Quand on tracera le bilan de la saison 2008-2009 du Canadien - et ça risque d'arriver plus tôt que plus tard -, il faudra se demander si les jeunes joueurs du Canadien ont été suffisamment encadrés.

Je pensais à ça en lisant hier, sous la plume de Réjean Tremblay, comment André Savard, à l'époque où il était DG du Canadien, s'était assuré qu'Andrei Markov ait des contacts réguliers avec une compatriote russe qui travaillait pour son agent, Don Meehan. Une manière pour Savard de s'assurer que Markov garde confiance et reste dans le droit chemin.

Les Penguins de Pittsburgh ont poussé la logique un cran plus loin avec les jeunes vedettes de leur équipe, au cours des dernières années. Sidney Crosby a emménagé dans la maison du propriétaire Mario Lemieux. Evgeni Malkin a trouvé un foyer chez son coéquipier Sergei Gonchar. Et Jordan Staal a partagé la vie de la famille de Mark Recchi.

Un jeune hockeyeur professionnel devient soudainement riche et célèbre. Il est facile de perdre le nord, de prendre des mauvais plis, voire de nouer des relations douteuses. On peut aussi se sentir bien seul quand on traverse une léthargie sur la patinoire. Pouvoir compter sur l'appui d'un vétéran est un atout inestimable.

Les déboires de Carey Price, la régression de Chris Higgins, la vie hors glace tumultueuse des frères Kostitsyn: tout cela aurait-il pu être évité avec un meilleur encadrement à l'extérieur de la patinoire? On ne le saura évidemment jamais. Mais ça n'aurait certainement pas nui. Surtout dans une ville où les tentations ne manquent pas...

Haro sur les hymnes nationaux

Il est temps d'abolir les hymnes nationaux lors des matchs de sport professionnel.

Pour une bruyante minorité de spectateurs présents au Centre Bell, la partie de lundi entre le Canadien et les Bruins de Boston a été l'occasion de huer l'hymne américain. Montréal est en train de se faire une spécialité de ce genre de comportement imbécile, qui semble se répéter chaque fois que le Canadien participe aux séries.

Les huées ne sont évidemment pas passées inaperçues auprès de la visite. «Après que les partisans de Montréal eurent fait leur démonstration habituelle de manque de classe en huant le Star Spangled Banner, Tim Thomas, né au Michigan, a feint la surprise, rapportait le Boston Herald, hier. «Je pensais qu'avec l'élection d'Obama, ils étaient censés arrêter ça.»

On peut difficilement qualifier ça de bonne nouvelle, mais Montréal n'a pas le monopole de la bêtise. Dimanche, des partisans des Blues ont hué l'Ô Canada lors du passage des Canucks à St. Louis. Mais bon, ce n'est pas une excuse.

«J'ai l'impression qu'il règne une certaine confusion dans l'esprit de nos partisans, a commenté Bob Gainey. Ils ont l'impression que de huer l'hymne national est une manière d'appuyer notre équipe, que l'hymne national représente l'équipe de Boston. S'ils faisaient la distinction entre ces deux choses, ils pourraient respecter l'hymne américain tout en participant bruyamment pour essayer de déranger les Bruins.» Autrement dit, Boston sucks, ça ferait très bien le travail.

La pratique de chanter les hymnes nationaux à tous les matchs a été adoptée à Montréal et Toronto lors de la saison 1939-1940, alors que le Canada, contrairement aux États-Unis, était déjà en guerre avec l'Allemagne. Elle s'est ensuite propagée au Madison Square Garden de New York et, de là, s'est étendue du hockey au baseball pour rapidement devenir un passage obligé avant chaque match de sport professionnel en Amérique du Nord.

La Seconde Guerre mondiale est terminée depuis longtemps. Le patriotisme de pacotille - pensez-vous vraiment que tous les spectateurs qui ont chanté l'Ô Canada à pleins poumons l'autre soir étaient des fédéralistes convaincus? - n'a plus sa place. Surtout dans une ligue devenue aussi multi-ethnique que la LNH. Les trois joueurs américains du Canadien, Chris Higgins, Mike Komisarek et Mathieu Schneider, n'ont pas rencontré les médias, hier, mais il est facile d'imaginer qu'ils n'ont pas été très impressionnés par le comportement des fans. George Gillett non plus, à bien y penser.

Vraiment, le moment est venu d'éliminer les hymnes nationaux, ou du moins, de les réserver pour les compétitions internationales. Quand on s'ennuiera trop, on pourra toujours aller revoir sur YouTube des moments d'anthologie comme la chute sur le popotin de Caroline Marcil à Québec ou le Star Spangled Banner massacré par Carl Lewis...

Le spectateur, ce négligé

Parlant de la foule du Centre Bell, ce serait une bonne idée de mieux l'informer. Même si Bob Gainey a exceptionnellement refusé, lundi, de donner des entrevues d'avant-match aux diffuseurs officiels, les amateurs de hockey qui ont regardé le match à RDS ou à la CBC, ou qui l'ont écouté sur les ondes de CKAC ou de CJAD, ont fini par être informés que Mathieu Schneider et Alex Tanguay étaient blessés et manqueraient à l'appel. Mais les 21 273 spectateurs présents au Centre Bell, eux, nageaient dans la plus complète ignorance. Il me semble que le Canadien pourrait annoncer clairement, avant le match, quels joueurs sont blessés, non? Ce serait une simple marque de respect envers des partisans qui paient le prix fort pour assister au match.