Ti-Mé Paré, vraiment? Dans une émission de variétés d'une heure à Radio-Canada, avec sa barbe hirsute, ses grosses lunettes - redevenues à la mode avec le temps qui a filé - et ses références de sac-poubelle datant du début des années 90?

Il est injuste de juger un projet de télé qui n'a pas encore été catapulté en ondes, mais, sur papier, Le Ti-Mé Show de Claude Meunier ne me semble pas être l'idée du siècle, loin de là. Surtout en cette période douloureuse où la SRC sabre des postes partout et tente désespérément de rajeunir son auditoire, dont la moyenne d'âge oscille autour de 54 ans.

N'y avait-il pas d'autres suggestions plus innovatrices ou plus actuelles dans les classeurs des patrons de Radio-Canada que celle de bêtement ressusciter ce bon vieux Popa?

Comprenons-nous bien: La petite vie a été une comédie extraordinaire, un petit bijou serti de textes délicieusement absurdes. Il reste qu'en 20 ans, l'humour québécois a grandement évolué et la façon de le transmettre au petit écran aussi. Le Ti-Mé Show, qui mélangera sketches, performances musicales et entrevues, sent déjà le réchauffé avant même d'avoir été cuisiné. Première fournée: janvier 2015. Insérez ici un gag de steak, blé d'Inde, patates.

Depuis le succès monstre des Voisins, de Ding et Dong et de La petite vie, Claude Meunier éprouve beaucoup de difficulté à se réinventer et à donner un deuxième souffle à son univers imaginaire. Il s'est cherché au théâtre (Les noces de tôle) et au cinéma (Le grand départ) sans triompher. À la télévision, ses dernières propositions ont également été hyper décevantes, dont Détect Inc à l'hiver 2005, un truc comico-policier peu rigolo qui a coûté une fortune et qui dégageait un fort parfum de confusion. En 2009, la résurrection de La petite vie, pour l'épisode spécial Noël Story, a été une catastrophe. Et ne me repartez pas sur Adam et Ève, une sitcom, disons-le, ratée sur tous les plans.

Pourtant, Radio-Canada achète projet après projet à Claude Meunier, malgré les résultats d'écoute (et critiques) plus que mitigés. Comme si l'auteur détenait un abonnement à vie à la télévision publique, non résiliable, non transférable. Au début des années 90, investir dans du Meunier représentait une valeur sûre. Plus maintenant. Le cours de l'action de Ti-Mé incorporé a été trop volatil.

Peut-être que les dirigeants de la grande tour, à la foi inébranlable, sont comme nous fans finis de La petite vie, et espèrent un miracle. Peut-être que les décideurs croient que cette fois-ci sera enfin la bonne et que Claude Meunier, monument de l'humour québécois, sortira un «blockbuster» de la casquette brune de Ti-Mé. Qui sait?

Ça m'étonnerait que la plus jeune génération piaffe d'impatience de revoir Ti-Mé Paré pousser des blagues de mononcle sur la couleur des dents de Joël Legendre. Pourtant, la stratégie médiatique entourant le dévoilement du Ti-Mé Show a été orchestrée en totalité sur Facebook. L'objectif était clairement de dépoussiérer l'image vieillotte du bonhomme barbu, que les moins de 20 ans n'ont pratiquement pas connu. Alerte au 2.0 ici: un mot-clic a même été créé pour l'occasion: #TMS. Pour faire jeune, j'imagine. Mettons que c'était forcé comme approche publicitaire.

Les trois vidéos du Ti-Mé Show mises en ligne cette semaine nous ont montré un Popa Paré comme celui de 1997, mais saucissonné dans des vêtements chics dénichés chez Michel Brisson. Les mimiques de Ti-Mé, son ton saccadé et ses jeux de mots: rien n'a vraiment changé. C'est un peu triste.

Peut-être que je me trompe. Peut-être que Claude Meunier nous jettera tous par terre avec son Ti-Mé Show révolutionnaire et que les critiques ravaleront leurs vilains mots trempés dans le venin.

Personnellement, comme le répète Danièle Henkel à l'émission Dans l'oeil du dragon depuis plus d'un mois: «Je vous souhaite bonne chance, cher monsieur, mais je passe.»

JE LÉVITE

Avec l'application Café Adbeus

Vous explorez un quartier montréalais et cherchez un latté pas trop industrialisé? Ouvrez cette application gratuite pour iPhone et Android, qui vous refilera les adresses des meilleurs cafés indépendants - comprendre, pas de Starbucks - les plus près de votre emplacement actuel. Très bien fait et facile à utiliser. Bonus: Adbeus vous refile aussi les mots de passe pour le wifi des établissements qui en offrent.

JE L'ÉVITE

Le film The Other Woman

Le scénario de cette comédie romantique de Nick Cassavetes (The Notebook), mettant en vedette Cameron Diaz et Leslie Mann, est mince comme une corde de bikini. Ne gaspillez pas votre argent là-dessus en croyant regarder un sympathique plaisir coupable estival. C'est bourré de clichés. C'est prévisible et rarement drôle. Même en location, ce film coûtera trop cher pour le peu qu'il a à offrir.