Les installations du Parc olympique célébreront leur 33e anniversaire cette année. Un bel âge pour une résurrection.

Ça tombe bien: dans les coulisses, on discute présentement d'un projet qui permettrait d'accentuer la vocation sportive du quadrilatère olympique. Au Centre national multisports de Montréal (CNMM), on rêve même de la création d'un véritable Institut du sport, qui permettrait de regrouper en un seul lieu l'élite de plusieurs sports olympiques.

Le premier jalon a été posé avec l'inauguration en septembre 2007, à la piscine olympique, du Centre d'excellence des sports aquatiques du Québec. Le CESAQ réunit au même endroit la fine fleur de la province en natation et en plongeon, de même que l'équipe nationale de nage synchronisée et l'équipe canadienne de water-polo féminin.

L'avènement du CESAQ a eu des retombées très positives, dit Michel Larouche, entraîneur-chef national à Plongeon Canada - et pas seulement parce que les plongeurs profitent maintenant de nouveaux tremplins et d'un gymnase spécialisé attenant au bassin. «Travailler au même endroit favorise l'échange entre les professionnels et les entraîneurs des différents sports, explique-t-il. C'est une bonne chose, car on est souvent confrontés à des problèmes que d'autres sports ont déjà résolus.»

Le CNMM songe maintenant à étendre le concept à d'autres disciplines. «Le CESAQ est un bel exemple du genre d'initiatives qui doit se multiplier au cours des prochaines années. On se demande comment on peut répéter avec six, huit ou 10 autres sports afin de leur donner un centre d'entraînement qui réponde aux normes nationales», dit Marc Gélinas, directeur général de l'organisme chargé d'appuyer les athlètes de haut niveau et leurs entraîneurs.

Le CNMM convoite de vastes locaux inoccupés au pied du mât du Stade olympique, entre l'aire de jeu principale et la piscine olympique. Des espaces totalisant 150 000 pieds carrés pourraient accueillir non seulement des salles d'entraînement pour des sports comme le judo, la lutte, l'haltérophilie, l'escrime ou le taekwondo, mais aussi des bureaux d'entraîneurs, des laboratoires et des cliniques. Les psychologues du sport pourraient y côtoyer les physiothérapeutes, les nutritionnistes et les massothérapeutes.

«Je vois une belle occasion de passer à un autre niveau en créant des aménagements où le sport cohabiterait avec la médecine et la science du sport», dit Gélinas. L'Institut national du sport et de l'éducation physique (INSEP) de France, d'où sont sortis des champions tels Marie-José Pérec et Amélie Mauresmo, figure parmi ses sources d'inspiration, au même titre que des établissements similaires au Japon, en Espagne, en Australie et aux États-Unis.

À la Régie des installations olympiques, on confirme qu'il s'agit d'un dossier «intéressant». Mais on est encore très loin des premiers coups de marteau. «On est à l'étape où on rêve et on ramasse des données pour voir ce qu'on pourrait faire, reconnaît Marc Gélinas. L'ouverture est là du côté de la RIO, mais il faut voir ce qu'on veut exactement et évaluer combien ça coûterait.»

Il faut notamment déterminer quels sports pourraient être accueillis et lesquels seraient intéressés. Les disciplines privilégiées par Podium Canada - celles dans lesquelles le Canada nourrit des espoirs légitimes aux Jeux olympiques - risqueraient d'être privilégiées, au même titre que les sports ayant des racines particulièrement solides au Québec.

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Le projet que caresse le CNMM est emballant. Et il répondrait à un besoin criant. Le Québec est un leader au Canada en matière d'aide financière aux athlètes. Mais les infrastructures sportives sont loin d'être toujours à la hauteur. Et le retard pourrait s'accentuer si rien n'est fait. «Il y a d'autres centres nationaux multisports qui ont enclenché la transition vers quelque chose qui se rapproche d'un institut», note Marc Gélinas. C'est le cas à Victoria et à Calgary, dit-il, de même qu'à Toronto, où cela pourrait faire partie des retombées de la candidature de la ville en vue des Jeux panaméricains de 2015.

Viendra un jour où le gouvernement Charest sera appelé à se pencher sur le projet, qui nécessitera forcément un financement public. Souhaitons qu'il prête une oreille attentive à ceux qui le défendent. Les salons de véhicules récréatifs ou de chalets et maisons de campagne, c'est bien beau. Et c'est sûrement lucratif. Mais quand on a construit le Stade et ses dépendances, il y a 33 ans, c'était d'abord et avant tout pour le sport. Ce serait bien qu'on ne l'oublie pas.