Ça égratigne et ça rit encore plus jaune dans la deuxième saison des Beaux malaises. Toujours épaulé par François Avard dans l'écriture des textes, Martin Matte se permet quelques épisodes assez heavy merci, qui vous feront valser entre le rire bien gras, un joli moment de tendresse et l'inconfort le plus total.

La brillance de cette comédie audacieuse réside justement dans cet équilibre entre le comique, le tragique et le dramatique, qui est rarement rompu. Vous verrez le premier épisode mercredi à 21h sur les ondes de TVA, où l'humoriste baveux aborde le thème de la franchise dans son couple, avec ses enfants ou dans un souper entre amis. Très, très rigolo.

Sans révéler de punch, sachez que toutes les scènes impliquant des marionnettes sont délicieuses. Robert Lepage y fait une courte apparition dans la peau de l'artiste peintre chiant Kirou, pour qui il ne s'est rien fait de bon en humour depuis Molière.

C'est au deuxième épisode (21 janvier), qui parle de pauvreté, que l'on constate à quel point Les beaux malaises peut aller très loin avec certains gags extra grinçants sans franchir la limite du mauvais goût. Oui, Avard et Matte s'approchent de la vulgarité gratuite, mais ils empêchent toujours que ça dérape en incorporant des réflexions touchantes au récit.

Le plus important, c'est que le téléspectateur détecte tout de suite que les deux auteurs ne jugent pas les gens démunis. Autant dans les répliques que dans l'esthétisme, cet épisode très dur m'a beaucoup rappelé la glorieuse époque de l'excellente comédie Les Bougon de Radio-Canada. Vraiment, c'est à voir.

Mise en contexte rapide: Martin Matte accompagne sa fille Florence dans une fête chez son amie Océane. Contrairement aux Matte qui ne manquent de rien, la petite Océane vit dans un milieu (supra) défavorisé. Sa mère sacre aux trois mots, fume comme une cheminée, boit comme un trou et se soucie très peu du bien-être de ses enfants. Leur appartement grouille de poux et de punaises de lit.

Pourtant, Océane semble heureuse. Et Florence ne fait jamais allusion à la pauvreté de sa copine. Est-ce Martin Matte qui serait victime de ses propres préjugés? Il s'agit du meilleur des trois épisodes présentés aux journalistes hier après-midi. Et attendez de voir Océane, qui a sans doute piqué quelques trucs à sa maman, offrir une danse poteau à Martin Matte. C'est tellement gênant que l'on veut entrer dans le plancher.

Dans le troisième épisode (28 janvier), une vidéo mise en ligne sur Facebook plonge Martin Matte dans un pseudo scandale à saveur raciste. Ici, l'humoriste propose une critique intelligente et plutôt juste des médias de masse, qui carburent aux histoires sensationnelles, souvent déformées ou amplifiées par le manque de vraies nouvelles. Vous y découvrirez un animateur à la Denis Lévesque et un commentateur «multiplateforme» baptisé Richard Marineau. Bravo à TVA pour cette autodérision salvatrice.

Le trio d'acteurs principaux des Beaux malaises, formé par Julie Le Breton, Martin Matte et Patrice Robitaille, demeure tout aussi solide. Personne ne joue trop gros, ce qui confère un côté hyperréaliste à cette comédie réalisée par Francis Leclerc avec beaucoup d'ingéniosité.

Pour les lecteurs qui se posent la question, non, les nouveaux personnages introduits dans Les beaux Noël le 31 décembre, dont ceux campés par Geneviève Brouillette, Christiane Pasquier et Normand D'Amour, n'apparaîtront pas cet hiver dans cette seconde saison. Martin Matte se les garde pour le troisième chapitre.

Chacun des épisodes de 2015 se boucle sur une chanson de circonstance, en français s'il vous plaît. Du genre: Depuis de Marc Déry ou Les pauvres de Plume Latraverse. Vous entendrez même du Keith Kouna (la pièce Napalm) dans la première demi-heure. Qui a dit que TVA n'encourageait pas la relève musicale?

Le chiffrier dominical

Les soirées achalandées ont redémarré doucement dimanche à la télé québécoise. Chez TVA, le gala Célébration 2015 a été vu par 1 353 000 téléspectateurs, tandis que l'émission spéciale Ça commence bien l'année a retenu l'attention de 991 000 personnes.

À Radio-Canada, la grande première en direct de la deuxième saison de C'est ma toune n'a captivé que 420 000 curieux, ce qui est moins que Laflaque (444 000) et Découverte (520 000).

Quant aux Golden Globes, environ 184 000 francophones les ont regardés sur CTV. Le gala a récompensé une flopée de nouveautés télévisuelles dont la minisérie Fargo (à voir en premier), le drame The Affair et la comédie Jane the Virgin.

Cette soirée pailletée a aussi donné une tape dans le dos bien méritée aux services de télévision en ligne comme Netflix (pour House of Cards, notamment) et Amazon Prime (pour la comédie dramatique Transparent). Impossible, par contre, de s'abonner à Amazon Prime au Canada. Pas fort, pas fort.

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