C'est une histoire de persévérance et de rédemption. À ses neuvièmes Jeux olympiques, un record international, Ian Millar, a finalement obtenu hier la toute première médaille de sa longue carrière, épaulé par une équipe dont le pilier est une recrue de 40 ans, Eric Lamaze.

Le Montréalais d'origine, qui flirte désormais avec les tous premiers rangs de la hiérarchie mondiale du sport équestre, a fait la paix avec ses démons et laissé derrière lui les scandales de dopage de sa jeunesse.L'année de la première participation d'Ian Millar aux Jeux olympiques, Mark Spitz avait gagné sept médailles d'or en natation à Munich, la Chine était encore sous la botte de Mao et Pierre Elliott Trudeau était premier ministre du Canada.

Trente-six ans, neuf Jeux olympiques et huit premiers ministres plus tard, Millar a finalement obtenu hier, à l'âge vénérable de 61 ans, la toute première médaille de sa longue et distinguée carrière.

Avec ses coéquipiers Eric Lamaze, Jill Henselwood et Mac Cone, le cavalier ontarien a remporté l'argent au terme d'un barrage dont les États-Unis sont sortis victorieux dans l'épreuve de saut d'obstacles par équipe des Jeux de Pékin, disputée à Hong Kong. C'est seulement la deuxième médaille olympique du Canada en saut d'obstacles, l'autre remontant à 1968, à Mexico, où James Day, James Elder et Thomas Gayford avaient obtenu l'or.

«Si vous persévérez assez longtemps, de bonnes choses finiront par se produire, a dit celui qu'on surnomme Capitaine Canada, peu avant minuit, heure locale, lors d'un appel-conférence organisé à la hâte par le Comité olympique canadien. C'est la définition même de la persévérance et j'ai toujours été persévérant.»

Si Millar, qui monte In Style à Hong-Kong, a dû se montrer très patient avant de finalement monter sur un podium olympique, Lamaze, 40 ans, est venu à un cheveu de ne jamais aller aux Jeux. Il a raté ceux de 1996, à Atlanta, et de 2000, à Sydney, après avoir été suspendu par deux fois pour usage de cocaïne.

«Il y a eu des moments difficiles, a dit le numéro trois mondial lorsque son «Il y a eu des moments difficiles, a dit le numéro trois mondial lorsque son tour de parler aux journalistes est venu. Quand tu parviens ici, tu te souviens des moments dont tu n'es pas fier, mais ça ne fait que prouver que n'importe qui peut faire un retour. Je suis très fier de ce que j'ai accompli depuis huit ans.»

Record de longévité

Entré dans la légende pour avoir gagné la Coupe du monde deux années de suite sur Big Ben, en 1988 et 1989, Ian Millar a participé à tous les Jeux olympiques depuis 1972, à l'exception de ceux de Moscou, boycottés par le Canada en 1980. Cette longévité exceptionnelle lui a valu d'égaler cette année le record de neuf participations aux Jeux du marin autrichien Hubert Raudaschl. Ses meilleurs résultats jusqu'ici étaient des quatrièmes places en saut d'obstacles par équipe, à Los Angeles, en 1984, et à Séoul, quatre ans plus tard.

Le barrage (prolongation) d'hier a été rendu nécessaire par l'égalité (20 points de pénalité) qui persistait entre le Canada et les États-Unis au terme de la seconde des deux rondes réglementaires. La tâche des Canadiens a été compliquée par le fait qu'ils ont été privés de Cone lors de la seconde ronde, son cheval Ole ayant subi une blessure mineure.

Lors du barrage, l'Ontarienne Henselwood, sur Special Ed, a fait tomber une seule barre et Lamaze, qui monte l'exceptionnel Hickstead, n'a commis aucune erreur. Mais les trois Américains ont réussi un sans faute, privant Millar de la chance d'essayer de conclure le duel à l'avantage du Canada.

Les deux enfants de Millar, Jonathon et Amy, qui cognent aux portes de l'équipe nationale, ont assisté aux épreuves olympiques à Hong-Kong. Le triomphe de leur père est toutefois survenu trop tard pour que la femme de Millar, Lynn, puisse être avec eux. Elle a succombé à une longue maladie au printemps. «Un ange montait le cheval avec moi», a dit Millar au sujet de sa femme, une cavalière qui a été un soutien de tous les instants pour le vétéran de six championnats du monde et huit Jeux panaméricains.

«Au début des années 70, j'avais connu un Grand Prix désastreux et ma femme Lynn m'avait dit de ne pas m'en faire, que j'allais percer plus tard. Je suis allé aux Jeux et ça n'a pas bien été, alors je suis retourné aux suivants et aux autres après. Devinez quoi : je viens de percer», a dit Millar en riant.

Il n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Déjà, il parle des Jeux de Londres, en 2012, où il entend monter Redefin. Qui sait, il pourrait bien survivre à un ou deux autres premiers ministres d'ici là.