«Il n'y a pas de deuxième acte dans la vie d'un Américain», a écrit un jour le romancier F. Scott Fitzgerald. Tiger Woods a maintenant l'occasion de prouver que l'auteur de Gatsby le magnifique avait tort.

S'extirper du bourbier dans lequel Woods s'est enfoncé depuis deux semaines promet d'être aussi ardu que de se sortir de l'herbe longue un jour de pluie à Carnoustie. Mais ce n'est pas une tâche impossible.

 

En admettant expressément son infidélité et en annonçant son retrait du golf pour une durée indéfinie, hier soir, Woods a franchi un premier pas vers une éventuelle rédemption aux yeux du public et de ses commanditaires.

Franchement, la contrition était devenue la seule option possible. Depuis le bizarroïde accident de voiture nocturne dont il a été victime devant sa résidence floridienne, il y a deux semaines, pratiquement pas un jour n'a passé sans que de nouvelles allégations ne viennent ternir sa réputation jusque là sans tache.

Serveuses, hôtesses, propriétaire d'agence d'escortes - la liste des femmes qui prétendent avoir eu des aventures avec Woods n'a cessé de s'allonger. Encore hier, une jeune femme de 26 ans, Jamie Jungers, a soutenu sur les ondes de NBC avoir entrepris en 2005 une liaison de 18 mois avec le golfeur, au moment où celui-ci venait à peine d'épouser Elin Nordegren.

Pas étonnant que des commanditaires comme Gatorade aient mis fin à leur relation avec Woods, tandis que les publicités utilisant son visage disparaissaient subitement des écrans.

«Tous ces rebondissements ont nui à Tiger Woods, note le spécialiste du marketing sportif Jean Gosselin. Le problème d'infidélité n'est pas minime, mais c'est quelque chose qui peut arriver à n'importe qui. Mais en plus, il y a un mensonge qui s'est installé et un effet de répétition qui pousse les gens à se demander: est-ce un pervers? S'il avait éteint le feu dès le début, on n'en serait pas là.»

Mais si un gars comme Michael Vick a pu reprendre le cours de sa carrière après avoir fait de la prison pour une sinistre histoire de cruauté envers des animaux, Tiger Woods peut certainement survivre à la révélation au grand jour de ses aventures extraconjugales, fussent-elles aussi nombreuses qu'on le prétend.

Car quoi qu'en dise Fitzgerald, le temps panse bien des plaies. Maintenant qu'il a demandé pardon et affirmé sa volonté de devenir un «meilleur mari, un meilleur père et une meilleure personne», vous pouvez parier que Tiger Woods parviendra à revenir dans les bonnes grâces du public américain. On peut déjà imaginer son passage (obligé) au confessionnal d'Oprah, sur le thème «un être de chair se cachait derrière le robot, après tout»

D'ici là, il tombait sous le sens que Woods range ses bâtons pendant un certain temps - et pas seulement pour absorber le stress énorme qu'il doit forcément ressentir. Imaginez le cirque s'il tentait de disputer un tournoi dans les prochaines semaines. Il faut qu'il laisse la poussière retomber, qu'il laisse le temps aux tabloïds de se lasser et de repartir à la chasse à Brad et Angelina.

Après, dans trois mois, dans six mois, il pourra revenir, en apparence plus humble. Avec une seule obligation, qu'il n'a jamais eu de mal à respecter depuis le début de sa carrière: bien jouer. «Quand il va revenir, il est mieux d'être bon, dit Jean Gosselin. Parce qu'en marketing sportif, la performance fait foi de tout.»

Tiger Woods aura son mulligan. Mais il n'aura plus droit à l'erreur.