Dur de chercher - et de trouver - des poux à Louis-José Houde. Il est toujours bon, et il est bon, ça va de soi, quand c'est le temps, faisant ainsi mentir René Angélil et son célèbre adage.

Dimanche soir, le chic animateur a été taquin, brillant et juste assez cinglant pour sa 11e fois aux commandes du Gala de l'ADISQ. Son monologue d'ouverture, parfaitement dosé, renfermait autant d'autodérision que de flèches acidulées. Les meilleurs gags sur Herby Moreau, le bassiste de La Chicane et la présence «apaisante» de Maripier Morin à La voix junior ont cependant été décochés plus tard dans la cérémonie.

Heureusement qu'il brillait, Louis-José Houde, car les grands frissons et les moments d'anthologie n'ont pas pullulé, dimanche.

Évidemment, tout le monde guettait la sortie de Céline Dion, venue cueillir le prix hommage remis à son mari. Après un discours d'acceptation très mécanique, la diva a livré une version bouleversante d'Avec le temps de Léo Ferré. Magnifique. Mais était-ce vraiment nécessaire d'ajouter un filtre noir et blanc à l'image pendant la prestation? C'était laid, limite quétaine. Céline n'a besoin d'aucun artifice, surtout dans un moment aussi émotif.

L'hommage à René Angélil a été mieux orchestré que celui, totalement raté, de Dominique Michel l'an dernier. La barre n'était pas très haute, direz-vous. Après les chansons des Baronet, le pot-pourri de Ginette Reno a marqué un temps fort de cette longue soirée de 2 h 40 min. Les coupures de son et d'image ont hélas! gâché l'écoute de ce segment attendu.

Côté remerciements, les gagnants n'ont pas livré de discours à la hauteur de ceux, fort inspirants, entendus aux Gémeaux. Mélanie Boulay, la brune des Soeurs Boulay, a vu venir le coup et a demandé à ce que les artistes soient jugés sur leurs spectacles, sur leur musique, et non sur leur court passage de deux minutes devant le parterre. Observation très juste, bien formulée.

Par contre, une fête comme le Gala de l'ADISQ, c'est un show de télévision. Il faut empêcher les téléspectateurs de zapper à La voix junior et au Banquier spécial Halloween à TVA. Et des remerciements ennuyeux, bâclés ou décousus, désolé, mais ça fait changer de chaîne.

Derrière le micro, 2Frères, les Cowboys Fringants, Fred Fortin et même Jean Leloup, pourtant flyé d'habitude, ont été convenus, se contentant souvent de défiler leur sempiternelle liste d'épicerie. À peu près aucun lauréat, à l'exception de Stéphanie Boulay, n'a évoqué la crise qui étrangle les revenus des musiciens.

Avant d'ouvrir une enveloppe, Mario Pelchat a probablement exprimé les «revendications» les plus mollasses des 38 ans de l'ADISQ. Passons.

Il faut qu'on se jase maintenant de Safia Nolin, sacrée découverte de l'année, qui divise l'opinion publique. Certains aiment sa spontanéité, son originalité et son je-m'en-foutisme juvénile (elle a dit «fuck», «grosse conne» et elle a sacré au micro). Les autres la trouvent déplacée et vulgaire.

Je suis mitigé par rapport à elle. Elle déborde de talent, cette Safia Nolin. Elle est la seule à pouvoir porter un t-shirt de Gerry Boulet, et un autre de Céline sur les Plaines, de façon non ironique. Là-dessus, elle est parfaite.

Cela dit, Safia Nolin ferait découvrir ses belles chansons à tellement plus de gens si elle faisait un petit effort pour mieux structurer sa pensée. C'est peut-être de la timidité qu'elle apprendra à mieux contrôler, on verra bien.

Du populaire au pointu, les mélomanes de toutes les chapelles ont pu applaudir un de leurs chouchous hier soir. Ceux qui connaissaient 2Frères ont ainsi découvert l'existence de Safia Nolin, et vice-versa.

Le numéro musical inaugural a mélangé les styles plus folk de Richard Séguin et 2Frères et a amalgamé le hip-hop de Koriass à la douceur d'Ingrid St-Pierre. Très rafraîchissant.

Béatrice Martin a chanté Crier tout bas dans une jolie séquence de danse contemporaine à la Christine and the Queens. Belle performance, également, des Soeurs Boulay et de Safia Nolin.

D'entrée de jeu, Louis-José Houde a dégonflé la balloune des alarmistes en rappelant, avec justesse, que «le lacet avait survécu à l'invention du velcro».

L'animateur a ensuite remarqué que le Félix pèse 7 livres, soit quatre de plus qu'Alex Nevsky. «Le Jutra n'était pas disponible pour la pesée officielle», a raillé Louis-José Houde. Une ligne audacieuse, qui a très bien fonctionné.

La suite a été un peu moins rigolote. Saviez-vous qu'un total de 392 livres de trophées ont été attribuées hier? « C'est quatre livres de plus que...» La caméra s'est ensuite arrêtée sur Denis Coderre, déclenchant l'hilarité dans la salle Wilfrid-Pelletier. Louis-José Houde a prétendu que ce gag sur le maire n'était pas prévu. Peut-être.

C'est vrai que le maître de cérémonie a dépassé depuis longtemps le stade des «jokes de gros». Mais question, ici: si c'était une femme ronde qui avait été montrée sur les écrans, aurait-on ricané autant? On médite collectivement là-dessus, s'il vous plaît.