Heureusement qu'il existe des Normand Brathwaite pour nous réconcilier avec le showbiz québécois, un milieu propice à l'hypocrisie et aux poignards enfoncés dans le dos.

À Conversation secrète de Paul Arcand dimanche soir, Normand Brathwaite a accordé une entrevue sans filtre, touchante et même croustillante. J'aime bien cet artiste qui n'esquive aucun sujet dit interdit.

Brathwaite est un des rares à parler de son salaire, ultime tabou dans la colonie artistique québécoise. Dans ses belles années, il empochait plus de 1 million par année. Jamais il n'a craché sur la pub, qui lui a permis de s'acheter un magnifique appartement, rue Cherrier.

Bien sûr, Normand Brathwaite, 59 ans, s'est beaucoup et souvent confié, notamment à ma collègue Isabelle Massé, qui a rédigé sa biographie en 2012. Mais de repasser autant d'éléments marquants de sa vie, tout ça en 45 minutes, était super intéressant.

Cet épisode de Conversation secrète à TVA, qui n'annonçait rien d'exclusif, a été agréablement surprenant.

Dans sa période dépressive, l'animateur et comédien s'étendait et pleurait devant le Westmount Square, un endroit où personne ne le reconnaissait. À trois reprises, il s'est rendu sur le pont Victoria dans le but de se suicider. La peur de «souffrir physiquement» lui a fait rebrousser chemin les trois fois.

Normand Brathwaite a également révélé que sa fille Élizabeth Blouin-Brathwaite a fréquenté un criminel et que son fils Édouard a failli aboutir en prison après avoir participé à une extorsion pour se payer un tatouage.

Dans le trajet en voiture avec Paul Arcand, Normand Brathwaite a évoqué la pédophilie connue de certains membres de l'industrie artistique québécoise. «Y a des gens dans le show-business qui aiment ça des photos de petits gars tout nus. Ça se sait», a lancé Brathwaite. Invité par Arcand à préciser cette déclaration, l'ancien timonier de CKOI a rappelé qu'il ne s'agissait que de rumeurs.

Ce bout-là de l'interview aurait mérité d'être creusé davantage. C'est une affirmation grave, qui est restée flottante.

Maintenant installé à la campagne, sur un terrain de 52 acres, Brathwaite a longtemps fréquenté les bars de la rue Prince-Arthur, coin Saint-Laurent. Oui, il a reniflé de la cocaïne, de façon récréative, les samedis soir. Il affirme ne pas avoir eu de difficulté à arrêter.

Et savez-vous ce que signifie l'expression «faire une octave» dans l'univers des musiciens poudrés? C'est aspirer une ligne de coke qui s'étire entre deux notes «do» d'un piano.

À propos de la comédie Grosse vie de Radio-Canada, Brathwaite ne se défile pas : «C'est un show qui n'était pas bon.» Voilà pourquoi on aime Normand Brathwaite. Il est capable d'autocritique et d'autodérision. Si seulement ses camarades de l'UDA pouvaient en faire autant.

Cette Conversation secrète a été suivie par 1 151 000 téléspectateurs. La voix est demeurée au sommet du palmarès avec 1 881 000 fans et Tout le monde en parle a retenu l'attention de 888 000 curieux.

Se heurter à un mur

Bien malgré elles, Véronique Cloutier et Maripier Morin ont été opposées l'une à l'autre dans la guerre des cotes d'écoute du jeudi soir. Deux têtes d'affiche populaires, une seule case horaire. Le but : expédier l'autre adversaire au tapis.

Face au mur de TVA a toujours eu le dessus sur 1res fois de Radio-Canada. Au fil des semaines, l'écart entre les deux émissions vedettes s'est rétréci et la tendance a été renversée le soir du 8 février.

Selon les données Numeris qui incluent les enregistrements, l'épisode de Face au mur du 8 février (922 000) a été devancé par 1res fois de Radio-Canada (958 000). C'est une courte avance, oui, mais c'est une victoire pour Véro et son équipe.

Les patrons de TVA ne doivent pas trop apprécier cette situation qui les désavantage. Jeudi dernier, le jeu Face au mur n'a intéressé que 770 000 personnes, alors qu'il n'y avait pas de 1res fois à la SRC en raison des Jeux olympiques. C'est une cote d'écoute plutôt basse pour un projet aussi gigantesque.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Maripier Morin sur le plateau de Face au mur.