Se pourrait-il que les créateurs de la prometteuse docusérie Le dernier soir de Radio-Canada aient identifié un suspect sérieux dans le meurtre jamais résolu de deux adolescents de Longueuil, abattus « comme des chiens » dans la nuit du 20 au 21 mai 1975 ?

C’est ce qui se dégage des deux premiers épisodes — sur un total de six — que j’ai visionnés hier. Cette première production de « true crime » québécois, qui s’inscrit dans la mouvance des Making a Murderer et The Keepers de Netflix, débarquera sur l’Extra de Tou.tv le 4 juillet et quelque part au printemps 2020 à la télévision traditionnelle.

Pendant près de deux ans, la journaliste judiciaire Monic Néron, épaulée par la productrice au contenu Manuelle Légaré (Deuxième chance), a fouillé cette horrible affaire, qui a coûté la vie à Mario Corbeil, 15 ans, et à Diane Déry, 13 ans. Partis à motocyclette vers 20 h 15, les deux amis et voisins ont été retrouvés sans vie, le lendemain matin, dans un champ situé à l’extrémité du boulevard Roland-Therrien.

Mario et Diane ont été tués avec une carabine de chasse de calibre 22. Selon la police de l’époque, leurs corps ont ensuite été placés l’un sur l’autre pour simuler un acte sexuel. Près de 45 ans après le drame, les enquêteurs nagent toujours en plein brouillard. Aucun suspect n’a été coffré à ce jour, ce qui a plongé les familles des victimes dans une détresse indescriptible.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

La journaliste judiciaire Monic Néron

Le premier épisode du Dernier soir se déploie comme un reportage documentaire sur ce fait divers qui a terrifié le Québec au printemps 1975. C’est un brin longuet. Heureusement, un punch ponctue la dernière scène, ce qui déclenche l’envie de poursuivre l’écoute.

Les deux familles, surtout celle de Diane Déry, ont collaboré avec les artisans du Dernier soir pour tenter de résoudre « un des seuls doubles meurtres d’enfants jamais élucidés au Canada ». C’est bouleversant d’entendre les frères, sœurs ou parents de Mario et de Diane confier leur détresse à la caméra.

La mère de la petite Diane raconte que plus personne dans son entourage ne voulait l’entendre parler de la mort de sa petite « doudoune ». « Je suis restée pognée avec ça dans la gorge. Et j’ai pogné un cancer de la gorge », dit-elle avec émotion.

Le succès des émissions de « true crime » réside en grande partie dans la construction du récit. Quand l’histoire vraie reproduit les codes d’une télésérie traditionnelle, avec plusieurs revirements et éléments inattendus, elle occasionne automatiquement la boulimie chez le consommateur. Dans mon salon, ça fonctionne à tout coup, comme en témoignent toutes ces heures passées devant The Staircase et Wild Wild Country.

Qui n’aime pas jouer au détective les deux pieds sur le pouf ? 

Le dernier soir distille ses indices lentement, je trouve, et s’égare dans des détails de balistique au deuxième épisode. Il paraît que le rythme s’accélère et que les révélations nous secouent davantage dans les heures à venir. J’y reviendrai une fois que j’aurai tout vu. J’ai bon espoir.

Bien sûr, c’est injuste de comparer Le dernier soir à Making a Murderer. Les budgets, les équipes et le temps alloué à la recherche ne s’équivalent pas du tout. Malheureusement, Le dernier soir lutte contre des émissions de Netflix (doublées en français) pour le temps d’écran des consommateurs québécois. C’est aussi ça, la nouvelle réalité de la télé sur demande.

Le dernier soir a d’abord été proposé au Club illico de Vidéotron, qui a même financé son développement, me racontent des sources chez Québecor Média. Toutefois, dans la foulée du lancement de QUB Radio l’an dernier, TVA a exigé que toutes ses têtes d’affiche (Richard Martineau, Mario Dumont, Luc Lavoie) résilient leurs contrats avec le compétiteur Cogeco, qui exploite le 98,5 FM à Montréal.

Monic Néron, chroniqueuse chez Paul Arcand depuis six ans, ne pouvait donc pas travailler pour les deux groupes médiatiques en même temps. TVA a donc dû renoncer au Dernier soir, qui a finalement atterri à Radio-Canada.

Toujours plus de Maripier

Je vous ai parlé en mars de la nouvelle émission de variétés que devrait chauffer Maripier Morin à TVA l’automne prochain. Ce projet est loin d’être mort, ai-je appris. Produit par la boîte Fair-Play (Révolution, Les enfants de la télé), le grand plateau de Maripier servira notamment à faire des surprises aux vedettes invitées. Le tout, dans une ambiance de fête.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Maripier Morin devrait animer une émission de variétés à TVA l’automne prochain. 

Fouiller dans la vie personnelle des artistes et recueillir des anecdotes amusantes, c’est une tendance forte en télé, une tendance vue à Tout le monde aime de Sonia Benezra (qui a été annulée) et à 1res fois de Véronique Cloutier.

Maripier Morin et la compagnie Fair-Play essaient de collaborer depuis plusieurs saisons déjà. C’est Maripier qui a animé la toute première émission pilote de la compétition de danse Révolution, à l’automne 2016.