vitale de cette victoire à Pittsburgh, qui confère au CH l'avantage (bien relatif) de la glace.

Cammalleri essentiel

Un mot pour finir sur Michael Cammalleri, que je songe à sélectionner dans mon prochain pool de baseball (ou de soccer). Incapable de marquer un seul but dans les neuf matchs qu'il a disputés en fin de saison régulière après s'être remis de sa blessure au genou, le franc-tireur du Canadien a retrouvé sa forme juste à temps. Non seulement ses huit buts l'ont-ils propulsé parmi les meilleurs buteurs de la ligue, mais ses 13 points signifient qu'il a participé à un but du CH sur deux contre les Capitals et les Penguins.

On parle beaucoup de Jaroslav Halak. Mais le Canadien ne serait pas rendu où il est présentement sans Cammalleri.

Photo: AP

Hal Gill et Jaroslav Halak ont réussi à neutraliser l'attaque à cinq des Penguins, blanchis en trois occasions hier.