OK, OK. N’hyperventilez pas tout de suite, s’il vous plaît. Car je vais vous chanter les louanges d’une formidable comédie uniquement offerte sur Amazon Prime Video.

Oh, non ! Pas une autre plateforme payante qui bouffera la moitié de mon budget de divertissement, hurlez-vous en vous dévissant la tête comme la petite fille dans L’exorciste. Oui et non.

Si vous commandez déjà des objets avec Amazon Prime, vous avez automatiquement accès à l’imposant catalogue de films et de téléséries du géant américain. Ça, de nombreux consommateurs l’ignorent.

Autre astuce intéressante : Amazon Prime offre régulièrement des essais gratuits d’un mois à ses clients. Prenez-le, dévorez l’excellente comédie britannique Fleabag (et aussi Jack Ryan), puis résiliez-le. Entre vous et moi, c’est inutile de souscrire à un autre service pour visionner deux ou trois séries. Nos budgets ont des limites.

Fleabag, maintenant. Mon Dieu que c’est bon. Ça faisait longtemps qu’une série m’avait autant enthousiasmé. J’ai enfourné les deux courtes saisons en un week-end, soit un total de 12 épisodes de 30 minutes, tous doublés en français. Ça file beaucoup trop vite.

Fleabag, c’est le surnom de l’héroïne trentenaire de cette comédie dramatique à l’humour noir, qui habite Londres et qui gère un minuscule café avec sa meilleure amie. Fleabag, dont le nom signifie « sac à puces », a un copain qu’elle n’aime pas particulièrement, un appartement crade et une sœur aussi parfaite que coincée, qui lui fout des complexes.

Pour remplir son vide intérieur, Fleabag se perd dans le sexe et les aventures d’un soir. Constamment, elle se met dans le pétrin parce qu’elle parle trop, trop vite, ou parce qu’elle ose dire ce qui ne se dit pas. Les épisodes dépeignent une jeune femme complexe, attachante, impertinente, drôle, mélancolique et remplie de contradictions.

C’est la Britannique Phoebe Waller-Bridge, 33 ans, qui écrit les textes de Fleabag, produit les épisodes et campe le personnage principal. Pas étonnant que Hollywood l’ait recrutée pour plancher sur le scénario du prochain James Bond. 

Phoebe Waller-Bridge a également créé l’excellente série Killing Eve et y a insufflé son humour si particulier.

Autour de Fleabag, il y a son père endeuillé et sa nouvelle conjointe, une artiste campée par la géniale Olivia Colman, oscarisée pour sa performance dans The Favourite. Les confrontations entre Fleabag et sa belle-mère sont délicieuses. De petits bijoux d’agressivité passive.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

Bill Paterson et Olivia Colman dans Fleabag

À ce sujet, le premier épisode de la deuxième saison de Fleabag nous tient sur la corde raide pendant tout un souper où chacun des protagonistes est à une réplique d’exploser. Vous y ferez aussi la rencontre du prêtre sexy, interprété par Andrew Scott, qui enflamme les réseaux sociaux depuis la mise en ligne de la série, la semaine passée.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

Andrew Scott dans Fleabag

Dans Fleabag, Phoebe Waller-Bridge défonce le quatrième mur pour s’adresser directement au téléspectateur. Et contrairement aux interminables monologues de Frank Underwood (Kevin Spacey) dans House of Cards, les interventions de Fleabag sont courtes et incisives. C’est parfait.

Canal+ a commandé un remake de Fleabag qui s’appellera Mouche. Camille Cottin, la superbe Andréa Martel d’Appelez mon agent, incarnera l’héroïne parisienne, tandis qu’Anne Dorval jouera la belle-mère. L’actrice québécoise possède le talent pour accoter la prestation d’Olivia Colman de la version originale, ça oui.

Trône de pouet, pouet

Cette dernière saison de Game of Thrones a été décevante et précipitée. L’épisode ultime, relayé dimanche soir, s’est inscrit dans cette lignée. Pas mauvais. Juste sans relief.

La montée fasciste de Daenerys Targaryen, filmée à la Leni Riefenstahl, a été stoppée par son amoureux/neveu. Fâché noir, Drogon a carbonisé le fameux trône fer de son haleine brûlante. Jon Snow est ensuite retourné avec son ancienne clique de la Garde de Nuit, sa sœur Arya a mis les voiles pour l’autre bout de Westeros et Sansa Stark a été couronnée reine du Nord.

Le pire, c’est que le personnage le plus ennuyeux de cette saga fantastique, Bran Stark, a été élu leader des six royaumes. Sérieux, ce fut ordinaire comme dénouement. Dans les ruines du fief des Lannister, Tyrion a même réussi à déterrer son frère Jaime et sa sœur Cersei, dont les jolis visages n’ont même pas été abîmés par l’avalanche de pierres. Franchement.

Pendant presque 10 ans, j’ai suivi avec passion Game of Thrones. Je me suis attaché à ses héros, ai été choqué par leur disparition et ai mis tous mes espoirs dans la famille Stark.

Cette conclusion douce-amère ne me fait pas regretter les heures investies dans Game of Thrones, mais facilitera le deuil, mettons. Telle une Cersei impassible au balcon, nous pourrons repenser à cette œuvre sans trop être envahis par l’émotion (et la déception).