Une bonne série policière bien ficelée, qu'elle ait été manufacturée en Scandinavie, aux États-Unis ou en Angleterre, survit à toutes les modes et traverse, comme une balle de fusil, toutes les époques.

Et exécuté avec doigté, ce genre populaire produit des classiques comme Luther, Fargo, The Wire ou The Killing, des productions haut de gamme qui ont toutes raconté des histoires de flics, mais avec une intelligence et une originalité les ayant élevés au-dessus de tous les mauvais clones de CSI actuellement en ondes.

Après Omertà, Le dernier chapitre et Blue Moon, le spécialiste des téléséries criminelles au Québec, Luc Dionne, s'embarque dans un autre ambitieux projet policier: l'émission quotidienne District 31, que Radio-Canada vissera dans la case horaire de (feu) 30 vies en septembre.

District 31 suivra deux sergents-détectives de la division des homicides, Nadine Meilleur (Magalie Lépine-Blondeau) et Patrick Bissonnette (Vincent-Guillaume Otis), qui bossent au poste 31, vous l'aurez deviné, en plein coeur de Montréal.

Le couple de la très douée Nadine bat de l'aile. Le charismatique Patrick est un jeune veuf. Sentez-vous déjà l'attraction à la Moonlighting entre ces deux-là?

À l'image de la mécanique de 30 vies, Magalie Lépine-Blondeau (Boomerang, 19-2) et Vincent-Guillaume Otis (Série noire, Ruptures) ont paraphé des contrats pour un an dans District 31, soit 120 épisodes de 30 minutes. La deuxième saison de District 31 se collera à deux autres détectives, mais toujours avec le même personnel de soutien au centre d'enquête.

Gildor Roy incarnera le grand patron du poste, tandis que Patrick Labbé enfilera l'uniforme du superviseur des investigations. Le seul rescapé de 30 vies, Michel Charrette, campera un agent spécialiste des cas non résolus - les bons vieux «cold cases». Le personnage d'Hélène Florent se spécialisera dans les crimes sexuels et celui de Sébastien Delorme ébranlera le crime organisé (motards, mafia, gangs de rue).

Vue en psychiatre dans Trauma, Cynthia Wu-Maheux se transformera en analyste au renseignement criminel. À cette distribution impressionnante s'ajoute Jeff Boudreault, qui deviendra un journaliste fouineur, ainsi que Pascale Montpetit en procureure qui autorisera - ou non - les plaintes.

Contrairement à «19-2», «District 31» ne talonnera pas des patrouilleurs qui répondent à des appels d'urgence et qui quadrillent la ville en voiture à gyrophares.

Les affaires à résoudre se baladeront plutôt entre des homicides, des fraudes, du trafic de drogue ou des sympathies terroristes. Le poste de police 31 s'élèvera tout près d'une résidence de personnes âgées.

Les décors de District 31 se construisent présentement dans le sous-sol de Radio-Canada. Fabienne Larouche, qui a 20 ans d'écriture quotidienne derrière la cravate, un boulot monacal, rappelle-t-elle, en supervise la production avec sa société Aetios (Unité 9, Ruptures, Blue Moon). D'ailleurs, quand elle a pondu sa dernière page de 30 vies, l'auteure et productrice a texté ceci à son collaborateur Luc Dionne: «mes doigts meurtris te tendent le clavier».

Plusieurs anciens membres de l'équipe de 30 vies, dont les réalisateurs Danièle Méthot, Simon Barrette et Jean-Claude Lord, traverseront sur District 31. Pendant une semaine typique de tournage, trois jours se dérouleront en studio et les deux derniers, en extérieur. Le premier coup de manivelle se donnera à la mi-juillet.

En plus des intrigues policières, l'émission de Luc Dionne abordera également la vie personnelle des protagonistes. Selon André Béraud, patron des dramatiques à la SRC, il s'agit de la première «série quotidienne en Amérique du Nord qui se passe dans un poste de police».

Comme dans 30 vies, Luc Dionne ne s'empêchera d'aborder des sujets difficiles malgré sa case horaire dite familiale. «On peut tout dire à 19 h, mais pas nécessairement tout montrer», glisse la productrice Fabienne Larouche.

Et comment explique-t-on la popularité à toute épreuve des téléséries policières? D'abord, c'est un milieu riche pour toutes sortes de récits prenants. «Et c'est probablement ce qu'il y a de plus héroïque comme métier aujourd'hui», note le producteur Michel Trudeau de chez Aetios.

Des nouvelles d'Occupied

Je vous ai récemment chanté les louanges de l'excellente télésérie Occupied, disponible sur Netflix en norvégien sous-titré en anglais. Bon, je relis ma dernière phrase et je m'exaspère moi-même tellement ça sonne bourgeois-bohème-branché. Peu importe, Occupied, c'est fascinant.

La chaîne ARTV devait relayer ce thriller géopolitique scandinave pendant la saison 2015-2016, mais ne l'a pas encore fait. Il semblerait que la date de diffusion a été repoussée à l'automne. Comme on dit à Oslo: il faudra s'armer de talmodighet (selon Google, ça veut dire patience). Pa gjensyn!