Mon radar télé n'avait jamais capté cette docuréalité québécoise en début de saison. Rien, aucune barre sur l'écran. Puis des amis, quasiment honteux, ont commencé à me chuchoter: «Ne le répète à personne, mais je suis devenu complètement accro à la série SQ de V. J'adore ça.»

Ah oui? Extrêmement sceptique, j'ai donc visionné, en rafale, les cinq premiers épisodes de SQ, qui durent 30 minutes chacun. Verdict? Voilà un autre plaisir coupable à inscrire sur ma liste déjà bien garnie. Non, attendez. Rayez le mot «coupable» de la phrase précédente. Il faut assumer ses choix télé dans la vie.

Nous sommes 540 000 curieux à regarder, tous les vendredis à 20h sur les ondes de V, les péripéties de «vrais» patrouilleurs de la Sûreté du Québec, que deux caméras suivent pas à pas.

On détecte dans SQ l'influence de la série Cops, qui roule depuis 1989, mais sans la ritournelle «bad boys, bad boys» accolée au générique. L'idée est donc loin d'être neuve. Et les interventions filmées dans SQ n'ont rien de bien spectaculaire. Pas de grosses scènes de crime ou de poursuites à haute vitesse, mais énormément de gens en état d'ébriété ou drogués. Alors pourquoi cette nouveauté cartonne-t-elle autant?

D'abord, il y a un aspect très voyeur dans SQ. En compagnie des flics, nous écorniflons sans gêne la vie privée de personnes assez mal en point, que la vie n'a visiblement pas épargnées. Par exemple, au troisième épisode, une femme suicidaire de Joliette déballe sans fard la totalité de ses problèmes: elle prend des «antipresseurs [sic], des pilules de joie», elle paie depuis deux mois l'auto de son copain (qui l'a trompée il y a deux semaines, le salaud!), sa belle-soeur se gèle à la poudre, et là, elle aimerait vraiment que les policiers «crissent leur camp» de chez eux, OK?

En deux petites minutes, un mini-téléroman très trash et bien réel a défilé sous nos yeux. Les dialogues étaient hyper naturels et le jeu, on ne peut plus crédible. Rajoutez à tout ça une narration de Paul Sarrasin sur un ton juste assez alarmiste.

Comme téléspectateur, on s'assoit devant SQ en se sentant coupable de se nourrir ainsi de la misère des autres. Au premier épisode, filmé en partie au beach party de Saint-Gabriel-de-Brandon, une jeune femme de 20 ans a été violentée par son copain. Sa lèvre saigne et une policière lui rappelle que ce n'est ni normal ni acceptable de se faire frapper de la sorte. «C'pas grave, j'veux rester avec lui», répond la victime en larmes et en état d'ébriété.

Dans le deuxième épisode, une femme de Valleyfield, qui a arrêté de prendre ses médicaments, fait une crise parce que son chum refuse d'aller lui acheter des cigarettes, tandis qu'un toxicomane de 23 ans aux dents pourries admet ne pas avoir dormi depuis trois jours parce qu'il a trop consommé de speed. On se croirait dans les interventions les plus délicates de la télésérie 19-2.

SQ nous catapulte en région, dans des milieux difficiles, à des kilomètres des univers bourgeois, urbains et confortables de productions comme Nouvelle adresse, O' ou Toute la vérité. C'est notamment cet accès à des univers beaucoup moins manucurés qui fascine autant les fans de SQ.

«Quand on voit des gyrophares sur le bord de la route, notre curiosité est toujours piquée. Avec SQ, on peut voir tout ce qui se passe», résume la productrice de cette docuréalité, Isabelle Ouimet de chez Trinôme.

Au fil des épisodes de SQ, les mêmes policiers reviennent souvent et on finit, comme dans tout bon téléroman, par avoir des personnages préférés.

Il y a, par contre, un petit côté infopub agaçant dans SQ, surtout quand les agents confient à la caméra combien leur métier les passionne et à quel point c'est gratifiant de servir le public. Un peu plus, et le lien web pour poser sa candidature à la Sûreté du Québec apparaît en bas de l'écran.

Puis un homme complètement halluciné crie à un des patrouilleurs qu'il est «un câlisse de cochon», insulte qu'il assaisonne d'un tonitruant «va chier ma grosse tapette, souffle dans mon pénis». Alors, on se dit alors que ce n'est si cool que ça, finalement, de se faire postillonner sur l'uniforme vert par un ivrogne à 4 h du matin.

Je lévite

Avec Marry Me sur NBC ou Global

Vous vous ennuyez de la super bande d'amis de la sitcom Happy Endings d'ABC? Vous retrouverez le même esprit vif et rigolo dans la nouvelle comédie romantique de ses créateurs, Marry Me, qui met en vedette la géniale actrice Casey Wilson. L'émission pilote n'est pas parfaite, mais elle annonce quelque chose de très sympathique. Ça joue les mardis à 21h (NBC) et les vendredis à 20h30 (Global). Très rafraîchissant.

Je l'évite

La répétition publicitaire

Quand on visionne une émission sur le web, on doit se farcir les mêmes publicités 14 fois dans la demi-heure. Par exemple, Télé-Québec nous repasse ad nauseam la réclame de la pharmacienne de l'Outaouais ou celle de Gregory Charles, tandis que V a un faible pour celle de la SAQ vodka-canneberge. Tant qu'à subir ce matraquage obligatoire, pourrait-on, au moins, avoir un peu de variété, s'il vous plaît?