Une réplique, un punch, exactement comme dans l'exquise sitcom Rumeurs. Voilà ce à quoi je m'attendais en allant visionner en primeur les trois premiers épisodes de la nouvelle comédie Boomerang, que TVA lance (alerte au jeu de mots !) lundi à 19 h 30 contre Les Parent à Radio-Canada et De garde 24/7 à Télé-Québec.

Ce n'est pas du tout ça. C'est drôle, bien sûr, mais toujours avec une bonne rasade de réalisme. En fait, le ton général de Boomerang évoque beaucoup celui d'Un sur deux, très feel-good, sur un rythme plus accéléré. On n'y vise pas le gag à tout prix, question de conserver la vérité dans l'histoire de ces deux trentenaires forcés de camper dans le sous-sol des parents de la femme après une spectaculaire faillite.

Le couple sur qui repose Boomerang, à la télévision comme dans la vraie vie, est adorable. Il s'agit de Karine (Catherine-Anne Toupin, qui a eu l'idée de la série), une femme de 34 ans, désorganisée et angoissée, qui se cherche encore une carrière. Son amoureux Patrick (Antoine Bertrand), gagnant de la téléréalité Les étoiles de la cuisine, a ouvert un resto qui a hélas ! bouffé toutes les économies du couple. Patrick, c'est le gars cool, beaucoup trop optimiste.

Les premières images de Boomerang nous montrent Karine et Patrick qui dorment dans leur voiture bourrée d'effets personnels. N'importe quel couple aurait explosé en s'enfonçant aussi profondément dans le malheur. Pas Karine et Patrick, qui s'aiment énormément.

Ce sont deux « tout-croches » sympathiques, dont les maladresses les rendent encore plus attachants.

Complètement cassés, Karine et Patrick atterrissent donc chez les parents banlieusards de Karine, joués par les excellents Marc Messier et Marie-Thérèse Fortin. C'est ici que le plaisir de la colocation commence.

Nouveau retraité, Pierre (Marc Messier) se collette régulièrement avec son gendre, qui prend énormément de place. La contrôlante Monique (Marie-Thérèse Fortin) est plutôt coincée et a la mèche courte. Cela fait du bien de voir Marie-Thérèse Fortin moins tourmentée que dans Mémoires vives, où elle est quasiment frappée toutes les semaines par une des dix plaies d'Égypte.

Le reste de la distribution de Boomerang est tout aussi solide. Magalie Lépine-Blondeau campe la soeur de Karine, la belle Stéphanie, une beauté désespérée du 450 un peu simple d'esprit, toujours habillée comme dans une pub de Club Monaco. Encore ici, c'est agréable de voir Magalie Lépine-Blondeau dans un autre rôle autre que celui de la séductrice.

Émile Proulx-Cloutier, qui joue souvent les bons gars (30 vies, Toute la vérité), enfile le costume du chien sale à Sylvain, l'époux de Stéphanie plein aux as. En voilà un que nous prendrons plaisir à haïr dans les prochaines semaines.

Il ne faut surtout pas oublier Fabien Cloutier, alias Sylvain, un entraîneur de gym à tendance douchebag, dont le charme opère de façon, comment dire, mystérieuse ?

Le réalisateur Charles-Olivier Michaud (Snow & Ashes, Sur le rythme), qui signe sa première série télé, a lui-même été un enfant boomerang. À 28 ans, après des études en cinéma à Los Angeles, il est rentré chez ses parents, en banlieue de Québec, avec zéro dollar dans son compte de banque.

C'est un collectif d'auteurs qui signe les 12 demi-heures de Boomerang, dont François Archambault, Isabelle Langlois, Caroline Allard, Anita Rowan, Isabelle Pelletier, Daniel Thibault et Stéphane Dompierre. La deuxième saison, déjà tournée, a été conçue de la même façon, avec un bataillon de scénaristes dirigés par Pierre-Yves Bernard (Minuit le soir).

La comédie Boomerang gagnerait, selon moi, à être plus épicée, plus audacieuse.

L'énorme succès des Beaux malaises a prouvé que les téléspectateurs apprécient - à coups de millions - l'humour qui repousse les limites.

Et la touche magique d'Isabelle Langlois (Rumeurs, Mauvais karma), la meilleure auteure de comédie au Québec, devrait plus s'y faire sentir. On détecte ici et là des répliques classiques à la Isabelle Langlois, mais il en manque, je trouve.

QUELQUES ADIEUX

Chers lecteurs et téléphages assumés, je vous abandonne quelques semaines afin de réaliser un projet bien spécial, mais top secret. N'ayez crainte, je vous retrouverai rapidement ici, c'est garanti. Comme un boomerang, je peux partir loin, loin, loin, mais je reviens toujours au même endroit. Ou presque !