L'interminable danse des sept voiles à laquelle se livrent l'Impact et la Major League Soccer au sujet du passage de l'équipe montréalaise en MLS a franchi un nouveau seuil, hier, quand le président de la ligue, Mark Abbott, a traité l'arrivée de l'Impact en 2012 comme un fait accompli.

En conférence de presse à Vancouver, Abbott a raconté sa discussion avec un douanier canadien à l'aéroport de Toronto. «Il m'a demandé ce que je faisais et où je m'en allais. Je lui ai dit que je travaillais pour la Major League Soccer et que j'allais à Vancouver célébrer le fait qu'il ne reste plus qu'un an avant l'entrée des Whitecaps en MLS, en 2011. Il m'a dit: «Vous voulez dire Montréal.» J'ai dit non, les Whitecaps se joignent à nous en 2011, Montréal en 2012. Ses yeux se sont illuminés, comme s'il était un fin journaliste, et il m'a demandé de confirmer ça. J'ai dit, je ne peux confirmer ça, ce sera pour un autre jour!»

La déclaration d'Abbott est la troisième indication en trois semaines de l'imminence de l'annonce du transfert de l'Impact vers le circuit qui emploie notamment Landon Donovan et, s'il revient un jour de sa récente blessure au tendon d'Achille, David Beckham.

Il y a 13 jours, le président de l'Impact, Joey Saputo, avait dit avoir bon espoir qu'une annonce puisse survenir avant le début, le 11 avril, de la saison de l'équipe, qui évoluera cette année en deuxième division de la Fédération de soccer des États-Unis. Des propos avalisés la semaine dernière par le commissaire de la MLS, Don Garber, qui a dit espérer confirmer «sous peu» l'entrée de Montréal dans sa ligue.

De fait, pendant qu'Abbott s'adressait aux médias de Vancouver, Saputo se trouvait à New York pour rencontrer d'autres dirigeants de la MLS. Les discussions avec l'Impact, interrompues au début de l'année en raison du sprint de négociations en cours entre la MLS et ses joueurs, ont repris dès que ces derniers ont approuvé une nouvelle convention collective de cinq ans, la semaine dernière.

«Mark Abbott a fait preuve d'optimisme. C'est bon signe, c'est encourageant, mais il n'y a rien de confirmé et rien de réglé. On a encore besoin d'un peu de temps», a dit le vice-président de l'Impact, Richard Legendre, joint au téléphone en fin de journée.

Reste qu'il y a rarement fumée sans feu. Et de la fumée, il y en a. Beaucoup. La multiplication des signaux ces derniers temps ne laisse aucun doute sur la volonté des deux parties d'en arriver à une entente qui permettrait à l'Impact de devenir la 19e équipe de la MLS.

Évidemment, l'Impact a aussi besoin de l'appui du gouvernement du Québec. La famille Saputo a construit le stade qui porte son nom avec son argent. Elle demande maintenant 25 millions de fonds publics pour financer l'agrandissement qui porterait la capacité du stade de 13 000 à 20 000 sièges, le minimum requis par la MLS.

Richard Legendre ne s'attend pas à ce qu'il soit question du projet dans le discours du budget que livrera aujourd'hui le ministre des Finances, Raymond Bachand. «La dépense peut faire partie d'un programme habituel, a-t-il dit. Si ce n'est pas dans le budget, ça ne veut pas dire qu'une mauvaise nouvelle nous attend.»

En fait, le dénouement semble déjà écrit. L'assurance démontrée par Joey Saputo ces derniers temps ne laisse guère planer de doute quant à la solidité des appuis qu'il a au sein du gouvernement Charest, même en cette période d'austérité financière.

L'Impact veut passer en MLS. La MLS veut accueillir l'Impact. Et Québec, à moins d'un revirement improbable, semble prêt à faire sa part. La question n'est plus de savoir si l'Impact va faire le grand saut, mais plutôt quand il le fera. Le plus tôt serait sans doute le mieux. Après les déclarations d'hier de Mark Abbott, tout a été dit. Il est temps que tombe le dernier voile.