C’est extrêmement « confrontant » et inconfortable, comme téléspectateur, de visionner les premiers épisodes du feuilleton Toute la vie, que Radio-Canada catapultera en ondes ce mardi à 20 h, dans l’ancienne case d’Unité 9.

Le personnage principal, Anaïs (Cassandra Latreille), 13 ans et demi, tombe enceinte et refuse d’interrompre sa grossesse. Têtue et motivée, Anaïs s’enfuit même de la maison familiale, sans un dollar en poche, sans téléphone cellulaire.

Voyons donc ! Accoucher à un si jeune âge, loin des siens, c’est irresponsable, c’est gâcher volontairement sa vie, c’est mettre une croix sur des études universitaires, c’est encore une enfant, crisse ! Désolé pour l’emportement.

PHOTO VÉRONIQUE BONCOMPAGNI, FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA

Fanny Mallette, Emmanuel Bilodeau et Cassandra Latreille dans Toute la vie 

Le problème, c’est que le papa redneck d’Anaïs, Rodge (Emmanuel Bilodeau), pense exactement comme ça. « Enlevez-y ça du ventre », rugira même Rodge, un gars de région, dans le cabinet de la gynécologue.

La maman d’Anaïs, Josée (Fanny Mallette), n’a elle-même pas terminé sa cinquième secondaire et souhaite à sa fille un métier plus payant que celui de caissière.

Alors, si nous partageons la même vision que Rodge et Josée, et que nous estimons farfelu le désir profond d’Anaïs d’être mère, est-ce que cela fait de nous des personnes intolérantes et obtuses ?

Voilà le genre de discussion que provoque Toute la vie, la nouvelle œuvre télévisuelle de Danielle Trottier (Unité 9), qui loge au carrefour de L’échappée, de Fugueuse et de 30 vies.

J’ai regardé les trois premiers épisodes de Toute la vie hier matin. C’est très bon, même si la charge dramatique de la série n’atteint pas celle d’Unité 9, à mon avis. La maternité adolescente, c’est moins spectaculaire qu’une première fouille à nu en prison, mettons.

Quoique la première scène du téléroman nous plonge directement au cœur des épreuves douloureuses – vous verrez, c’est intense – que traversent les élèves de l’école-pensionnat Marie-Labrecque, fréquentée uniquement par des adolescentes enceintes ou de jeunes mères qui ont entre 12 et 17 ans.

Toute la vie s’intéresse particulièrement à six d’entre elles, dont Anaïs et Edwidge (Naïla Victoria Louidort-Biassou), adoptée par sa tante après la mort de ses deux parents biologiques. Les comédiennes choisies pour camper ces six ados, pour la plupart inexpérimentées et inconnues, s’en sortent avec brio. Et elles ont sensiblement le même âge que leurs personnages, ce qui nous évite de subir l’effet Watatatow, où des acteurs de 28 ans se faisaient péniblement passer pour des ados, yo !

Hélène Bourgeois Leclerc incarne la directrice de Marie-Labrecque, une femme droite, empathique et 100 % dévouée à son métier. C’est un beau personnage, très loin d’Isabelle Roy de District 31, qui cache assurément une faille, une blessure.

Roy Dupuis, alias le psychoéducateur Christophe L’Allier, se pointe au deuxième épisode, torse nu et échevelé (il porte ensuite un chignon lissé). Il est très mystérieux, ce Christophe. Il disparaît, revient et trimballe un passé chargé. Ce sera intéressant de suivre son évolution pendant les 24 semaines prévues à l’horaire, de septembre à avril.

Toute la vie ne possède pas le côté spectaculaire, voire choquant d’Unité 9. Les drames y couvent de façon plus intime, sans nécessairement secouer le public.

Avec Toute la vie, Radio-Canada ajoute à sa grille un téléroman moderne et urbain, à la facture visuelle superbe, gracieuseté du réalisateur Jean-Philippe Duval (Unité 9). Les ayatollahs de la diversité peuvent ranger leurs calculatrices, car tous les quotas imaginables y sont respectés.

Quant à la trame sonore, elle réunit Billie Eilish, FouKi, Radio Radio, La Bronze, Koriass et s’inscrit parfaitement dans l’air du temps.

Des trois premiers épisodes, c’est le deuxième que j’ai trouvé le plus faible. L’intrigue y ralentit, mais reprend du tonus au troisième. Le premier campe rapidement les protagonistes et déploie assez de munitions scénaristiques pour vous accrocher solidement. Notez que TVA a déplacé L’heure bleue contre Toute la vie, le mardi à 20 h. Ajustez vos enregistreurs !

Le tout premier téléroman publicitaire

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le « télaitroman » des Producteurs de lait du Québec se déclinera en 16 mini-épisodes.

En zappant paresseusement, vous avez sans doute vu passer la bande-annonce d’un mystérieux « télaitroman » cette semaine. De quoi s’agit-il, au juste ? C’est la nouvelle campagne publicitaire des Producteurs de lait du Québec, qui se déclinera en 16 mini-épisodes racontant une histoire à la manière d’un téléroman. D’où le nom de « télaitroman », le seul à passer sur toutes les chaînes québécoises.

La distribution de ce format unique au monde, nous dit-on, comprend la crème de la crème, soit Émilie Bibeau, Sonia Vachon, Paul Houde, Fabien Cloutier, Mehdi Bousaidan, Pierre-Yves Roy-Desmarais et Julien Poulin.

À partir du 15 septembre, et pendant quatre semaines, le télaitroman sera diffusé du dimanche au mercredi pendant les pauses de vos émissions préférées. Toutes les capsules atterriront par la suite sur la plateforme Tou.tv.

Évidemment, les dialogues en beurrent épais, mais le propos n’y est pas trop homogénéisé (poudoum-tish).