«Ça achève.» Fabienne Larouche a échappé ces deux mots révélateurs hier matin, en présentant aux médias le nouveau professeur du Vieux-Havre (Émile Proulx-Cloutier), sans doute pour préparer ses 610 000 fidèles téléspectateurs à l'arrêt prochain de la quotidienne 30 vies, qu'elle scénarise et produit pour la SRC.

«C'est beaucoup de recherche, 30 vies. C'est plus difficile pour moi de l'écrire. Combien de temps il faut que ça dure, une série? Je ne le sais pas. Ce n'est pas fini, 30 vies, mais je réfléchis. J'ai fait cinq ans de Trauma et cinq ans de Fortier. Il y a un moment où il faut que ça arrête», détaille la volubile Fabienne Larouche.

N'oubliez pas ceci: il y a des auteurs qui en arrachent pour rédiger, sur une période d'un an, une série de 12 épisodes d'une heure. Fabienne Larouche pond 120 demi-heures de 30 vies par année, sans compter ses propres émissions dramatiques (Trauma) et les productions extérieures qu'elle chapeaute (Unité 9).

Ça prend énormément de souffle et d'imagination pour soutenir un rythme de travail aussi infernal pendant 19 ans, en incluant la période de Virginie (1996 à 2010). On peut comprendre Fabienne Larouche de vouloir dépenser son énergie légendaire autrement.

Contractuellement, Radio-Canada a prolongé 30 vies jusqu'au printemps 2016. En entrevue hier, l'auteure et productrice laissait toutefois planer qu'elle pourrait fermer son école secondaire plus tôt. «On va continuer un peu. Mais après Émile [Proulx-Cloutier], je ne sais pas. J'ai l'impression qu'avec Émile, on va aller quelque part, et qu'après, ça va être difficile d'accoter ça», glisse Fabienne Larouche.

Parlons-en d'Émile Proulx-Cloutier, le huitième acteur de renom à prendre le rôle du professeur-vedette dans 30 vies. Lui-même multi-instrumentiste, il jouera l'hiver prochain Samuel Pagé, un prof de musique en 5e secondaire - et célibataire convoité - qui habite avec sa mère dépressive (Pascale Montpetit). Le frère de Samuel, pharmacien de profession, s'occupera très peu de sa maman, si ce n'est que pour lui fournir des médicaments.

«Samuel va utiliser la musique pour parler d'un paquet d'autres affaires, dont l'histoire. Par exemple, le lien entre Wagner et les nazis ou le jazz et la lutte pour les droits civiques», explique Émile Proulx-Cloutier.

Son Samuel dans 30 vies sera assurément moins gentil que son Maxime dans Toute la vérité. La bonté et la naïveté de l'avocat Maxime Cadieux l'ont d'ailleurs plongé dans le pétrin lundi soir dans le dernier épisode de Toute la vérité. Bien hâte de voir de quelle façon le personnage s'en extirpera.

«Samuel sera plus bouillant que Maxime et moins politically correct. On va ébouriffer ça, ces cheveux-là. Il y a plus de chances que son presto saute», souligne Émile Proulx-Cloutier, un vrai passionné de musique qui peut autant vous parler de l'influence de La Bolduc, des rythmes atypiques du jazzman Dave Brubeck que de la poésie avant-gardiste de Gilles Vigneault.

Il a énormément de talent, Émile Proulx-Cloutier, 31 ans, qui attend un troisième enfant avec sa conjointe Anaïs Barbeau-Lavalette en mars. Dimanche soir, il était même finaliste à l'ADISQ pour son premier album Aimer les monstres. Et il a été remarqué plusieurs fois par l'Académie des Gémeaux pour ses participations à Toute la vérité et Les hauts et les bas de Sophie Paquin (il y incarnait Damien, le petit frère de Suzanne Clément).

Comme l'an passé, la série 30 vies de Fabienne Larouche a été sélectionnée dans la catégorie des telenovelas au prochain gala des International Emmy Awards, qui se tiendra à New York le 24 novembre. Claude Legault, pour 19-2, y a également été remarqué.

Avec quels employés?

L'information a été propagée hier matin: après Rio de Janeiro en 2016, la SRC diffusera, toujours en partenariat avec Bell Média, les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang en 2018 et ceux d'été de Tokyo en 2020. La formule hybride SRC-RDS (mais sans TVA Sports) qui a été testée à Sotchi l'hiver dernier reviendra donc en force.

Il devrait s'agir d'une bonne nouvelle pour les travailleurs de la grande tour, qui en ont grandement besoin ces temps-ci. Mais avec quels employés la société d'État produira-t-elle ces évènements planétaires? Radio-Canada a pratiquement éradiqué son service des sports, en avril dernier, en remerciant 55 de ses 75 salariés. Le patron des sports, François Messier, a été promu à la direction générale du secteur de la production et n'a jamais vraiment été remplacé depuis.

Solution? Il faudra donc rappeler des anciens de la section des sports et leur offrir des contrats temporaires. Hier, de nombreux employés de la SRC étaient perplexes: pourquoi quasiment fermer la section des sports pour ensuite claironner l'obtention des droits pour Pyeongchang, en Corée du Sud, et Tokyo, au Japon? Difficile à suivre comme logique. D'autant que ces couvertures olympiques s'orchestrent des mois à l'avance et accaparent beaucoup de ressources.

C'est un peu comme une blonde ou un chum qui a été flushé(e) et qui se fait rappeler un mois plus tard pour reprendre la relation. Ça ne fait pas des enfants forts, mettons.