En juin dernier, le magazine Time a vu très juste en affichant sur sa couverture l'actrice transgenre Laverne Cox, vedette de la télésérie américaine Orange Is the New Black, sous le titre annonciateur: «un tournant pour le mouvement trans».

Depuis, les choses ont déboulé pour les transgenres à la télévision, faisant voler en éclats plusieurs tabous et préjugés. D'abord, Laverne Cox, 30 ans, a été recrutée par CBS cette semaine pour tourner le pilote de la télésérie juridique Doubt, où elle tiendrait un rôle très costaud.

L'automne dernier, Laverne Cox a été la première actrice transgenre à décrocher une nomination aux Emmy Awards - l'équivalent des Gémeaux du petit écran américain - et reprendra son personnage de coiffeuse à la prison de Litchfield dans la troisième saison d'Orange is The New Black, que Netflix rendra disponible en juin.

Ensuite, la comédie dramatique Transparent d'Amazon, qui raconte avec beaucoup de sensibilité la transition d'un professeur à la retraite, a raflé deux Golden Globes en janvier, dont un pour son acteur principal, Jeffrey Tambor (Arrested Development), extraordinaire dans la peau du papa qui fait son coming-out transgenre à ses trois enfants.

C'est touchant et pas du tout caricatural. Au Canada, le service en ligne Shomi de Rogers et Shaw est le seul à offrir légalement les dix épisodes de Transparent. Coût de l'abonnement: 8,99 $ par mois. Ça vaut vraiment la peine de s'y attarder.

Cette exposition médiatique «grand public» adoucit certaines idées préconçues envers ces hommes ou femmes nés dans le mauvais corps. «C'est une réalité. Il faut en parler. Plus ça devient visible, moins les obstacles deviennent gros à surmonter. La médiatisation contribue à démystifier les choses», explique Monica Bastien, 56 ans, présidente de l'Aide aux trans du Québec (ATQ).

Dans cette reconnaissance de plus en plus grande de la communauté trans, il ne faut surtout pas oublier d'inclure Bruce Jenner, ancien athlète qui a remporté le décathlon aux Jeux olympiques de Montréal en 1976. Selon plusieurs médias américains crédibles, Bruce Jenner, le beau-père de Kim Kardashian, entre autres, aurait amorcé sa transition en femme et préparerait même une docusérie sur son cheminement.

Depuis plusieurs mois déjà, les paparazzi des tabloïds se régalent de la transformation semi-publique de Bruce Jenner, 65 ans, qui, lui, garde le silence le plus complet à ce sujet. Bruce peint ses ongles de la même couleur que ceux de ses filles! On voit ses seins sous son t-shirt! Bruce n'a plus de pomme d'Adam! Ses lèvres ont été gonflées!

Il y a quelque chose de très dérangeant dans la manière intrusive dont les magazines artistiques traitent du changement de sexe de Bruce Jenner, qui n'a absolument rien de banal, dois-je le rappeler. Pour qui n'a pas vécu ce long processus, il est assez difficile de s'imaginer ce que l'ex-olympien peut traverser présentement.

En même temps, direz-vous, Bruce Jenner fait partie d'un clan élargi qui a fait fortune en livrant à la presse pipole ses secrets les plus intimes. Normal que les publications de type Us Weekly s'attendent à ce que Bruce Jenner leur jase de cette période charnière - et très personnelle - de sa vie.

Bruce Jenner est une grosse vedette de la télé aux États-Unis. Il est le beau-père de Kim, Khloé, Kourtney et Rob Kardashian, qui apparaissent toutes les semaines dans la téléréalité Keeping Up With The Kardashians sur la chaîne E!. Sa fille Kendall Jenner, 19 ans, mène une carrière de top modèle, tandis que ses deux fils, Brody et Brandon, ont été les têtes d'affiche des émissions The Hills et The Princes of Malibu.

La suite de l'histoire de Bruce Jenner pourrait emprunter deux chemins totalement opposés: soit son récit sensibilisera davantage les Américains au quotidien difficile des transgenres, soit il virera au cirque.

Pour l'instant, c'est le deuxième scénario qui se réalise, et c'est désolant. Car ce qu'accomplit Bruce Jenner demande énormément de courage. Pensez-y quand vous commenterez sa dernière photo «scandaleuse» sur TMZ.

JE LÉVITE

La bande sonore de Fifty Shades of Grey

Le premier livre de la trilogie n'était pas terrible. Le long métrage a peu de chances de gagner un Oscar. Au moins, la bande sonore de ce film ultra médiatisé est plus que potable, avec sa collection de titres éclectiques interprétés par The Weeknd, Frank Sinatra, Sia, Ellie Goulding, Annie Lennox et Beyoncé, dont le remix de Crazy in Love est vraiment bien.

JE L'ÉVITE

Le marmonnage à la télé

Chers acteurs et actrices québécois, trop souvent, vous parlez beaucoup trop vite à la télé. Vous mâchez certains mots ou vous marmonnez. Résultat: nous n'entendons pas toutes vos répliques et ce n'est pas super agréable. Dans le même registre, serait-il possible pour les producteurs de baisser le niveau de la musique pendant des scènes pivots? Ça aussi, parfois, ça enterre le texte.