Le bon sens a fini par prévaloir dans la guerre qui déchirait le petit monde du soccer nord-américain et qui menaçait de priver de foot les partisans de l'Impact de Montréal en 2010.

Huit jours après que la Fédération de soccer des États-Unis (USSF) eut rejeté les demandes des USL et de la NASL, qui voulaient toutes deux obtenir la sanction de circuit de deuxième division, les ligues rivales ont accepté de tenir un championnat conjoint pour la saison à venir.

La nouvelle ligue, officieusement appelée «division II de l'USSF», comptera 12 équipes, deux de plus que la USL-1, dont l'Impact a été sacré champion en octobre dernier. Le calendrier sera dévoilé sous peu et comptera entre 28 et 34 matchs, a indiqué hier le président de la USSF, Sunil Gulati, lors d'une conférence téléphonique.

«Ça commence bien l'année, a commenté le président de l'Impact, Joey Saputo. Les clubs ont réussi à reprendre le contrôle de leur destin. C'est encourageant pour l'avenir du soccer à Montréal, au Canada et aux États-Unis.»

Les USL, qui comptent plusieurs divisions de ligues professionnelles et amateurs, ont été vendues à la fin de l'été dernier par Nike à NuRock, une société d'Atlanta. La vente avait mis en colère les dirigeants de plusieurs équipes de la USL-1, dont l'Impact, qui tentaient eux-mêmes de racheter le circuit.

En novembre, ces équipes ont annoncé qu'elles créaient leur propre ligue, la North American Soccer League (NASL), empruntant le nom du défunt circuit dont faisait partie le Manic de Montréal, au début des années 80.

La NASL s'est toutefois heurtée au refus de la USSF, la semaine dernière, de lui donner son imprimatur. La USSF a invoqué l'incapacité de la NASL de garantir qu'un minimum de huit équipes viables seraient en mesure de jouer cette année. La fédération a refusé pour les mêmes raisons la demande de l'USL, qui ne comptait plus à ce stade que trois équipes actives en 2009 - Porto-Rico, Austin et Portland.

La sanction de la fédération américaine et celle de l'Association canadienne de soccer, pour les clubs établis au nord de la frontière, est essentielle si les équipes veulent participer aux compétitions internationales comme la Ligue des champions de la CONCACAF, dont l'Impact a atteint les quarts de finale, au printemps 2009.

Dans ce contexte, les deux parties étaient condamnées à s'entendre, ce qui s'est produit au terme d'un ultime sprint de négociations entrepris la veille du jour de l'An.

La nouvelle structure sera chapeautée par un conseil des gouverneurs qui comptera un représentant de chacune des équipes. La majorité de ces clubs sont associés à la NASL. Finie, donc, l'époque où toutes les décisions - le calendrier, l'élargissement des cadres, etc. - étaient prises sans consultation auprès des clubs. «Avant, on était une franchise dans une ligue contrôlée par une seule personne, mais maintenant, notre ligue sera dirigée par les propriétaires, comme dans toutes les grandes ligues en Amérique du Nord», a souligné Saputo.

La fédération américaine sera engagée de façon étroite dans le fonctionnement de la ligue, mais cet engagement se terminera au terme de la saison. «C'est une solution à court terme pour 2010», a dit M. Gulati. De nouveaux pourparlers sont donc à prévoir cette année entre les clubs et NuRock - dont l'intérêt financier dans la nouvelle ligue demeure pour le moins nébuleux.

Il y aura deux divisions de six équipes. Dans la division NASL, Montréal côtoiera Vancouver (qui feront le saut en MLS en 2011), la Caroline, Baltimore, Miami et St. Louis. Côté USL, Portland, qui migrera aussi en MLS dans un an, sera accompagné du Minnesota, de Rochester, d'Austin et de Tampa Bay. Baltimore et Tampa en seront à leur première saison.

Les équipes des deux divisions s'affronteront. La saison commencera vraisemblablement en avril et se terminera en octobre. Il n'y aura pas de pause pendant la Coupe du monde, qui aura lieu en Afrique du Sud entre le 11 juin et le 11 juillet, mais l'horaire sera allégé au cours de cette période. Le calendrier s'inspirera de celui des championnats européens, avec un match par week-end, en plus de quelques matchs le mercredi, a précisé Joey Saputo. L'Impact mettra ses abonnements saisonniers en vente dès 9h, lundi prochain.

Du point de vue montréalais, la principale vertu de l'entente annoncée hier est évidemment de donner à l'Impact une tribune en 2010, en attendant un passage espéré en MLS «en 2012 ou avant», pour reprendre les termes de Joey Saputo. Il y a un mois, au terme d'une visite à Montréal, le commissaire de la MLS, Don Garber, avait qualifié la ville de «marché extraordinaire pour la MLS».

Pour que cela se concrétise, ne manque en fait qu'un agrandissement du stade Saputo pour le doter de 20 000 sièges au lieu des 13 000 actuels. En décembre, après que M. Garber eut rencontré le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, Joey Saputo espérait avoir des nouvelles au premier trimestre de 2010.

Avec un peu de chance, la bonne nouvelle d'hier n'était qu'un hors-d'oeuvre avant le plat de résistance: le transfert de l'Impact en MLS. À moins bien sûr que Montréal ne veuille rester éternellement une ville de deuxième division.