Naguère, pour se démarquer dans une téléréalité québécoise, il fallait exhiber des pectoraux soufflés ou des seins gonflés, se comporter comme une bitch de première ou un douchebag fini et enfiler les vêtements les plus minuscules offerts chez Jack & Jones.

Aujourd'hui, pour participer à une émission similaire, il faut aimer les bottines en feutrine, siroter du café d'avoine comme Séraphin et apprécier le doux confort d'une vieille veste en laine bouillie, style quêteux du village.

Après La ruée vers l'or, Destination Nor'Ouest et La grande traversée, qui recréera cet été l'arrivée par bateau des premiers habitants de la Nouvelle-France, au tour de la chaîne Historia de plonger dans la téléréalité rustico-patrimoniale avec Le lot du diable.

Concept: 14 concurrents établiront une colonie en pleine forêt à l'image de ce qui a été défriché en Abitibi dans la décennie 1930. À gagner: 100 000 $ en argent comptant pour celui ou celle qui aura survécu à ce croisement entre Survivor et Les pays d'en haut.

Le baluchon de départ de ces néo-colons comprendra un bloc de savon noir ainsi qu'une brosse à dents rudimentaire, un coffre à outils de l'époque, de même que du lard salé, des pois secs, de la mélasse et de la farine pour cuisiner des repas.

Zéro confort en vue sur ce plateau, qui s'installera tout de même près d'une source d'eau potable.

Comme le tournage du Lot du diable se déroulera pendant tout le mois d'août prochain, dans un endroit qui n'a pas été dévoilé, pas besoin de sortir pelisses et chapeaux de poils. De simples vêtements de travail, identiques à ceux des vrais pionniers de l'Abitibi, garniront la garde-robe des 14 courageux - ou inconscients, tout dépendant de votre point de vue sur cette expérience immersive produite par Zone 3.

Toutes les semaines, l'animateur du Lot du diable, rebaptisé l'inspecteur de colonie, soumettra ses 14 braves à la tentation de la modernité en leur offrant une douche à l'eau chaude, un appel téléphonique ou une scie mécanique pour accélérer les travaux.

Les épreuves d'élimination impliqueront, par exemple, de dessoucher une terre hostile, de construire un poulailler ou d'ériger une cabane sans l'aide du conseil chez Home Depot.

Il faudra bûcher, dans les deux sens du terme. Vous aurez été avertis.

Historia cherche des candidats de plus de 18 ans. Des gens débrouillards, hommes ou femmes, n'ayant pas peur du déracinement, du gros travail manuel et des odeurs corporelles naturelles, on imagine. Visitez le site web de la chaîne pour remplir le formulaire d'inscription. Le recrutement se bouclera le 15 avril et Le lot du diable entrera en ondes à l'hiver 2017.

C'est fou à quel point le passé hante actuellement le présent sur nos écrans. Les pays d'en haut cartonne à Radio-Canada et le film Chasse-galerie envahit les salles de cinéma partout au Québec. Fabienne Larouche concocte aussi une grande télésérie sur l'arrivée des filles du Roy, en 1663, à Ville-Marie, le premier nom de Montréal.

D'ailleurs, parlant d'émissions historiques, l'auteur des Pays d'en haut, Gilles Desjardins, a précisé qu'un aller-retour Montréal-Lowell en 1886 s'effectuait en moins de 12 heures de train et qu'il coûtait 20 $. La liaison était assurée par la Passumpsic Railroad.

On ne pourra pas accuser ce scénariste d'avoir bâclé ses recherches. Reste que c'était surprenant, lundi soir, de voir Séraphin et Alexis se téléporter d'un village à l'autre le temps d'un claquement de doigts.

Bouleversantes retrouvailles

Nous avons eu droit à une scène poignante fort bien jouée dans l'épisode d'Unité 9 relayé mardi soir. Le père de Jessica (Julien Poulin) s'est rendu pour la première fois à Lietteville visiter sa fille (Geneviève Schmidt), qu'il avait reniée quelques années auparavant. Les regards embués, les gestes mal assurés, les maladresses remplies de tendresse: tout était parfait dans cette rencontre entre deux acteurs doués.

Et c'était pratiquement impossible de retenir ses larmes, notamment quand le paternel a montré qu'il s'automutilait lui aussi. Il s'y est dit énormément de choses en peu de phrases. De l'Unité 9 à son meilleur.

Tout de suite après, alerte au divulgâcheur ici, Mémoires vives s'est également conclu sur un moment déchirant quand les quatre grands enfants de Jacques Berthier (Gilles Renaud) criaient «papa» sur le bord de la rivière où son corps a été englouti.

Encore une fois, l'auteure Chantal Cadieux ne ménage pas son héroïne Claire (Marie-Thérèse Fortin): son ex-mari s'est probablement noyé, son copain actuel (Frédérick De Grandpré) a été abattu en pleine rue et sa meilleure amie Andrée (Dominique Quesnel) a été kidnappée par un maniaque.

Du côté d'O' à TVA, nous avons vu de superbes images de coucher de soleil, alors que Solange (excellente Micheline Lanctôt) répandait les cendres de son fils dans le lac. Mettons que ce fut un mardi soir particulièrement intense pour les émotions dans les feuilletons.