Un dernier petit coup de Vincent Lecavalier? Allez, après ça, je vous laisse tranquille... oh, sûrement jusqu'à la semaine prochaine.

Le spectre du capitaine du Lightning de Tampa Bay flottait quelque part au-dessus du quartier Saint-Michel, hier, à l'occasion de l'inauguration de la magnifique patinoire extérieure réfrigérée financée par la Fondation des Canadiens pour l'enfance.

Il n'a pas fallu trois minutes pour que le point de presse improvisé du président du Canadien, Pierre Boivin, bifurque vers l'avalanche de nouvelles, la semaine dernière, au sujet de la venue possible de Lecavalier à Montréal.

Boivin s'est bien gardé de reconnaître que des pourparlers avaient bel et bien eu lieu entre le Canadien et le Lightning. Mais disons que s'il avait voulu mettre un terme définitif aux ragots, il aurait facilement pu être plus catégorique dans ses réponses.

«C'est toujours malheureux quand des informations, des rumeurs comme ça, sortent. Parfois c'est fondé, parfois ça ne l'est pas, a-t-il dit. C'est sûr que Vincent Lecavalier, ça fait vibrer tous les Québécois: c'est un gars d'ici et un grand joueur. On ne s'est pas caché pour le dire dans le passé: les organisations rêvent toutes d'avoir un joueur comme ça. Surtout à Montréal, dans un marché francophone, c'est un rêve qu'on aimerait bien réaliser.»

Traduction libre et très personnelle: on a essayé, ça n'a pas fonctionné, mais si Brian Lawton et le reste de la direction du Lightning finissent par se brancher et rouvrent les enchères pour Vincent, soyez assurés qu'on va être au coeur de l'action.

«On ne peut pas faire de prédiction, a nuancé Boivin. C'est immensément complexe de faire une transaction aujourd'hui, avec le plafond salarial et l'équipe qu'on a en place. Mais est-ce que, théoriquement, le Canadien de Montréal essaierait d'être dans la course si un joueur comme Vincent Lecavalier était sur le marché? Poser la question, c'est y répondre.»

En fait, Brian Lawton peut nier tant qu'il veut, je doute que les rumeurs au sujet de Lecavalier se dissipent comme par enchantement au cours des prochaines semaines.

Il est vrai qu'échanger le visage et l'âme du Lightning enverrait un très mauvais signal aux partisans de l'équipe floridienne, qui la délaissent déjà en grand nombre - l'assistance moyenne aux matchs locaux est passée de 20 509 à 16 520 spectateurs entre la saison 2005-2006 et cette année, une baisse de près de 20%.

Mais ce ne serait pas la première fois de l'histoire du sport professionnel qu'une équipe qui a des difficultés financières décide de se départir d'un joueur vedette, quitte à hypothéquer l'avenir de la concession. Les partisans des Expos, qui ont vu Larry Walker, John Wetteland, Ken Hill et Marquis Grissom partir dans la grande liquidation de 1995, en savent quelque chose...

***

Cela dit, que Vincent Lecavalier revienne un jour sur le marché ne voudrait pas dire que le Canadien mettrait forcément la main sur lui. Il y a sûrement un directeur général quelque part dans la ligue qui serait capable d'offrir plus que les joueurs du Canadien dont les noms ont circulé la semaine dernière (Chris Higgins, Tomas Plekanec, Josh Gorges, P.K. Subban et des choix au repêchage).

Certains ont suggéré qu'une offre comprenant Mike Komisarek ou Andrei Markov pourrait inciter le Lightning à mordre à l'hameçon. Le problème, c'est qu'il serait extrêmement surprenant - et franchement malavisé de sa part - que Bob Gainey accepte de se départir d'un de ses deux meilleurs défenseurs.

Il y a - ou du moins il devrait y avoir - trois intouchables chez le Canadien. Carey Price en est un. Markov et Komisarek sont les deux autres. Markov est un joueur complet qui excelle dans la relance de l'attaque et a la deuxième meilleure fiche offensive de la LNH chez les défenseurs. Quant à Komisarek, le champion des mises en échec et des tirs bloqués, son leadership vaut de l'or à lui seul. Le trou béant que le départ de l'un ou l'autre laisserait à la ligne bleue du Canadien ne pourrait être compensé par l'arrivée d'un attaquant, fût-il aussi talentueux que Vincent Lecavalier.

Beau projet

Chapeau au Canadien et à sa fondation - qui a fourni 800 000$ du budget de 1,1 million - pour la patinoire inaugurée hier au parc François-Perreault. Je me revois, à l'âge de 12 ans, présenter en tremblant au conseil municipal de ma ville natale une pétition pour qu'on installe des bandes autour de notre modeste patinoire locale. Je n'ose pas imaginer ce que le petit gars que j'étais aurait été prêt à faire pour qu'on nous construise un bijou comme celui offert hier à la population de Saint-Michel! Et ce n'est pas fini: on en construira quatre autres dans l'île de Montréal au cours des quatre prochaines années. Un très, très beau projet. Puisse-t-il donner des idées à d'autres acteurs de la scène montréalaise...

Le CH au Stade

La planification du match que le Canadien entend disputer au Stade olympique, le 28 novembre, progresse bien, selon Pierre Boivin. Les détails devraient être ficelés d'ici un mois. Le match aurait lieu dans le cadre d'une fin de semaine de festivités qui ouvrirait la voie au match du centenaire, le 4 décembre.

Un match au Stade? Une excellente idée. Il faut juste s'enlever de la tête que ce serait une version montréalaise de la «Classique d'hiver» qui a connu le succès que l'on sait à Buffalo et Chicago, ces deux dernières années. Ce serait autre chose: l'occasion de permettre à une multitude de fans qui vont peu ou pas au Centre Bell de voir leurs favoris en personne. Et il y aurait sûrement une ambiance d'enfer. Si les Alouettes sont (parfois) capables de virer la Grosse Caverne à l'envers, imaginez le Canadien...