Personne ne se plaindra que Réjean Tremblay ait rayé les intrigues moins palpitantes de gourou louche (adieu, Howie Maltais!) ou de gangs de rue haïtiens afin de tricoter essentiellement son histoire autour du hockey et du National de Québec. C'est exactement le plan de match qu'il fallait déployer pour assurer la survie de cette franchise et institution télévisuelle, n'ayons pas peur des mots.

Résultat? Cette neuvième mouture de Lance et compte, qui disputera son premier match lundi à 21h sur les ondes de TVA, surpasse en qualité le dernier chapitre intitulé La déchirure relayé à l'automne 2012.

Depuis 28 ans maintenant, on s'installe devant Lance et compte pour assister à des querelles de vestiaire ou des frasques de joueurs étoiles à l'extérieur de la glace. C'est exactement ce que nous offrent l'auteur Réjean Tremblay et sa productrice Caroline Héroux: un Lance et compte épuré, qui revient à son essence, avec beaucoup plus de scènes tournées sur la patinoire. Bref, du Lance et compte vintage, dans le bon sens du terme. Les drames arrivent aux personnages principaux de Lance et compte que l'on suit et que l'on aime depuis 1986. Pas aux recrues, dont le destin nous intéresse moins.

Je m'attendais à du réchauffé, et j'ai été agréablement surpris par ce Lance et compte 9, où les revirements se succèdent à un rythme plus rapide. 

Visuellement, le réalisateur Frédérik D'Amours, beaucoup plus à l'aise avec la télésérie, s'est gâté en incorporant des scènes 100% testostérone (à la Rapides et dangereux), dont une tournée dans un immense hangar à jets privés. 

C'est aussi ça, Lance et compte: des multimillionnaires qui habitent d'énormes châteaux de banlieue. Sans oublier les belles filles, les véhicules de luxe Mercedes et Audi, de même que de rutilantes motos.

Le premier épisode aligne efficacement les protagonistes: Marc Gagnon (Marc Messier) et Pierre Lambert (Carl Marotte) ne se parlent toujours pas depuis que le premier a congédié le deuxième pour reprendre son poste d'entraîneur-chef. 

Maintenant grand patron du National de Québec, Jacques Mercier (Yvan Ponton) se décarcassera pour amenuiser l'influence qu'exerce le clan Lambert au sein de l'équipe des Bleus. Mercier mettra ainsi sous contrat l'ancien capitaine du Canadien de Montréal, le vétéran Roma Gauthier (Sébastien Delorme), pour faire suer Guy Lambert (Jason Roy-Léveillée), la grande vedette du National qui vient de parapher une entente de 100 millions pour 12 ans.

Guy fréquente encore Joannie (Laurence Dauphinais), qui, elle, exploite la ferme familiale à Roberval. Le jeune Lambert se paiera un hélicoptère pour rendre visite plus souvent à sa douce. Rien de trop beau pour la classe ouvrière.

De son côté, Suzie Lambert (Marina Orsini), toujours en couple avec Marc Gagnon, tentera de tomber enceinte. Le processus de fécondation in vitro ne sera pas de tout repos pour le couple. Du côté du National, le batailleur homosexuel Philippe Lalumière, incarné par Dave Morissette, traverse une période très difficile qui n'annonce rien de bon. À l'opposé, une nouvelle étoile brillera au Colisée, soit Scott Crawford, joué par Joey Scarpellino.

Évidemment, tout n'est pas parfait dans Lance et compte. D'abord, certains acteurs sont trop vieux - et pas en assez bonne forme physique - pour incarner des athlètes professionnels. On se passerait volontiers des gags de «testicules réchauffés» lancés par Marc Gagnon. Et ce n'est pas du tout nécessaire de mettre des répliques vulgaires dans la bouche de Jacques Mercier pour faire ressortir son côté méchant.

Au journal Le matin, Lulu (Denis Bouchard) se plaît toujours à tourmenter le pauvre Maurice Nadeau (Luc Proulx). Enceinte jusqu'aux oreilles au moment du tournage, Bianca Gervais n'a pu reprendre son rôle de l'intrépide reporter Ilsa Trépanier. C'est l'actrice Sarah Dagenais-Hakim, vue dans 30 vies et Trauma, qui l'incarne dorénavant.

Initialement, ce neuvième volet portait le titre de Lance et compte - La finale, question de bien signifier aux amateurs qu'il n'y aurait plus jamais de suite. Les deux derniers mots ont finalement été retirés du générique. Soit Réjean Tremblay a eu un éclair de génie pour Lance et compte - La prolongation, soit TVA avait peur que les téléspectateurs boudent sa série en se faisant répéter constamment qu'elle ne reviendrait pas.

Le pouvoir d'attraction de Lance et compte est indéniable. Les Suzie, Marc et Pierre font partie de notre quotidien depuis presque trois décennies. Est-ce de la nostalgie mal placée? Peut-être. Chose certaine, après avoir vu hier matin les deux premiers épisodes de Lance et compte, j'aurais volontiers regardé le troisième et le quatrième, ce qui est toujours bon signe. 

Go, go, go!

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