Ça pourrait porter le titre d'Unité orange tellement c'est un hybride parfait entre Orange is the New Black et Unité9. Ça s'appelle plutôt Wentworth, ça se déroule dans une prison pour femmes, en Australie, et c'est mon gros coup de coeur télé des dernières semaines.

Merci aux lecteurs qui m'ont dirigé vers ce produit de grande qualité, dont les trois premières saisons se dévorent présentement sur Netflix. Par contre, Wentworth ne possède pas de piste en français, seulement des sous-titres. Autre avertissement: l'accent australien de même que le langage «de la rue» s'apprivoisent après plusieurs écoutes attentives.

Wentworth, c'est le nom de l'établissement carcéral au coeur des intrigues. Wentworth, Lietteville ou Litchfield, même combat. On y pénètre, comme dans Unité 9 et Orange is the New Black, en suivant l'incarcération d'une femme issue de la classe moyenne, sans antécédent judiciaire, sans historique de criminalité.

La nouvelle détenue, Bea Smith, est coiffeuse. Elle est maman d'une adolescente de 16 ans, Debbie. Et pourquoi Bea enfile-t-elle l'uniforme bleu ciel de la prison de Wentworth? Parce qu'elle a tenté d'assassiner son mari Harry, qui la battait à répétition. Le vrai motif de l'attaque a toutefois été caché à la police.

En entrant à Wentworth, Bea se retrouve donc à laisser la garde complète de sa fille à son mari fêlé du chaudron. Imaginez sa détresse et son inquiétude.

Évidemment, Wentworth n'est pas une colonie de vacances et Bea se frottera rapidement à l'épineuse Franky Doyle, ancienne vedette de téléréalité en pleine guérilla de pouvoir contre la doyenne de Wentworth, la redoutable et cruelle Jacs Holt. Franky est jeune, lesbienne et très vive. Dans la fin cinquantaine, Jacs utilise la peur et la violence pour asseoir son autorité. C'est une Marraine manipulatrice et totalement dépouillée d'empathie. Quel beau personnage.

La rivalité explosive entre Franky et Jacs, au centre de cette première saison de Wentworth, entraînera Bea dans l'horreur. J'exagère à peine. À l'image de la série Oz de HBO, Wentworth montre des scènes de torture à l'eau bouillante ou au fer à repasser. Soyez-en avertis. Dans la cour extérieure, les deux factions s'épient. Une émeute éclate même au premier épisode et un personnage clé se fait zigouiller entre deux portes.

Contrairement à la naïve Pier Chapman dans Orange is the New Black, Bea s'adapte très vite au monde parallèle et impitoyable dans lequel elle a été projetée.

Le gros problème avec Bea découle justement de ce masque impassible qu'elle porte en permanence dans les corridors ou à la cafétéria. Difficile pour le téléspectateur de s'attacher à une femme qui affiche un air bête en permanence. Il faut être honnête: la Bea de Wentworth n'a pas la chaleur ni le capital de sympathie d'une Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) dans Unité 9.

Mais attendez. Ce qui arrive à Bea dans les dernières heures de la première saison - oh, mon Dieu! - nous force quasiment à prendre pour elle dans la guerre des clans qui déchire les unités.

Wentworth, une télésérie inspirée du feuilleton Prisoner, diffusé entre 1979 et 1986, est une série graveleuse, dure et réaliste dans l'esprit de Breaking Bad. Les femmes qui y ont été enfermées n'ont pas été victimes du «système» ou d'un milieu de vie défavorable. Elles ont véritablement défiguré des gens, tué des innocents et écoulé des quantités de drogue incalculables.

Comme dans Orange is the New Black, le passé des détenues nous est raconté en flashback. Et comme dans Unité 9, Wentworth navigue dans les zones de gris. Il faut toujours se méfier des personnes trop affables ou, à l'opposé, psychorigides au possible. Même les gardiens de prison, dont la directrice Erica et son assistante Vera, cultivent très bien leurs jardins secrets. C'est fascinant.

Il y a Liz, qui préside en quelque sorte le comité des détenues, mais qui n'est pas aussi forte qu'elle ne le démontre. Il y a Boomer (une de mes préférées), une armoire à glace pas trop futée qui parle avec ses poings. Il y a Toni la junkie. Et il y aura aussi une détenue transgenre dans la deuxième saison.

Wentworth et Orange is the New Black se ressemblent beaucoup sur papier. Par contre, le ton plus noir et l'aspect plus rude de Wentworth propulsent cette émission dans une catégorie haut de gamme. Vous m'en donnerez des nouvelles.

Sur cette super recommandation télé, je vous abandonne, chers lecteurs, pour quelques semaines de vacances. Je vous (nous) souhaite beaucoup de soleil, pas trop de canicule, des baignades au chalet, des apéros bien frais sur la terrasse, une pile de bons bouquins, des pique-niques au parc et plein de barbecues entre amis.

C'est un peu ma version de la recette du bonheur de l'épicier Metro, mais sans la ritournelle qui reste dans le coco!