Est-ce que ça vous arrive de visionner le premier épisode d’une télésérie prestigieuse, encensée par les critiques français et américains, et de vous demander : mais qu’est-ce que je viens de regarder pendant une heure ?

Est-ce que c’était bon ? Trop ambitieux ? Mêlant inutilement ? Dans combien d’époques différentes se déroule l’action ? Aurais-je dû voir le film Watchmen de Zack Snyder, sorti en 2009, avant d’entamer la suite remixée pour la télé ? Les bandes dessinées d’origine signées Alan Moore et Dave Gibbons m’éclaireraient-elles sur cet univers foisonnant, où les téléavertisseurs et les téléphones fixes reviennent à la mode ?

Énormément de questions, peu de réponses, les amis. Allons-y donc avec des trucs pour permettre aux non-initiés (bonsoir !) de pénétrer dans ce monde chaotique, mais fascinant. Premier conseil : n’essayez pas de tout, tout comprendre en vous installant devant la suite télévisuelle Watchmen de la chaîne HBO Canada, diffusée les dimanches à 21 h, en simultané sur Super Écran avec les sous-titres en français. Si vous préférez la version doublée, Super Écran l’offre les mercredis à 22 h.

Les réponses débouleront au fil des semaines. En attendant, abandonnez-vous à ce matériel glauque, qui ne ressemble à rien d’autre à la télé actuelle.

Deuxième conseil : rangez tablette et téléphone portable en vous assoyant devant Watchmen. Il s’agit d’une œuvre dense, exigeante, qui commande chaque seconde de votre attention. On n’est pas dans Occupation double ici. En plongeant dans Watchmen, oui, il faut être le pingouin qui glisse le plus loin.

Troisième conseil : si vous détestez des émissions comme The Leftovers ou Lost, tenez-vous loin de Watchmen, qui provient du même créateur, Damon Lindelof, spécialiste des séries touffues à la limite du compréhensible.

Quatrième conseil : retenez les lignes qui suivent. Watchmen raconte une histoire de racisme à Tulsa, en Oklahoma. Dans ces États-Unis très différents de ceux d’aujourd’hui, une version 2019 du Ku Klux Klan, la 7Kavalerie, sème la terreur en massacrant des policiers, entre autres.

Pour éviter que ces terroristes blancs ne les reconnaissent dans leur vie en civil, les flics portent tous des masques jaune banane qui leur dévorent la moitié du visage. Ah oui, dans Watchmen, Robert Redford dirige le pays depuis 28 ans. Et le Viêtnam est un État américain.

Voilà la trame narrative de base de cette télésérie qui voit grand, presque trop, à laquelle se greffent plusieurs sous-intrigues. Le premier épisode débute en 1921 lors d’un carnage qui a coûté la vie à plus de 300 Noirs. On nous montre ensuite un écrivain excentrique anglais (Jeremy Irons), qui vit reclus dans son château à une époque non précisée. De retour en 2019, une sirène annonce des averses imminentes de bébés pieuvres (sans blague) et les piles de montres au lithium ont été déclarées illégales.

C’est tout ça, Watchmen. Dernier conseil : essayez la première heure et si elle ne pique absolument pas votre curiosité, abandonnez. Moi, je vais persévérer. J’ai survécu à bien pire !

Le coffre au trésor

Qu’auriez-vous fait à la place des deux amis de Patrick Bissonnette (Vincent-Guillaume Otis) dans District 31 ? Auriez-vous gardé les 5 millions contenus dans le coffre-fort ? Ou auriez-vous sagement averti la police, sans même fourrer quelques liasses du butin dans vos poches ?

PHOTO KARLJESSY, FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Vincent-Guillaume Otis dans District 31

Avouez que ç’aurait été super tentant de partir avec les billets verts. D’autant plus que le propriétaire du magot, le caïd Christian Phaneuf (Emmanuel Auger), a levé les feutres au printemps 2018.

Encore une fois, l’auteur Luc Dionne nous a bien eus. Phaneuf ne trempait pas dans l’intrigue principale du trafic d’organes, mais bien dans cette histoire d’argent entreposé avant sa mort. Mais d’où vient le fric ? La succession du motard a-t-elle des droits sur ce trésor ? Revenu Québec pourrait-elle saisir la somme ?

Comme 1,7 million de téléspectateurs, je ne me tanne pas de District 31. Le rythme se maintient et les intrigues s’entrecroisent encore avec doigté.

L’actrice qui campe la pugnace Nancy Riopelle, Geneviève Schmidt, vole la vedette depuis presque deux mois. Ses échanges avec Me Pierre Sigouin (Richard Robitaille) sont toujours savoureux. Et la passion de Nancy Riopelle pour le café instantané est pratiquement en train de ressusciter la vieille marque Postum au Québec !