On ne se fera pas de cachotterie, les amigos: la troisième saison d'Orange Is the New Black, offerte en anglais et en français sur Netflix depuis le 12 juin, n'est pas la plus captivante, malheureusement.

La brutale guerre de gangs qui avait terrorisé la prison de Litchfield l'an dernier a été remplacée par une infestation massive de punaises de lit (toutes les femmes en bobettes!), des repas infects à la cafétéria et un culte bizarre voué à la prisonnière muette Norma, dont le visage apparaît même sur une tranche de pain grillé.

Le ton plus léger des épisodes colle moins bien à l'univers anxiogène et étouffant que constitue un centre de détention fédéral. Dépouillée de cette tension sourde, l'émission perd du croustillant. 

Tenez, les détenues ne craignent même plus d'être zigouillées en allant prendre leur douche, ce qui aurait été impensable sous le régime de terreur implanté par la diabolique Vee.

Et que dire de l'intrigue «d'espionnage» mêlant la nouvelle prisonnière Lolly et la récidiviste Alex? Inutile et interminable.

Ceci dit, j'ai tout de même dévoré les 13 épisodes d'Orange Is the New Black 3 en moins d'une semaine. Que voulez-vous, je les aime, ces personnages-là, avec tous leurs défauts et leurs imperfections. 

Mes préférées? Black Cindy la grande trappe, Taystee la comique et Mendoza la cuisinière rebelle.

Ce qu'il y a de formidable dans Orange Is the New Black, c'est la diversité qui s'y affiche avec fierté. La diversité dans les corps atypiques des actrices, dans les accents de partout, dans les âges, dans les nombreuses langues parlées, dans les couleurs de peau, dans le spectre des religions, dans les orientations sexuelles, dans les niveaux d'éducation et dans les classes sociales.

C'est ce qui manque dans Unité 9, qui gagnerait encore plus d'adeptes si elle était un peu moins proprette, je trouve.

Il n'y a pas beaucoup de téléséries qui explorent autant de sujets de société, comme les agressions sexuelles (Pennsatucky), l'alcoolisme (Poussey) ou la maladie mentale (Crazy Eyes), avec un casting aussi éclectique. 

Dans ce troisième chapitre d'Orange Is the New Black, le téléspectateur découvre le passé musulman d'une détenue et la conversion au judaïsme d'une autre. Une des filles de Litchfield a également vécu dans une communauté amish de la Pennsylvanie. Devinez laquelle.

Il n'y a que dans Orange Is the New Black que les conversations sautent de l'anglais, à l'espagnol et à l'allemand sans que les fidèles rouspètent après les sous-titres. Les dialogues truffés de sacres et de références au sexe sonnent vrai et font écho aux milieux difficiles où ont grandi les Dayanara, Aleida et Red de la prison.

Il n'y a que dans cette télésérie que les personnages ont l'air d'en arracher gravement avec leurs sourires troués par la drogue, leurs cicatrices apparentes, leur couperose et leurs tatouages approximatifs, à l'opposé de ceux des hipsters d'aujourd'hui.

Orange Is the New Black n'ignore pas le racisme et la discrimination qui sévissent en prison, au contraire. Les Noires se serrent les coudes à la cafétéria, les latinas bavassent dans la cuisine, les junkies se tiennent dans la buanderie, et faites gaffe à celle qui brisera cet équilibre fragile.

Ce troisième chapitre aborde un autre thème chaud ces temps-ci, soit la transphobie. Un homme qui complète sa transition peut-il espérer, un jour, être considéré comme une «vraie» femme? La coiffeuse Sophia, jouée par l'actrice transgenre Laverne Cox, apprendra à ses dépens ce qu'il en est.

Orange Is the New Black est une des rares productions où le recours systématique aux retours dans le passé n'est pas agaçant. 

Comme les prisonnières discutent très peu de leurs familles, c'est de cette façon que nous découvrons ce qui les a façonnées. D'où viennent le mutisme de Norma et son attrait pour la spiritualité? Connaît-on vraiment le parcours inusité de Chang, qui a peut-être prononcé trois phrases depuis le début? Qu'est-ce qui a déclenché la rage qui consume Big Boo depuis si longtemps? Et Soso a-t-elle toujours été aussi parfaite?

Même le sympathique Joe Caputo, le patron de Litchfield, a droit à son flashback, tout comme le gardien de prison unijambiste Bennett, celui qui a mis Daya enceinte.

La privatisation de la prison de Litchfield, qui s'amorce au quatrième épisode, apporte quelques éléments intéressants à la grande histoire. Reste que les relations entre les détenues demeurent pas mal plus palpitantes qu'une mésentente entre un fils gestionnaire et son papa dirigeant d'une mégasociété commerciale.

Les fans d'Unité 9 remarqueront que la fabrication de sous-vêtements a aussi fait son entrée dans Orange Is the New Black 3. Heureusement pour notre héroïne blonde Piper, qui se métamorphose quasiment en caïd, ce procédé ne sent pas toujours bon.

Sans rien divulgâcher, il faut absolument voir la séquence finale du 13e et dernier épisode de la saison. Le sentiment de liberté qui envahit ces femmes maganées par la vie est magnifique à regarder. Pour une rare fois, la vie n'est ni noire ni orange à Litchfield, mais un peu plus rose.