Un journaliste des sports qui a décroché une permanence à Radio-Canada et qui fournit des topos au Téléjournal depuis plusieurs années est-il moins pertinent, compétent ou habile qu'un journaliste lié directement à la salle de rédaction?

Bien sûr que non. Un journaliste demeure un journaliste, peu importe la section pour laquelle il bosse. Mais, bon. Ces préjugés tenaces sèment présentement la pagaille à la SRC dans la foulée des dernières compressions, qui forcent 11 journalistes permanents du module des sports à se replacer au sacro-saint Centre de l'information.

Déjà que les reporters sportifs ont le moral encore plus bas que le troisième sous-sol de la grande tour, voilà que la direction de Radio-Canada exigerait qu'ils se soumettent tous, sans exception, à un long test d'admission s'ils désirent poursuivre leur carrière avec les collègues «sérieux» des nouvelles.

S'ils échouent à cet examen, habituellement réservé aux recrues et aux transfuges des autres médias, merci, bonsoir, c'est la porte. Voici les papiers officiels de la fin de votre emploi.

«C'est insultant, cette histoire de tests. Comme si aux sports, on ne fait que donner le score du Canadien de Montréal. Cela fait plusieurs années que RDI et les téléjournaux de Radio-Canada diffusent des reportages que nous avons préparés, avec les mêmes exigences et règles déontologiques que pour la salle des nouvelles. Et là, ils veulent que l'on prouve de nouveau des compétences que nous leur prouvons depuis très longtemps. C'est clair qu'ils veulent nous décourager pour que l'on s'en aille», s'indigne une taupe qui, on la comprend, préfère ne pas dévoiler son identité.

Là où ça bloque encore plus, c'est que plusieurs des 11 reporters sportifs ont déjà réussi ces tests réputés très difficiles, qui se déclinent en trois volets: connaissances générales, français et rédaction. Pourquoi les faire de nouveau, alors? Les patrons auraient répondu que certains des résultats auraient été égarés. Selon le syndicat, la direction n'aurait retrouvé les examens que de deux travailleurs qui, heureux hasard, auraient échoué. Pour le reste, mystère.

«Ça ne fait pas très sérieux, remarque une autre source à l'interne. On dirait qu'ils veulent protéger certaines personnes aux nouvelles. Ils pensent que, comme nous travaillons aux sports, nous ne sommes capables de rien faire d'autre.»

Déjà que l'ambiance n'est pas très festive dans la tour, vous vous doutez que la tension a grimpé de plusieurs crans entre le clan des sports et celui des nouvelles. Dans des cas aigus comme celui-ci, où des emplois bien rémunérés risquent de s'envoler en fumée, laissez-moi vous dire que la solidarité prend le bord assez rapidement.

Le syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) juge cette situation très délicate. «L'employeur a l'intention de refaire passer les examens. Je comprends parfaitement que certaines personnes n'aient pas le goût de subir un test qui met en jeu leur permanence», explique le président du syndicat, Alex Levasseur. Lors d'une réunion tenue vendredi, des journalistes sportifs ciblés par ces mesures ont même parlé de discrimination. Un avocat entrera dans ce dossier demain, me dit-on.

À La Presse, un journaliste qui traverse de la section des sports aux informations générales n'a pas à se soumettre à une telle évaluation écrite. Présentement, au moins deux des têtes dirigeantes du premier cahier de La Presse, celui des actualités brûlantes, ont longtemps écrit dans les pages sportives. Comme quoi, couvrir un match du Canadien ou un conseil municipal, ça demeure du journalisme, point à la ligne.

Hier, la direction de Radio-Canada a refusé de commenter ces histoires de tests perdus et de discrimination «compte tenu qu'une rencontre a lieu actuellement avec le syndicat».

Les préjugés défavorables envers les journalistes sportifs - même chose pour les journalistes culturels - ont toujours existé. Bah, vous couvrez des trucs de divertissement, ça fait pas sérieux votre affaire, entendons-nous presque quotidiennement.

Dites-moi, maintenant, entre recueillir les propos de Michel Therrien après un match du CH ou égarer les résultats de tests d'admission de certains salariés, qu'est-ce qui fait le moins sérieux?

Christiane remonte

Avec l'élimination du Canadien de Montréal, le 125, Marie-Anne de Christiane Charette n'a pas eu à affronter le hockey dimanche soir. Conséquence? Les cotes d'écoute de la dame en noir de Télé-Québec, malgré un temps splendide à l'extérieur, ont quasiment doublé, passant de 57 000 personnes pour la première à 111 000 téléspectateurs dimanche.

Beaucoup moins de pépins techniques dans ce deuxième chapitre. Les discussions entre les invités Anne Dorval, Xavier Dolan, Serge Denoncourt, Manon Massé et l'étonnant Chilly Gonzales ont été fort intéressantes. Pour ceux qui se questionnent à propos de l'arrivée tardive de Xavier Dolan sur le plateau, sachez que le cinéaste avait un souper de famille sur la Rive-Sud et que c'était prévu qu'il se pointe après le début de l'émission.

À Radio-Canada, le deuxième épisode de Viens-tu faire un tour? de Michel Barrette a été choisi par 453 000 curieux.