C'était frappant à quel point les candidats ont pratiquement tous foulé la scène de La voix hier soir avec des baluchons remplis d'expériences professionnelles diverses. Où se cachaient donc les chanteurs amateurs, ceux qui n'ont jamais emprunté les chemins des concours de Granby ou de Ma première Place des Arts ?

Une des belles surprises de cette troisième ronde des auditions à l'aveugle, Alicia Moffet, 16 ans, de Saint-Lazare, a remporté en 2013 la téléréalité The Next Star de la chaîne YTV au Canada anglais. Elle a repris le classique At Last d'Etta James, que l'on entend ad nauseam dans ce type de télé-crochet, et a opté pour l'équipe de Marc Dupré, qui l'amènera sûrement dans les rondes finales. À surveiller, cette Alicia. Beaucoup de potentiel.

Ensuite, Myriam Arseneau, 18 ans, est un visage familier au Nouveau-Brunswick, où elle a assuré les premières parties de Lisa LeBlanc, Marie-Jo Therio et des Hay Babies. Choix audacieux pour Myriam, qui a sélectionné Ne reviens pas de Salomé Leclerc, un titre moins grand public et pas évident à bien rendre.

Puis, la chanteuse frondeuse Félicia Tremblay, 28 ans, de Saint-Jérôme, gagnante de Ma première Place des Arts en 2010, a presque convaincu tous les juges avec Ma liberté de Serge Reggiani. Je l'ai trouvée un brin trop baveuse avec Éric Lapointe. Ce genre d'attitude agressive ne passe pas bien à la télé, je trouve.

Accompagnateur des formations québécoises Sky, Dubmatique et Bran Van 3000, Sule Heitner, 42 ans, de Pierrefonds, est passé à l'étape suivante à l'arraché quand Marc Dupré a enfoncé son bouton rouge sur la dernière note de sa reprise de Crazy, du chanteur Seal.

La toute première chanteuse à empoigner le micro hier, Tatiana Garrido, 37 ans, de Granby, a obtenu du succès au Chili, le pays d'origine de ses parents. Sa voix « virile et féminine » s'est parfaitement mariée au classique du blues Hoochie Coochie Man, popularisé par Muddy Waters dans les années 50.

Je l'admets, je préfère les concurrents qui sortent de nulle part, comme Catherine Avoine, 40 ans, de Chambly, dont le Hallelujah de Leonard Cohen a bouleversé sa coach Isabelle Boulay. C'est ce qu'on appelle mettre ses tripes sur la scène devant plus de 2 millions de téléspectateurs.

Je l'admets, j'aime que La voix serve de tremplin à un laveur de vitres, comme Jean-Sébastien Michaud, 29 ans, recruté à la dernière seconde par Pierre Lapointe, qui a détecté dans « ce fils à maman » un auteur-compositeur-interprète de talent.

La voix, c'est aussi un énorme coup de pouce pour des artistes débutants comme Pierre-Luc Belval, 19 ans, le Jonny Lang de Sainte-Sabine, qui sonne comme un bluesman de 60 ans. J'aime que La voix catapulte en orbite des visages jusqu'ici peu connus et que cette émission canon devienne un véritable conte de fées pour un des participants.

Hier, c'était impossible qu'Éric Lapointe ne se retourne pas pour l'ingénieur de son - et rockeur accompli - Sylvain Auclair, 43 ans, de Montréal. Ce dernier a refait Best of You des Foo Fighters, un type de chanson qui ne résonne pas habituellement sur les ondes de TVA. Soudés par le rock, Éric Lapointe et Sylvain Auclair étaient quasiment habillés de façon identique. « Ils avaient le même petit kit », a remarqué Marc Dupré.

Parmi les performances à oublier, celle du duo italo-montréalais Dolceamare (sur Do What U Want de Lady Gaga), qui a été cacophonique au cube. Une bataille de criage ? Non, merci.

Chez les coachs, j'appuie publiquement Marc Dupré, mais je commence de plus en plus à apprécier Éric Lapointe. Il se décarcasse toujours pour hameçonner de futures stars. Et même quand Éric Lapointe se fait revirer comme une crêpe, il garde le sourire et reste bon joueur. Chapeau.

Avec ce climat de type Sibérie, les audimètres de Numeris ont dû exploser hier soir avec le Super Bowl à RDS, Tout le monde en parle à Radio-Canada et ce troisième chapitre de La voix. Il reste encore deux autres tranches d'auditions à l'aveugle pour compléter les équipes. Avons-nous déjà vu le prochain Yoan Garneau ou la future Valérie Carpentier ?