Il y a belle lurette que plus personne ne prend au sérieux le match des Étoiles de la LNH, un événement sans signification qui offre, bon an mal an, un spectacle terne au possible, sauf pour les amateurs de parties qui finissent 14-12.

Ce qui est nouveau depuis quelques années, c'est que de plus en plus de joueurs semblent tirer les conclusions qui s'imposent et boycottent tout simplement l'événement.

Il faut quand même le faire: les Red Wings de Detroit, qui collent au train des Sharks de San Jose dans la course au championnat de l'Association Ouest, n'auront aucun représentant à Montréal ce week-end, à part leur entraîneur, Mike Babcock. Nicklas Lidstrom et Pavel Datsyuk ont déclaré forfait pour cause de blessures, à une cheville et à une hanche, respectivement.

Dans l'Est, le joueur le plus populaire au scrutin populaire, Sidney Crosby, manquera à l'appel pour une deuxième année consécutive, ayant décidé de suivre l'avis des médecins des Penguins, qui souhaitent qu'il épargne son genou au cours des prochains jours.

Parmi les joueurs invités au match des jeunes étoiles, qui opposera, demain, recrues et joueurs de deuxième année, les gardiens Steve Mason et Erik Ersberg vont aussi se reposer, tout comme les attaquants Milan Lucic et Nicklas Backstrom.

Nul doute que certains de ces joueurs ont réellement besoin de passer quelques jours loin de la patinoire. Crosby semblait déterminé à venir. Et loin de moi d'ailleurs l'idée de tomber sur la tomate d'un gars comme Lidstrom, qui a participé aux neuf derniers matchs des Étoiles. Oui, il a joué jusqu'à la 60e minute à son dernier match, mardi. Il a même marqué deux buts. Mais il a déjà donné. S'il a besoin de quelques jours pour panser ses plaies, qu'il les prenne. (Ça n'explique pas pourquoi c'est Stéphane Robidas, des Stars, et non son coéquipier Brian Rafalski, qui le remplace, mais bon, les Wings n'ont sûrement pas osé donner l'ordre à tous leurs joueurs de s'abstenir, n'est-ce pas?)

S'il faut donner le bénéfice du doute à Lidstrom, que penser de Steve Mason, dont les spasmes au dos ne l'ont pas empêché de défendre le filet des Blue Jackets cette semaine? Que penser, surtout, de Nicklas Backstrom, qui avoue se porter comme un charme? «Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion de participer au match des jeunes étoiles l'an dernier. Cette année, je trouvais préférable de donner à quelqu'un d'autre l'occasion et d'utiliser cette pause pour me reposer et me préparer pour la deuxième moitié de la saison. Je peux donner l'assurance aux partisans des Caps que je ne suis pas blessé et que je serai prêt pour notre match de mardi à Boston», a dit dans un communiqué la jeune vedette des Capitals. Ça a le mérite d'être clair: Backstrom n'a pas de temps à perdre à venir se les geler à Montréal pour disputer un match de trois contre trois encore plus insignifiant que le match des Étoiles lui-même.

Peut-on vraiment blâmer Backstrom? On ne se racontera pas d'histoire: les meilleurs matchs des Étoiles sont ceux qui n'ont pas lieu. Comme tous les quatre ans, quand la LNH fait une pause pour le tournoi olympique.

On évoquera la visibilité accrue que procure le match des Étoiles (j'ai bien hâte de voir les cotes d'écoute en Floride ou en Arizona...). On insistera sur les revenus que génèrent les nombreux commanditaires de l'événement. On soulignera le côté spectaculaire du concours d'habileté.

La vérité est que la meilleure tribune du hockey et la meilleure occasion de faire découvrir le sport et ses vedettes à de nouveaux amateurs, ce sont les Jeux olympiques qui l'offrent. La LNH ferait une grave erreur de tirer la plogue sur la participation de ses joueurs après les Jeux de Vancouver, en 2010, comme elle a déjà laissé entendre qu'elle pourrait le faire.

Non seulement devrait-elle continuer d'envoyer ses joueurs aux JO, mais la LNH devrait aussi se pencher sérieusement sur l'idée avancée par l'Association des joueurs de tenir la Coupe du monde en février.

La Coupe du monde et sa devancière, la Coupe Canada, ont toujours eu lieu en août et septembre. La dernière présentation a eu lieu juste avant le lock-out, en 2004.

L'événement a donné lieu à des matchs mémorables: comment oublier les trois affrontements Canada-URSS en 1987, qui avaient tous fini 6-5? Mais ce serait encore mieux si le tournoi avait lieu au milieu de l'hiver, quand les joueurs sont au sommet de leur forme et que l'intérêt pour le hockey est à son comble, plutôt qu'aux derniers jours de l'été, quand les camps d'entraînement n'ont même pas encore commencé.

«Février serait le meilleur moment», a dit au Toronto Star l'ancien gardien Glenn Healy, aujourd'hui un haut gradé de l'Association des joueurs. «La Ligue n'est pas d'accord avec nous pour l'instant. Elle craint que ce soit dévastateur pour son business. Nous pensons que ce serait vivifiant.»

Un sport comme le soccer est capable de concilier à l'intérieur d'une même saison un championnat national, des coupes de ligue, la Ligue des champions et les matchs de qualification pour des tournois comme le Mondial et l'Euro. Me semble que la LNH devrait être en mesure de prendre un break d'une douzaine de jours tous les deux ans pour nous offrir la crème de la crème, à l'occasion des JO ou de la Coupe du monde.

Là, on aurait du vrai hockey !