Gary Bettman n'a de toute évidence pas envie de se lancer dans une croisade contre les bagarres. C'est décevant, mais on peut comprendre son manque d'empressement: si souhaitable que soit l'élimination de la boxe sur patins, d'autres défis autrement plus urgents attendent la LNH au cours des prochains mois.

La réunion du conseil des gouverneurs, au terme de laquelle Bettman a rencontré les médias pour dresser son bilan de mi-saison, hier, avait lieu au Windsor, rue Peel. Le choix de l'endroit n'avait rien d'un hasard. C'est dans cet ancien hôtel que le Canadien fut fondé il y aura bientôt 100 ans. Et c'est là que la LNH a vu le jour, en 1917.

 

À l'époque, les bagarres faisaient déjà «partie intégrante» du hockey, pour reprendre l'expression techniquement juste mais néanmoins regrettable utilisée hier par le commissaire.

La Grande Dépression, par contre, n'avait pas encore eu lieu et personne n'imaginait que la détérioration de l'économie causerait un jour la disparition ou le déménagement de certaines franchises, comme c'est arrivé dans les années 30.

La répétition d'un tel scénario dans les prochaines années, évoquée vendredi par le directeur de l'Association des joueurs, Paul Kelly, ne cesse de paraître plus crédible, au fil des informations qui émergent à propos des difficultés rencontrées par des clubs comme Tampa, Nashville, Phoenix ou la Floride.

Bettman s'est pourtant fait rassurant. Les «spéculations sont grandement exagérées», a-t-il dit, lorsque interrogé sur les concessions qui traînent la patte financièrement. «Nous connaissons une bonne saison.»

Les signes avant-coureurs des difficultés qui guettent la LNH ne manquent pourtant pas. La croissance réelle des revenus de la Ligue, qui se chiffrait à 8% l'an dernier, sera d'à peine 1% cette année, selon le commissaire.

Les Coyotes de Phoenix, a par ailleurs reconnu Bettman, «ont besoin d'une infusion de capital» et ont eu droit de la part de la Ligue à une avance sur de l'argent «auquel ils auraient eu droit plus tard cette année». «Ils ne sont pas maintenus artificiellement en vie», a-t-il dit. Nous voilà rassurés.

Pendant ce temps-là, à Nashville, les Predators ont laissé savoir qu'ils pourraient acheter des billets pour leurs propres matchs, dans le but d'atteindre le minimum de ventes requis pour être admissible au partage des revenus. «Nashville ne l'a pas fait l'an dernier, ni cette année, mais nous n'allons pas encourager les équipes de jouer avec le système ou le permettre», a dit Bettman.

Malgré tout, le commissaire prêche la retenue aux prophètes de malheur. «Vers la fin des années 90, certains disaient qu'il ne resterait bientôt plus qu'une seule équipe au Canada, les Maple Leafs, a-t-il rappelé. Les arénas étaient à moitié vides à Edmonton, Calgary et Vancouver. Ottawa a fait faillite, tout comme Buffalo et Pittsburgh. Les gens disaient qu'on allait réduire le nombre d'équipes et qu'il y aurait des déménagements. Nous n'avons rien fait de tout cela. Nous avons réglé les problèmes. Nous avons un dossier éloquent quand vient le temps de relancer des franchises qui se sont mises dans le pétrin. (...) Nous ne réduisons pas le nombre d'équipes, aucune équipe n'est en train de fermer ses portes et aucune équipe ne va déménager.»

C'est la grâce qu'on souhaite à la LNH et à ses 700 joueurs, parce que le creux économique qui s'annonce risque de faire pas mal plus mal que les problèmes qui ont affecté la Ligue au tournant du siècle. Comme nous l'a gentiment suggéré Gary Bettman, on surveillera avec intérêt les ventes de billets pour les séries éliminatoires. Le premier indicateur des temps durs qui attendent la LNH, c'est probablement là qu'on va l'avoir.

La fin des pros aux JO?

Avec la décision de l'Association des joueurs de ne pas demander la réouverture de la convention collective, la paix syndicale est maintenant assurée jusqu'en septembre 2011 - voire septembre 2012, si les joueurs exercent l'option leur permettant d'allonger l'entente d'une année.

Il ne faudrait pas prendre cette décision comme un signe que la Ligue et les joueurs s'entendent désormais comme larrons en foire. Bettman fait preuve d'un scepticisme évident à l'endroit de plusieurs projets avancés par Paul Kelly.

Le maintien de la participation des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques après 2010, par exemple, est loin d'être acquis. «Les Jeux brisent le rythme de la saison, a dit Bettman. À l'origine, il n'y avait pas de plus grand partisan de la participation aux Jeux que moi, mais j'ai maintenant des inquiétudes, surtout si les Jeux n'ont pas lieu en Amérique du Nord. J'ai l'esprit ouvert, mais je suis réaliste.» Quant à la possibilité de tenir la Coupe du monde en février, oubliez ça. «Je n'envisage aucunement de suspendre nos activités pour la Coupe du monde», a-t-il indiqué.

On dirait bien que le match des Étoiles est là pour rester.

Et pour finir...

On aurait aimé savoir ce que George Gillett avait à dire sur les rumeurs de vente du Liverpool FC à des intérêts koweïtiens, mais le propriétaire du Canadien s'est éclipsé sans demander son reste après la réunion des gouverneurs. «Pas d'entrevues», a-t-il dit en passant en coup de vent. Il n'a pas été le seul à rester muet: le copropriétaire du Lightning de Tampa Bay, Oren Koules, a renvoyé les questions à son directeur général, Brian Lawton. Qui, vous ne serez pas surpris de l'entendre, nous a répété que Vincent Lecavalier était à Tampa pour y rester. Pensez-vous qu'il est rassuré?