Québec, ville olympique? Pourquoi pas?

J'en connais plusieurs qui ont levé les yeux au ciel quand Marcel Aubut a relancé plus tôt cette semaine l'idée d'organiser les Jeux olympiques à Québec, 13 ans après l'échec de la candidature de la ville en vue des Jeux de 2002. Encore un coup de Marcel le mégalo...

Ce que dit l'avocat et ancien copropriétaire des Nordiques n'a pourtant rien de farfelu: il est plus que temps de faire quelque chose pour mettre fin au déficit chronique d'infrastructures sportives dont souffre l'est du Canada, et la ville de Québec en particulier.

 

Prenez le patinage de vitesse longue piste. Pendant que Vancouver, hôte des Jeux olympiques de 2010, met ces jours-ci la touche finale à un magnifique ovale couvert de 178 millions, qui s'ajoute à celui construit à Calgary lors des Jeux de 1988, Québec attend toujours qu'on installe un toit sur l'anneau de glace Gaétan-Boucher, construit il y a plus de 20 ans. Pas étonnant que les patineurs québécois, qui dominaient autrefois l'équipe nationale, n'y jouent plus que des rôles secondaires.

«On n'a pas de toit sur l'anneau de glace, pas de montagne «légale» pour l'épreuve de descente masculine, pas d'aréna de l'an 2000, pas de stade, constate Marcel Aubut. Et nos trois centres d'excellence, en biathlon, ski de fond et ski acrobatique, sont au bord de la faillite.»

Parmi ses nombreuses activités, Me Aubut dirige la Fondation Nordiques, qui aide financièrement les athlètes. À ce jour, plus de quatre millions de dollars ont été distribués. «On s'est rendu compte que l'aide, c'est souvent pour payer des billets pour Vancouver ou Calgary, dit-il. Il faut absolument trouver une formule qui va justifier l'amélioration de nos infrastructures sportives. Parce que ces dernières années, ça a vraiment été l'Ouest, l'Ouest, l'Ouest.»

Faut-il nécessairement des Jeux pour que les gouvernements investissent de façon conséquente dans des équipements de sport de qualité? Non, bien sûr. Mais ça aide. «Ça ne devrait pas être la seule façon, mais historiquement, il faut reconnaître que les Jeux ont servi de catalyseur», a dit hier le président du Comité olympique canadien (COC), Michael Chambers, en marge de la réunion automnale du conseil d'administration de l'organisme, au Château Frontenac.

Marcel Aubut, qui siège au comité exécutif du COC, n'a rien ménagé pour en mettre plein la vue à ses collègues. La soirée en hommage au vétéran membre du Comité international olympique Dick Pound, hier, a eu lieu sous un chapiteau installé sur la terrasse Saint-Denis, en contrebas de la Citadelle. L'endroit offre probablement la plus belle vue qui soit sur Québec: le regard embrasse à la fois le Château, la terrasse Dufferin, le fleuve, le Vieux-Port et l'île d'Orléans, avec, au loin, le mont Sainte-Anne.

L'organisateur de Rendez-Vous 87 n'a pas perdu son sens du spectacle. Tous les invités sont arrivés à bord de calèches, les convives ont dîné sous des lustres de cristal et la soirée devait se terminer par un spectacle mêlant acrobatie aérienne et pyrotechnie.

«Chaque fois que j'ai la chance d'intéresser le COC à Québec, je le fais. Et je m'assure qu'on le fait bien», explique Me Aubut, qui avait frappé un grand coup avec l'événement Célébrons l'excellence, lors du congrès annuel du COC, au printemps 2006. «Un jour, ça ne peut que nous profiter. La moitié de ces gens-là ne sont jamais venus à Québec. Ils ne savent pas ce qu'on est et ce qu'on a à offrir. Notre organisation leur montre notre savoir-faire.»

Me Aubut dit être animé par un désir de redonner à sa ville, qui «a été bonne» pour lui. Couronnées de succès, les Fêtes du 400e ont donné à la Capitale nationale un élan qu'il faut entretenir, estime-t-il, non sans raison. «Ça a créé une bonne tendance qui fait que le peuple a moins peur de s'aventurer.»

Il pense que le premier ministre Charest - «un ancien ministre des Sports», rappelle-t-il - «serait facile à convaincre de mettre Québec en mode olympique». Quant au maire Régis Labeaume, «ceux qui ont des rêves et des projets sont les bienvenus, note-t-il. Il permet d'avoir espoir.»

Il ne faut toutefois pas partir en peur. Les JO à Québec, ce n'est pas pour demain, ni même pour après-demain. Marcel Aubut parle d'une candidature en 2018 qui paverait la voie au véritable objectif, 2022. Il va falloir qu'il se montre drôlement convaincant. «Il n'y aura pas de candidature canadienne pour 2018 et même 2022 serait difficile», dit Michael Chambers. Le CIO choisira dès 2011 la ville-hôte des Jeux de 2018, ce qui laisse bien peu de temps. Les énergies du COC seront ensuite consacrées à la candidature de Toronto pour les Jeux panaméricains de 2015.

Mais ce n'est pas tellement l'année qui compte, ni même que Québec obtienne ou non les Jeux, au fond. Ce qui importe, c'est que cette authentique ville d'hiver, si longtemps endormie, se réveille enfin. Et que des gens comme Marcel Aubut, ou comme le comptable Mario Bédard, qui mène présentement une campagne en apparence crédible pour bâtir un nouveau Colisée, se lèvent pour faire en sorte que Québec puisse un jour devenir la capitale des sports d'hiver qu'elle devrait être depuis longtemps.