Je m'attarde au moindre détail insignifiant dans les téléséries, tant québécoises qu'américaines, que je consomme. C'est plus fort que moi. C'en est presque une maladie mentale.

Aviez-vous remarqué que Béatrice (Sophie Lorain) avait troqué son Tiguan contre une Mini Cooper dans Au secours de Béatrice ? Moi, oui.

Autre obsession incontrôlable : les téléphones. Quand Jacqueline (Marie Tifo), du téléroman O', ou Aria, dans Pretty Little Liars, tiennent leur portable à l'envers, ça me fait hurler. Comment arrivent-elles à comprendre leurs interlocuteurs ? Comme nous le chante la belle Adele sur tous les postes de radio de la Terre : « Allô de l'autre côté (du cellulaire), m'entends-tu ? » ?

Toujours au sujet des gadgets électroniques, la famille O'Hara a-t-elle obtenu un rabais de groupe pour ses appareils de marque Samsung ? On placote, là. Et si un personnage décroche un téléphone fixe, je compte systématiquement le nombre de tonalités, qui égalent le nombre de touches enfoncées. S'il n'y en a pas 10, impossible que l'appel passe.

Vous voyez, le potentiel de détection d'erreurs et de broutilles est infini. Voilà pourquoi j'adore The Knick, la géniale série médicalo-historique mettant en vedette le talentueux acteur Clive Owen.

D'abord, ça se déroule en 1901 et ça neutralise ma névrose en matière de marques de voitures ou de fabricants de cellulaires. Ensuite, les producteurs soignent maladivement les textes, les décors et les costumes afin qu'aucun anachronisme ne contamine notre écoute (merci !).

Aussi, cette deuxième saison de The Knick, que j'ai engloutie en trois jours, au début du mois, surclasse la première, déjà excellente.

Quelques infos pratiques, avant de poursuivre. Super Écran 4 relaiera le premier épisode de The Knick 2 ce jeudi à 21 h. Vous pouvez présentement acheter toute la série sur iTunes ou la commander par le service de vidéo sur demande de HBO Canada.

Le Knick, c'est le diminutif de l'hôpital new-yorkais Knickerbocker, où le DJohn Thackery (magnétique Clive Owen), cocaïnomane et héroïnomane, poursuit son exploration de la chirurgie moderne.

Comprendre : The Knick regorge d'opérations particulièrement gore, encore plus que dans le premier chapitre. Celle du patient scalpé vous lèvera le coeur. Celle de la rhinoplastie, à la manière de 1901, vous procurera des frissons de dégoût.

Mais au-delà du facteur sanguinolent, The Knick distille des propos hyper contemporains pour une série dite d'époque. Il y est question d'émancipation des femmes en milieu de travail, d'une montée de l'intolérance envers les immigrants et de discrimination envers les Noirs. Des sujets qui font, eh oui, les manchettes de 2016.

The Knick montre également que la construction d'un grand hôpital se fait rarement sans retards ni magouilles. Bonjour, le Centre de santé universitaire McGill.

Ce recul historique nous permet, en tant que téléspectateurs, de voir se dessiner les grands mouvements sociaux avant les protagonistes, ce qui nous procure un agréable sentiment de supériorité intellectuelle, il faut l'avouer.

Par exemple, la montée de l'eugénisme, qui séduit pourtant les bourgeois influents de New York, on le sait que ça va très mal finir. Et on aurait le goût de secouer le DGallinger (Eric Johnson) pour qu'il se dissocie de ces idées racistes et dangereuses.

Même si elle nage à contre-courant de l'Église catholique, on le sait que la soeur défroquée Harriet (Cara Seymour), celle qui a pratiqué des avortements clandestins, doit poursuivre ses efforts en matière de santé publique. On l'encourage donc, dans nos salons, à confectionner davantage de condoms artisanaux.

Visuellement, les 10 épisodes de The Knick 2 brillent à l'écran. Tout ça grâce au talent du cinéaste Steven Soderbergh (Magic Mike, Ocean's Eleven), qui les réalise tous. Pas seulement un ou deux, comme David Fincher pour House of Cards. La musique électronique qui pulse dans les corridors de l'hôpital est hypnotisante, angoissante.

Parlant de stress, attendez de voir comment le DThackery s'y prendra pour boucler une intervention risquée lors de la finale de The Knick. Je gagerais un gros brun que vous n'avez jamais rien vu d'aussi déroutant.

Comme le contrat liant Clive Owen à The Knick est expiré, la chaîne Cinemax n'a toujours pas renouvelé (ou torpillé) cette série. Sans rien divulgâcher, le point focal de The Knick pourrait se déplacer de la chirurgie à la psychanalyse.

Pour terminer dans les émissions médicales, je renvoie des fleurs à Au secours de Béatrice de TVA, une émission remplie d'humanité, de réflexions pertinentes et de tendresse. Oui, c'est bien, les rebondissements en télévision. Mais une émission qui fait autant de bien, ça n'a pas de prix.

Photo fournie par Super Écran

Photo fournie par Super Écran

Andre Holland dans le rôle du Dr Algernon Edwards.