Les critiques américains ont épuisé les qualificatifs pour encenser la télésérie américaine Succession de HBO, dont la deuxième saison s’envole lundi prochain à 21 h sur les ondes de Super Écran.

Superbe ! Meilleure émission de la télé ! Cinq étoiles ! Délicieusement absurde !

Pour une série quasi confidentielle, dont les cotes d’écoute franchissent péniblement les 600 000 téléspectateurs aux États-Unis, c’est une couverture de presse inespérée, mais amplement méritée.

Sans exagérer, Succession 2 mérite toute votre attention, avant que la rentrée de la télé québécoise ne bouffe complètement nos temps d’écran. Les trois premiers épisodes, en anglais, se visionnent sur le service Crave de Bell Média, ou en vidéo sur demande par la chaîne HBO Canada.

PHOTO FOURNIE PAR BELL MÉDIA

Sarah Snook et Kieran Culkin dans Succession

Cette œuvre grinçante dissèque une famille blanche, hyper dysfonctionnelle et supra riche, qui exploite un énorme conglomérat médiatique, comprenant notamment une chaîne de nouvelles calquée sur Fox News.

Le patron de cet empire du divertissement, Roy Logan, est un vieillard diabolique, mesquin, violent et colérique. Pensez à Rupert Murdoch de News Corporation ou à Sumner Redstone de Viacom. Dès que la santé du paternel de 80 ans vacille, ses quatre grands enfants ingrats se sautent à la gorge pour prendre le contrôle de l’entreprise établie à Manhattan.

Jamais vous ne verrez autant de personnages égoïstes, manipulateurs et mesquins dans une même pièce. C’en est presque rebutant.

Avertissement : Succession ne plaira pas aux téléphages allergiques aux malaises. Par contre, si vous raffolez de Veep, d’Arrested Development ou de The Office, ajoutez Succession à votre liste d’incontournables. C’est Game of Thrones au sein d’une entreprise de télécommunications internationale, avec des poignards métaphoriques qui remplacent les épées plantées dans le dos.

La deuxième saison reprend peu de temps après la fin de la première, qu’il faut impérativement avoir vue pour tout comprendre. La boutique iTunes l’offre en français, tout comme le service Super Écran sur demande.

Dans Succession 2, le vieux lion Roy Logan n’a toujours pas désigné lequel de ses quatre enfants (tous horribles à leur manière) il vissera dans le fauteuil de commande. En fait, Roy préfère les monter les uns contre les autres et se frotter les mains devant le sang, son propre sang, qui coule.

Le dauphin potentiel Kendall a trahi son papa et en paie le gros prix, pour une raison que je ne divulgâcherai pas. Sa sœur Shiv, ma préférée, ne partage pas la vision conservatrice de son père. Et le playboy sarcastique Roman, joué par le petit frère de Macaulay Culkin, frôle la faillite intellectuelle tellement il vit au-dessus de ses moyens.

Quant au quatrième enfant, Connor, il n’a pas nécessairement de visées sur le titre de magnat, mais plonge tout de même sa puissante famille dans l’embarras en raison de ses aspirations politiques farfelues.

Les dialogues de Succession, trempés dans le vitriol, sont écrits avec une précision chirurgicale.

Il s’y dit un tas de trucs caustiques sur les médias actuels, la politique américaine (bonjour les allusions à Donald Trump) et l’ascension irrésistible des géants du web.

Dans ce deuxième chapitre de Succession, le bonhomme Roy Logan s’entête à acheter son rival, le groupe Pierce, géré par une famille libérale friquée. Prix de la transaction : 25 milliards. Un peu comme si Rupert Murdoch avalait Comcast et MSNBC.

Je le répète : Succession ne séduit pas de façon instantanée. C’est difficile d’approche. Mais après quelques épisodes, ces gens odieux et peu aimables finissent par nous attraper dans leurs luttes de pouvoir sans merci, qui dépeignent un univers médiatique effrayant, mais pas très loin de la réalité, hélas.

Dolan dans le Rétroviseur

Avec un concept tout simple et un décor dépouillé, Véronique Cloutier accomplit un excellent boulot dans sa série d’entrevues Rétroviseur. La quatrième saison de l’émission, qui a été mise en ligne il y a deux semaines sur l’Extra de Tou.TV, comprend un épisode fascinant consacré au cinéaste Xavier Dolan, le plus jeune invité de Rétroviseur à ce jour.

Il a beaucoup d’humour et d’autocritique, Xavier Dolan. Surtout quand il se voit avec des coupes de cheveux impossibles dans des extraits de Tout le monde en parle ou de La fosse aux lionnes. Véro couvre de nombreux sujets intéressants dans son entretien, dont l’école (Dolan n’a qu’une cinquième secondaire), l’amitié, les critiques, la culture générale, la solitude, Céline Dion et son regard dévastateur sur J’ai tué ma mère. C’est à voir et ça traversera assurément à la télé gratuite dans les prochains mois.