Je ne sais pas où était Gilles Courteau quand il a regardé les Penguins de Pittsburgh battre les Red Wings de Detroit, vendredi soir, mais je suis certain d'une chose : il devait avoir peine à réprimer son sourire.

Le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec s'est souvent fait mettre sous le nez la place déclinante des joueurs québécois dans la LNH, mais il peut tirer réconfort du fait que deux joueurs issus de son circuit, Maxime Talbot et Marc-André Fleury, sont les grands responsables de la troisième conquête de la Coupe Stanley de l'histoire des Penguins.

Ceux qui suivent Maxime Talbot depuis longtemps n'ont pas été surpris par sa performance de vendredi soir, ni par le fait qu'un franc-tireur d'ordinaire modeste - 12 buts en saison régulière - ait trouvé le moyen de marquer huit buts pendant les séries cette année.

À l'époque où il jouait pour les Olympiques de Gatineau, il avait été choisi le meilleur joueur des séries deux années de suite. Talbot est l'un des joueurs les plus drôles de la LNH, mais il n'y a pas grand-monde qui prenne les choses avec plus de sérieux quand arrive la grande danse du printemps. Même Don Cherry chante ses louanges. C'est vous dire.

Quant à Fleury, on n'a pas fini de revoir le plongeon désespéré sur sa droite qui lui a permis de bloquer le tir de Nicklas Lidstrom dans les dernières secondes du match. Même s'il a laissé passer en fin de partie un tir de Jonathan Ericsson qu'il aurait dû arrêter, il en a fait plus qu'assez vendredi soir pour dissiper les doutes qui persistaient à son sujet. Retiré du match précédent à Detroit après avoir accordé cinq buts, il a été étincelant. Aussi athlétique que d'habitude, il ne s'est pas laissé déranger par le trafic incessant devant son filet. Nul doute qu'il aura droit à une audition sérieuse en vue des Jeux olympiques de Vancouver.

Les performances des deux Québécois - deux des cinq joueurs issus de la province qui jouent pour Pittsburgh - ont permis aux Penguins d'accomplir un exploit titanesque. Ils avaient tout contre eux. Les Red Wings avaient l'avantage de la glace au Joe Louis Arena, un avantage qui les avait royalement servis depuis le début des séries 2009, au cours desquelles ils n'avaient perdu qu'un seul match chez eux jusque là. Ils affrontaient un gardien, Chris Osgood, qui semblait incapable de perdre devant ses partisans.

Et malgré tout, ils ont gagné, devenant la troisième équipe visiteuse de l'histoire à remporter le septième match d'une finale de la Coupe Stanley. Qu'ils aient accompli l'exploit de vaincre les Red Wings dans leur château fort est d'autant plus méritoire, d'autant plus inattendu, que leur capitaine et grand leader, Sidney Crosby, n'a pratiquement pas joué au cours des deux périodes après s'être blessé au genou. L'entraîneur Dan Bylsma peut être vraiment fier du travail de ses joueurs, qui n'ont pas paniqué et se sont serré les coudes. Une vraie belle équipe.

Le plus beau de tout ça, c'est que la rivalité entre les Red Wings et les Penguins ne fait peut-être que commencer. Les Wings sont un peu plus vieux que les Penguins, dont les vedettes - Crosby, Malkin, Staal - ont pratiquement la couche aux fesses. Mais les meilleurs joueurs des deux équipes sont sous contrat pour encore plusieurs années. Jusqu'en 2020 et 2021, en fait, dans le cas de Johan Franzen et Henrik Zetterberg. Dans une ligue à 30 équipes, les probabilités de revoir les mêmes équipes chaque année en finale sont plus faibles que dans le temps des six clubs. Mais si deux formations sont capables d'être dans le coup pendant encore plusieurs années, ce sont assurément les Red Wings et les Penguins.

Qui s'en plaindra?