Éric Salvail n'a pas tardé à planter une pancarte à vendre devant l'entreprise qu'il a fondée en 2013. Au lendemain de la publication de l'enquête de La Presse sur ses inconduites sexuelles, le producteur et animateur a entamé des négociations avec la présidente de Media Ranch, Sophie Ferron, pour lui brader tous les actifs de son entreprise Salvail & Co.

La transaction, dont le montant n'a pas été dévoilé, a été bouclée hier après-midi. Salvail & Co n'est désormais plus qu'une coquille vide - ainsi qu'un mauvais souvenir pour la trentaine d'employés qui y bossaient à temps plein. C'est comme si La Baie avait, par exemple, acheté toute la marchandise du compétiteur Sears pour la revendre dans ses propres rayons.

Les droits de suite et la propriété intellectuelle du talk-show Maripier!, des Échangistes ou de Coup de foudre, en plus d'autres projets en développement, appartiennent maintenant à Media Ranch, une boîte spécialisée dans la distribution de formats télévisuels à l'étranger.

Salvail n'a gardé que Les recettes pompettes et En mode Salvail, deux émissions le mettant en vedette qui ont perdu toute leur valeur depuis le scandale.

Pour bien exploiter les nouveaux titres qui s'ajoutent au catalogue, l'ancienne directrice générale de Salvail & Co, Vivianne Morin, s'associe à la patronne de Media Ranch, Sophie Ferron. Quelques collaborateurs de longue date de (feu) Salvail & Co traverseront aussi chez Media Ranch, selon toute vraisemblance.

Sophie Ferron est la fille du producteur René Ferron, qui avait créé Coup de foudre à TQS à la fin des années 80. C'est cette même Sophie Ferron qui avait revendu le concept du quiz-Cupidon à Éric Salvail au printemps 2016. Au Québec, Media Ranch négocie les licences d'exploitation de téléréalités internationales comme Le banquier, en plus de vendre des émissions d'ici sur le marché mondial.

L'absorption des émissions de Salvail & Co par Media Ranch permettra aux Échangistes de revenir sur les ondes de Radio-Canada au printemps prochain. Logiquement, Maripier! poursuivra aussi sa carrière sur les ondes de Z, car Éric Salvail ne conserve aucune attache avec Media Ranch. Tous les liens «financiers, opérationnels ou de gouvernance» ont été rompus hier. Ni Vivianne Morin ni Sophie Ferron n'ont accordé d'entrevue, hier.

C'est hallucinant à quel point l'empire Salvail s'est écroulé à une vitesse folle. Exactement une semaine après l'éclatement de la bombe médiatique, il n'en reste plus qu'un tas de cendres fumantes.

Selon des employés à qui j'ai parlé hier sous le couvert de l'anonymat, les bureaux de Salvail & Co, angle Sainte-Catherine et De Bleury, au coeur du Quartier des spectacles, n'ont pas encore été désertés. Malgré l'incertitude, la majorité des salariés garde la maison.

«On est une gang le fun. On essaie d'être positifs», me dit une source à l'interne. Mis à part les techniciens d'En mode Salvail qui ont été remerciés lundi, les recherchistes et les scripteurs reçoivent toujours un chèque de paie. Mais pour combien de temps?

Éric Salvail n'a pas remis les pieds au bureau depuis mardi dernier. Au Groupe V Média, le vice-président exécutif, Dimitri Gourdin, s'est dit ouvert à travailler avec Media Ranch et Vivianne Morin. «Notre position était ferme : il n'était plus question de collaborer avec Éric Salvail et Salvail & Co. Nous allons bien sûr regarder les propositions de Media Ranch au même titre que celles d'autres producteurs», explique-t-il.

Le feuilleton de l'heure

Honnêtement, un scénariste aurait voulu écrire les intrigues qui secouent actuellement les villas balinaises d'Occupation double qu'il n'aurait jamais imaginé autant d'engueulades et d'arrachage de cheveux.

D'ailleurs, l'état capillaire pitoyable de plusieurs concurrents, dont Adamo et Joanie, nous prouve qu'autant de prises de bec, ça te magane une tignasse sur un chaud temps.

Lundi soir, Élodie et Joanie, pourtant copines-copines dès le début, sont entrées en éruption volcanique, comme le mont Agung, qui menace le bon déroulement d'Occupation double depuis deux mois.

Joanie a carrément pété un câble, comme on dit à la table des délibérations, autour d'un verre de Bulles de nuit. «Je veux qu'elle décalisse, je veux lui arracher la tête», répétait, à propos d'Élodie, la célibataire à la crinière peroxydée, dont le bronzage s'approche dangereusement de la couleur d'une canette de Fanta à l'orange.

À propos de Louis-Philippe le joueur de hockey qui parle comme à L'antichambre, Joanie a explosé : «C'est un crisse de cave.» Les valves ne se refermaient plus. Prise dans «son fucking triangle amoureux» avec Philippe et Sansdrick, Joanie déversait des torrents de paroles insultantes hachurées de sacres.

Puis, en annonçant l'arrivée imminente d'une nouvelle bande de concurrentes, l'animateur Jay Du Temple a propulsé Joanie dans une galaxie loin de chez vous. «Je vais devenir jalouse. Je vais être rendue une folle», a commenté Joanie dans un rare moment de lucidité.

Occupation double déroulera son deuxième tapis rouge dimanche soir. 

La prophétie d'Élodie, notre Ariana Grande du Saguenay, se réalisera assurément : il y aura désormais les filles du groupe A et celles du club B, qui accuseront un décalage sur les anciennes. Ça va faire du «ouh, ouh, ouh», pour paraphraser LP le grand sage.

En même temps, «tu es le maître de comment tu veux te sentir dans cette situation», a rappelé la yogi Alexandra, qui s'exprime en paraboles pseudo-philosophiques.

Ça m'étonne qu'après 11 éditions d'Occupation double, des participantes s'insurgent encore que des gars «jouent des games pour gagner». Allô! Il y a un chalet et deux jeeps qui leur pendent au bout du nez.

Les histoires d'OD sont dignes d'un grand soap, mais ce qui nuit à l'émission, c'est le manque de suspense lors des soupers d'élimination. Depuis le début, on devine facilement quelle photo le comité de sages glissera dans l'enveloppe, ce qui ruine un peu notre plaisir.

CAPTURE D'ÉCRAN

Joanie a très mal réagi à l'annonce de l'arrivée de nouvelles participantes à Occupation double.