Au hockey, l'exemple vient habituellement d'en haut: que ce soit l'abolition de la ligne rouge ou la sévérité accrue envers les joueurs qui assènent des coups de bâton, l'évolution récente du sport découle en grande partie des modifications apportées par la LNH à son livre des règlements. Souhaitons maintenant que la Ligue nationale ait le courage de s'inspirer de ce qui se fait dans les rangs inférieurs pour régler un de ses plus graves problèmes: les coups à la tête.

Les commotions cérébrales récemment subies par Andrei Kostitsyn, du Canadien, et Brandon Sutter, des Hurricanes de la Caroline, ont relancé le débat, et avec raison. Que les deux joueurs aient eu la tête basse ou non est au fond sans importance: le fléau fait tout simplement trop de victimes pour être ignoré plus longtemps.

Les épaulières et les protège-coudes, autrefois à peine rembourrés, sont devenus des armures rigides qui magnifient la force des impacts. Les joueurs d'aujourd'hui sont plus rapides, plus forts, plus grands et plus costauds que ceux de l'époque où on jouait «avec pas d'casque», il y a 20 ou 30 ans. Résultat, tout se passe plus vite, sur une patinoire qui n'a pas changé de dimensions. Le risque de blessure grave a décuplé.

La Ligue de hockey de l'Ontario (OHL) interdit depuis trois ans les coups à la tête et aux dernières nouvelles, le hockey n'est pas mort dans la province de Don Cherry. Le règlement prévoit l'imposition d'une pénalité mineure ou majeure selon la gravité de l'impact, avec expulsion automatique si l'arbitre juge qu'il y a eu tentative de blesser. La règle vaut même pour les coups d'épaule, traditionnellement jugés légaux.

«Plusieurs sceptiques ont prétendu que nous allions sortir les contacts du hockey, a dit au Globe and Mail le commissaire de l'OHL, David Branch, plus tôt cette semaine. Mais vous savez quoi? Il y avait toujours du contact et ça ressemblait toujours à du hockey.»

Le monde change. La NFL, la NBA, le baseball majeur, le rugby et même la crosse punissent sévèrement les coups portés plus haut que les épaules. Il serait plus que temps que la LNH en fasse autant. Un coup partie, elle pourrait même s'inspirer de la Ligue de hockey junior majeur du Québec sur la question des bagarres...

Jeanson et Bessette, la suite

Ma chronique sur Geneviève Jeanson et Lyne Bessette a suscité de vives réactions chez plusieurs lecteurs. La quasi-totalité des courriels que j'ai reçus sont critiques envers Bessette. «Mesquine», «aigrie», «pas de classe»: Bessette, qui n'a pas digéré que Jeanson s'enrichisse sur son dos et celui des autres cyclistes en se dopant pendant toute sa carrière, ne semble décidément pas trouver grâce à vos yeux.

Permettez que je le redise: Bessette a tous les droits d'être furieuse, même après toutes ces années. Elle s'est fait voler par Jeanson. Il n'y a pas d'autre mot pour décrire la réalité.

Certains vont jusqu'à insinuer que Bessette n'est pas blanche comme neige, qu'elle s'est sûrement dopée elle aussi. Je sais qu'on ne peut jurer de rien dans le sport, mais permettez que je rappelle quelques faits. Bessette n'a jamais été interdite de compétition parce que son hématocrite était trop élevé, comme c'est arrivé à Jeanson à Hamilton, en 2003. Elle n'a jamais omis de se présenter à un test antidopage, comme Jeanson l'a fait à la Flèche wallonne en 2004. Elle n'a jamais échoué de test antidopage, contrairement à Jeanson (Tour de Toona, 2005). Ses performances étaient constantes. Elle ne se retirait pas d'épreuves à la dernière minute pour des raisons nébuleuses. Elle n'était pas isolée comme l'était Jeanson. Et si une cycliste québécoise avait les moyens de se payer un programme de dopage élaboré, c'était Jeanson. Pas Bessette.

Une dernière chose. Je croirai vraiment au repentir de Jeanson le jour où j'apprendrai qu'elle a décidé de verser une partie de ses gains frauduleusement acquis à la Fédération québécoise des sports cyclistes ou à une oeuvre charitable. D'ici là...

L'argent mène le monde olympique

Il y a longtemps qu'on sait que l'argent a perverti les Jeux olympiques. Ça n'en rend pas moins choquante la décision récente du comité organisateur des Jeux olympiques de Vancouver (COVAN) de bannir la Fondation Right to Play du village des athlètes en 2010.

La fondation, créée par l'ancien patineur de vitesse Johan-Olav Koss, utilise le sport pour aider les enfants du tiers-monde. Elle compte parmi ses ambassadeurs des médaillés olympiques comme la patineuse de vitesse Clara Hughes et le kayakiste Adam van Koeverden.

Right to Play avait un kiosque d'information dans le village des athlètes lors des trois derniers JO. Mais cette tradition ne se poursuivra pas à Vancouver. Motif: Right to Play compte parmi ses commanditaires le constructeur automobile Mitsubishi, qui lui a fait un don de 480 000$. Ça ne passe pas auprès de General Motors Canada, qui verse 67 millions au COVAN.

Right to Play était prête à ce que son stand soit dépourvu de tout logo corporatif, y compris ceux d'autres commanditaires concurrents de ceux des Jeux, comme Adidas et EFG, une banque européenne. Ça n'a pas satisfait le COVAN et GM.

Bref, pour faire plaisir à un manufacturier de chars, on tasse une organisation sans but lucratif bâtie par des sportifs, une organisation qui incarne parfaitement l'idéal olympique. Ou plutôt, qui l'incarnait, avant qu'il ne soit éclipsé par le dieu dollar.