Si l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour (APIH) ne repense pas sa façon de construire son Gala Les Olivier, bonne chance pour le recrutement d'un animateur ou d'une animatrice l'an prochain. Personne n'acceptera ce job super ingrat, voire maudit, qui risque d'exploser en polémique monstre à tout moment.

François Morency, lui, ne rembarquerait pas dans cette galère, qui a failli couler après le retrait du sketch - assez inoffensif, il faut l'admettre - imaginé par Mike Ward et Guy Nantel. «Si on m'appelait là, pour reprendre l'animation, je dirais non. Aujourd'hui, je n'ai pas le goût. Quelqu'un a échappé la balle. Cette affaire-là aurait pu se régler par la négociation et on se serait tous évité un brouhaha inutile», confie l'humoriste, qui a élégamment piloté sa deuxième soirée de l'humour, dimanche soir, à la SRC.

C'est mercredi que la compagnie d'assurances de l'APIH, le coproducteur des Olivier avec Radio-Canada, a tranché: pas question que Ward et Nantel poussent leurs gags en direct. Pourtant, la SRC avait déjà donné son feu vert au même numéro, me dit-on.

Deux jours plus tard, boum!, l'affaire Ward-Nantel éclatait. «J'ai déjà vécu la pression. Mais le scandale et la controverse comme ça, c'était nouveau pour moi.»

«En répétition vendredi après-midi, il y avait des rumeurs de boycottage. Pendant deux heures, je me suis dit: OK, on ne fera pas de gala cette année, on ne le fera pas devant une salle vide.»

Pendant le week-end, l'humoriste et animateur a écrit de nouvelles blagues pour son monologue d'ouverture, qui ont été cassées en direct. «Ça devenait tellement absurde, gros et hors de proportion. J'avais juste hâte que le gala commence. Je voulais juste faire mon travail», se souvient François Morency.

Dans la vidéo préenregistrée qui a lancé le gala, François Morency n'a jamais pu mentionner les mots Jeep ou Chrysler. Au Québec, le commanditaire avait pourtant approuvé le scénario, c'est à Toronto que le frein a été actionné. «Plus personne ne veut prendre de chance», constate François Morency.

On s'entend que la décision de l'assureur n'a pas été la plus éclairée. Selon Mike Ward, la phrase qui a fait paniquer les avocats est celle où Guy Nantel disait que la Commission des droits de la personne, «ça devrait même pas exister, cette affaire-là ».

On s'entend également que la réaction des humoristes, qui se sont posés en grands martyrs de la liberté d'expression, a été drôlement exagérée et disproportionnée par rapport à la gravité de l'incident. À les voir alignés avec leurs masques d'hôpital marqués d'un X rouge, on aurait juré qu'ils vivaient en Corée du Nord ou en Arabie saoudite.

Toute cette agitation a cependant été payante aux audimètres de la firme Numeris: 2 026 000 personnes ont visionné le gala dimanche soir. Un record d'écoute en 18 ans d'existence. Imaginez: le Gala Les Olivier a obtenu une meilleure performance que le Gala Artis de TVA (1 751 000 téléspectateurs), propulsé par la puissante machine de Québecor Média.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Les humoristes s'étaient recouvert le visage d'un masque lors du Gala Les Olivier l'an dernier pour protester contre ce qu'ils ont perçu comme une entrave à la liberté d'expression.

Par ailleurs, Martin Matte n'a pas commenté hier la sortie du placard qu'il a imposée à Éric Salvail. Au micro d'Éric et les fantastiques à Énergie, le king de V a répliqué qu'il avait fait beaucoup d'allusions à son orientation sexuelle dans le passé, qu'il n'est pas fâché, mais qu'il a été surpris par ce gag audacieux, qui relève toutefois de sa vie privée.

Quant à l'hommage bancal et semi-improvisé au producteur Jean Bissonnette, sachez que Claude Meunier a refusé de participer à la répétition générale de la cérémonie, selon des sources bien informées. Ceci explique peut-être cela.



Fini le Véro Show

L'annonce surprenante a été faite en fin d'après-midi hier: Véronique Cloutier animera sa dernière émission à Rythme-FM le jeudi 26 mai. À la rentrée de septembre, la populaire animatrice ne tiendra plus les manettes du Véro Show afin de se concentrer sur son retour au petit écran, prévu en janvier à Radio-Canada.

Son acolyte Marie-Soleil Michon demeurera toutefois derrière le micro et Rythme-FM lui adjoindra un nouveau coanimateur. Évidemment, le nom Véro Show ne survivra pas au départ de celle qui gravite dans le giron de la station de Cogeco depuis 12 ans.

Par contre, Véronique Cloutier conservera son studio à la maison, car elle deviendra «une mégachroniqueuse» qui interviendra au quotidien dans l'émission du retour à la maison, explique la directrice de la programmation de Rythme-FM, Johanne Cloutier. Bref, Véro part, mais pas complètement.