Le fabricant de figurines David Garneau a-t-il été manipulé comme une marionnette dans le dernier épisode de Dans l'oeil du dragon à Radio-Canada?

Lundi dernier, le passage de l'entrepreneur de 34 ans, celui qui commercialise les poupées à tête dodelinante, a provoqué une première dans l'histoire de cette populaire téléréalité: deux des mentors - Alexandre Taillefer et Serge Beauchemin - ont quitté le plateau en pleine présentation, sans serrer la main du candidat. La caméra a ensuite balayé une rangée de fauteuils vides.

Il est vrai que la portion consacrée à l'homme d'affaires d'Alma, diffusée dans les 15 dernières minutes, ne donnait pas du tout l'image d'un créateur sérieux. Vêtu d'un simple t-shirt et d'un jeans, David Garneau tenait des propos décousus, jetait des chiffres pêle-mêle dans la conversation et noyait les informations financières pertinentes dans un torrent d'anecdotes inutiles. «Je ne comprends rien», s'est même désolé Gaétan Frigon.

La version qu'offre David Garneau, seul propriétaire de 1minime.com, jette un éclairage complètement différent sur ce que 867 000 téléspectateurs ont vu en direct dans l'épisode du 26 mai. «Je ne suis pas un illuminé. J'ai eu l'air de quelqu'un qui ne connaît pas ses chiffres. J'ai été deux heures devant les dragons, ils en ont gardé 15 minutes. Je comprends, ils font un show. Mais toutes les portions où je leur répondais ont été coupées», affirme-t-il.

Par exemple, à la télévision, David Garneau a répliqué à un Gaétan Frigon embrouillé: «Moi non plus, je ne comprends pas», ce qui laissait croire que le jeune homme connaissait très mal sa propre entreprise. Or, en réalité, David Garneau prétend avoir dit: «Moi non plus, je ne comprends pas... que vous ne comprenez pas». La deuxième partie de sa phrase aurait été tronquée au montage, ce qui donne un tout autre sens à la discussion, il faut l'admettre.

Ensuite, David Garneau, qui allègue être devenu millionnaire avec ses figurines, n'a pas apprécié la sortie précipitée d'Alexandre Taillefer et de Serge Beauchemin. «J'ai toujours été poli, je n'ai insulté personne. Pour des gens avec autant de notoriété, je trouve que c'est un manque flagrant de respect. J'ai trouvé ça ordinaire», note-t-il.

David Garneau le répète: «Mes comptes de banque sont pleins». Alors, pourquoi visiter la caverne des cinq dragons si l'argent entre de tous les côtés? «Mes ventes en ligne vont bien. Mon plan, c'était de rentrer dans des commerces comme Jean-Coutu. J'avais besoin de leur expertise pour ce marché-là. Je me sens pas mal tout seul dans mon entreprise», répond-il.

Tous les dragons, sauf Danièle Henkel, ont tenté de s'associer avec David Garneau. Les enchères ont monté, mais l'entrepreneur a écarté toutes les propositions, notamment parce qu'il refusait de céder une partie des profits de la vente en ligne des «bobbleheads». «Je me suis tenu debout. Je leur ai tenu tête. Si mes chiffres avaient été mauvais, ils ne m'auraient jamais fait d'offre pour investir», plaide-t-il.

Selon Attraction Images, qui produit Dans l'oeil du dragon pour la SRC, «le montage a été tout à fait représentatif de la présentation du participant». Quant au manque de respect d'Alexandre Taillefer et de Serge Beauchemin, Attraction Images rappelle que «les dragons ont tout le loisir de réagir aux présentations qui leur sont faites».

Je l'avoue, David Garneau est un personnage très difficile à cerner. En entrevue, c'est un moulin à paroles inépuisable, qui peut autant vous parler d'un emploi à 300 000$ par an qu'il a refusé chez Google que de l'usine qu'il a mise sur pied à Guangzhou, dans le sud de la Chine, pour la fabrication de ses figurines. Il parle tellement que l'on finit par avoir le tournis. Et en cabotinant comme il l'a fait à Dans l'oeil du dragon, le message de David Garneau paraît peu sérieux et moins crédible, je trouve.

Je peux tout à fait comprendre l'exaspération des dragons devant ce candidat atypique. Je peux aussi comprendre la frustration de David Garneau d'avoir été incompris et ridiculisé. Mais, bon. Avec toute la publicité qui vient d'arroser sa firme 1minime.com, David Garneau pourra se consoler en comptant ses millions. La misère des riches, quoi!