Une Mazda grise que toute la ville cherche. Un gamin kidnappé en plein jour. Une arrestation qui traîne, faute de preuve béton. Et le père du disparu qui cogne à la porte du suspect numéro un dans l'enlèvement de son enfant.

Ça vous dit quelque chose? Remplacez la Mazda grise par une Acura rouge et le gamin par une fillette de Trois-Rivières et vous obtenez quasiment un pan complet de la triste histoire de Cédrika Provencher.

En pondant cette intrigue de rapt pour la quotidienne District 31, l'auteur Luc Dionne ne se doutait pas que la réalité rattraperait autant sa fiction avec les accusations liées à la pornographie juvénile qui ont été déposées mardi contre Jonathan Bettez, 36 ans, le propriétaire de la fameuse Acura rouge ayant déclenché tant de discussions.

L'enlèvement d'un garçon de 8 ans ouvre la toute première saison de District 31 à partir du lundi 12 septembre, à 19 h, sur les ondes de Radio-Canada. Ce dossier chaud - les médias s'en emparent prestement - atterrira sur le bureau des enquêteurs Nadine Legrand (Magalie Lépine-Blondeau) et Patrick Bissonnette (Vincent-Guillaume Otis) du poste 31, d'où le titre de l'émission.

Comme Mémoires vives carbure depuis plusieurs années à ce type d'intrigue, j'aurais peut-être opté pour un autre type de crime pour mettre en orbite cette série policière quotidienne, dont j'ai visionné les quatre premières demi-heures jeudi.

En même temps, une disparition fournit toujours des ressorts dramatiques payants pour un scénariste. En mère ravagée par l'inquiétude, Marilyse Bourke offre une performance d'actrice saisissante. Plus les épisodes progressent, plus on la voit s'effriter sous nos yeux. Son mari (Maxime Denommée) a des réactions pas mal plus louches, mettons.

Évidemment, le concentré de l'action de District 31 se déroule au poste de quartier montréalais que dirige Daniel Chiasson (Gildor Roy). Sous lui, le très rigide Laurent Cloutier (Patrick Labbé) chapeaute les sergents-détectives, dont Nadine Legrand, avec qui le courant passe plus ou moins bien.

Car elle est difficile à cerner, cette brillante Nadine, autant pour ses collègues que pour nous, les téléspectateurs. Elle peut être très chaleureuse et cassante à la fois. Elle consacre toute son énergie au boulot et non à sa vie de couple qui déraille. Son stoïcisme se décode difficilement.

Dans les dernières années, la télévision nous a fait craquer pour des femmes détectives aux personnalités complexes comme dans The Fall, Happy Valley ou Marcella. Ce sera intéressant de voir les couleurs que Magalie Lépine-Blondeau donnera à sa Nadine au courant des 30 prochaines semaines.

Il faut toutefois comparer ce qui est comparable: District 31 est diffusé tous les soirs à 19 h à Radio-Canada - et non sur Netflix - avec des budgets infiniment plus minces que des séries internationales comme The Killing.

Côté divertissement, District 31 tient sa promesse de nous garder bien à l'affût du moindre indice, qui n'a jamais été planté au hasard. Chacun des épisodes renferme des punchs qui nous incitent fortement à dévorer le suivant. Et les images de Montréal, tournées par Danièle Méthot, sont magnifiques.

Plusieurs personnages - peu développés dans la première semaine de diffusion - occuperont graduellement plus de temps d'antenne, notamment le spécialiste du crime organisé (Sébastien Delorme) et l'experte en crimes sexuels (Hélène Bourgeois Leclerc).

Bien aimé le journaliste fouineux (Jeff Boudreault) de même que l'efficace procureure de la Couronne (Pascale Montpetit).

Au-delà des bandits à coffrer, District 31 s'intéresse également à la dynamique interne qui régit un poste de police.

J'avoue avoir sursauté quand Luc Dionne a révélé que l'intrigue de l'enlèvement ne se bouclerait qu'à la mi-saison. C'est très loin, me semble. Surtout qu'à la fin du quatrième épisode, l'étau se resserre dangereusement autour d'un suspect.

Mais comme c'est la fan de polars Fabienne Larouche qui en supervise l'écriture et la production, ça m'étonnerait que District 31 soit ennuyeux à long terme.

Ça décolle!, c'est sympa

La nouvelle comédie à sketchs de V, Ça décolle!, qui débute mercredi à 19 h, est sympathique, rigolote et sans prétention. Pour résumer rapidement: c'est un divertissement léger parfait pour décompresser après une journée au bureau.

Cette sitcom suit cinq membres de l'équipage de la compagnie Air Supérieur. Les trois agents de bord héritent des meilleurs gags, je trouve. Il y a le très naïf Justin (Pierre-Luc Lafontaine), l'intello Clara (Anne-Élisabeth Bossé) et l'aérienne Kim (Marie-Soleil Dion).

Les passagers qu'ils servent sont incarnés par des acteurs connus (Louis Champagne, Brigitte Lafleur), qui changent à tous les épisodes. Le look vintage accolé à l'émission est charmant. Bien sûr, certaines blagues sont visibles à des kilomètres à la ronde, comme celles dirigées vers le copilote arabe (Mehdi Bousaidan), mais le produit final fait sourire et c'est tout ce qu'on exige d'une émission éthérée comme Ça décolle!.