On assiste présentement au retour en force du sketch, du jeu physique et d'un humour plus burlesque à la télévision québécoise. Je pense à SNL Québec, aux capsules Le 16h de Télé-Québec et aux millions de Québécois qui se délectent encore des personnages exagérés du Bye bye.

Super Écran se joindra au mouvement en diffusant en juin l'adaptation québécoise de la sitcom Mrs. Brown's Boys, rebaptisée chez nous Madame Lebrun, une production de la succursale écossaise de la BBC. Le rôle principal de cette comédie irrévérencieuse, celui d'une grand-maman de 69 ans à la langue bien pendue, a été confié à Benoît Brière.

Le fait que le personnage pivot féminin - une sorte de Mme Doubtfire un brin vulgaire - soit joué par un homme fait partie du concept original de la série européenne. Un peu comme Moman dans La petite vie, mais en plus réaliste. «Finalement, je pense que je vais avoir plus souvent gagné ma vie comme acteur en portant des robes», blague Benoît Brière, qui a incarné Maman B. dans les pubs de Bell au milieu des années 90, en plus de participer à La Cage aux folles.

L'acteur, aperçu récemment dans 30 vies, poursuit: «C'est clair que je vais être sujet à la comparaison. Mais ce sera complètement différent. La maman de Bell avait un côté propret. Dans Madame Lebrun, on est dans le franc-parler.»

Veuve depuis plusieurs années, Mme Lebrun (Agnes Brown dans la version de la BBC) habite une modeste maison dans un quartier populaire. Physiquement, elle ressemble à un mélange de Susan Boyle et une des quatre Golden Girls. On jurerait que son salon rococo et sa cuisine surchargée sortent de l'excellente sitcom américaine Roseanne

«Les Lebrun ne sont pas extrêmement pauvres, mais pas très bien nantis non plus. C'est une famille tricotée trop serré, où les membres manquent d'air», constate Benoît Brière.

Tout cela en raison de la curiosité mal placée de Mme Lebrun, qui se met le nez dans les affaires personnelles de chacun de ses six grands enfants, dont plusieurs habitent encore chez elle. Un d'entre eux travaille comme mascotte. Un autre est coiffeur. Et la seule fille de Mme Lebrun s'est métamorphosée en célibataire frustrée.

Les 10 épisodes de 30 minutes de Madame Lebrun seront tournés devant public, une pratique courante à la télé américaine (2 Broke Girls, Two and a Half Men ou The Big Bang Theory), mais presque disparue au Québec depuis Histoires de filles à TVA. «C'est quasiment du théâtre filmé. C'est propice à des situations loufoques et des costumes loufoques», remarque Benoît Brière.

En plus de signer la mise en scène de Madame Lebrun, René Richard Cyr adaptera avec Maryse Warda les textes du comique irlandais Brendan O'Carroll, le créateur de Mrs. Brown's Boys. C'est aussi Brendan O'Carroll qui incarne Mme Brown sur la BBC.

J'ai regardé (vive YouTube!) quelques épisodes de Mrs. Brown's Boys hier. Ça ressemble beaucoup à ce que fabrique l'humoriste américain Tyler Perry avec sa série de films à succès mettant en vedette son personnage de Madea, une grand-mère excentrique. Les critiques détestent Madea et Mme Brown, mais les fans rient à gorge déployée des nombreux moments de slapstick et des gags soulignés à gros traits. Chacun ses goûts.

Un sans-abri convaincant

Claude Robinson démarre sa carrière d'acteur lundi à 19h dans la série 30 vies de Radio-Canada. Pendant quatre épisodes, il y incarnera le vieux Pete, un ancien musicien qui vit maintenant dans la rue.

Anecdote amusante, maintenant. Lors d'un récent tournage à l'extérieur des studios de la SRC, Claude Robinson a pris sa pause de lunch dans un casse-croûte sans enlever son costume de clochard. En quittant le resto, un client assis près du créateur de Robinson Curiosité a oublié ses gants sur la table. Hé, ho! Claude Robinson les a récupérés et s'est précipité dehors pour les lui rendre.

Et comment le client, un camionneur, a-t-il réagi devant cet acte de gentillesse? Il a été encore plus affable: «Tu peux les garder, tu en as plus besoin que moi!» Le client n'a jamais reconnu Claude Robinson et l'a pris pour un véritable itinérant. Un nouvel acteur serait-il né?

Le chiffrier du lundi

Ça se colletaille pas mal plus que je ne l'avais imaginé: Lance et compte (1 072 000 curieux) a eu le dessus sur Nouvelle adresse (760 000) lundi soir avec une avance de 300 000 téléspectateurs. C'est un écart beaucoup moins important que celui qui séparait Série noire des Jeunes loups l'hiver dernier. À Radio-Canada, Nouvelle adresse a décroché sa meilleure cote d'écoute mesurée en direct depuis sa mise à feu en septembre. La stratégie de rendre disponibles les trois premiers épisodes de Nouvelle adresse pendant les Fêtes semble avoir été payante pour Radio-Canada.

À 20h, Yamaska de TVA (1 250 000) conserve sa première place au palmarès et Ce soir tout est permis de V (688 000) fait mal à L'auberge du chien noir de la SRC (750 000).

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