Vous avez craqué pour la remarquable minisérie Broadchurch, dont la finale a été lumineuse il y a une semaine ? C'était une importation de la télévision britannique.

Vous vous remettez péniblement de la mort tragique de la belle Sybil dans Downton Abbey ? Encore de la télé britannique. Vous avez suivi SOS sages-femmes à Télé-Québec, Bienvenue au paradis chez ARTV et The Hour sur addikTV ? Trois autres productions britanniques.

Cette invasion télévisuelle fomentée au pays de Mr. Bean continuera la semaine prochaine avec le décollage de Luther et de Sherlock à Radio-Canada, deux autres miniséries formidables. Comme nous, les Américains tombent aussi sous le charme européen de ces émissions traversant l'Atlantique.

Ce nouvel engouement, déclenché par la popularité de la famille Crawley de Downton Abbey, s'explique de façon très succincte : ce sont toutes, sans exception, des émissions de qualité supérieure. De calibre AAA. Du haut de gamme, finalement.

Vous avez ici un éventail de produits raffinés confectionnés avec un soin maniaque. Autre immense qualité de la télévision britannique d'aujourd'hui : les créateurs ne diluent que très rarement leur matériel de base. Les saisons de télévision sont courtes - jamais plus de neuf ou dix épisodes - et les intrigues, condensées. Si une histoire se boucle en quatre épisodes, pas question d'en bricoler un cinquième pour étirer inutilement la sauce.

Cette rareté nous permet de savourer pleinement chacune des séries en évitant le gavage excessif. Comme Luther ou Sherlock ne comptent que très peu de (précieux) chapitres, on les consomme à un rythme plus délicat, car on sait très bien qu'il n'y a pas six saisons de 23 épisodes de nos séries chouchous qui attendent sur Netflix.

Cette vague anglaise ne perd pas de force, au contraire. Sur PBS, la quatrième saison de Downton Abbey a récolté cet hiver ses meilleures cotes d'écoute à vie : plus de 10 millions d'Américains ont regardé en direct la grande finale, présentée à la fin du mois de février.

Le créateur de Downton Abbey, Julian Fellowes, a d'ailleurs été embauché par NBC pour concocter une série dramatique dépeignant la haute société new-yorkaise du XIXe siècle. Le projet s'appelle The Gilded Age. De son côté, Fox a mis la touche finale à son « remake » de Broadchurch, rebaptisé Gracepoint, avec le même acteur (David Tennant), mais avec une partenaire différente, soit l'actrice américaine Anna Gunn, qui a incarné Skyler, la femme de Walter White dans Breaking Bad.

Si vous raffolez de télé « british », il ne faut absolument pas rater l'arrivée de Luther samedi prochain (le 3 mai), à 21 h, sur les ondes de la SRC. C'est diablement efficace, stressant et glauque comme série policière. Encore plus que 19-2, je trouve.

Le héros de la minisérie, John Luther, est un détective londonien aux méthodes d'enquête controversées que campe magnifiquement Idris Elba, le célèbre criminel Stringer Bell dans The Wire.

John Luther résout des crimes très graves. Il talonne des tueurs en série qui s'attaquent à des enfants ou de jeunes femmes en pleine nuit. Loin d'être un ange lui-même, Luther doit composer avec ses violentes crises de colère et son mariage qui se désagrège. Bref, sa carrière et sa vie domestique peuvent lui exploser au visage à tout moment.

Les fans de Sherlock Holmes renoueront avec leur héros atypique vendredi (le 2 mai) à

19 h, toujours à Radio-Canada. Non, il ne s'agit pas d'une minisérie d'époque, avec pipe, cape en tweed et loupe comme outil de travail, mais bien d'une transposition à notre époque du célèbre détective imaginé par Arthur Conan Doyle à la fin du XIXe siècle. L'essayer, c'est l'adopter. Je vous le conseille vivement.

Vous aurez deviné que si le détective - limite sociopathe - réapparaît dans vos salons, c'est qu'il a survécu à sa (fausse) mort orchestrée à la fin de la saison dernière.

Quant à Downton Abbey, qui a captivé une moyenne de

645 000 téléspectateurs en 2014, on ferme les portes du manoir ce soir à 20 h, à Radio-Canada. Gardez (encore) vos mouchoirs pas très loin. Downton Abbey demeure une de mes séries préférées, malgré son abus de violons, de revirements savonneux et de longues séquences chorégraphiées où tout le personnel s'agite nerveusement, comme si leur vie dépendait de la réussite d'un soufflé pour les invités. C'est quasiment comme Un souper presque parfait, version post-édouardienne.

Je lévite

Avec Benedict Cumberbatch

dans Sherlock


Il est tout simplement génial, cet acteur londonien, quand il revêt les habits modernes du célèbre enquêteur de Baker Street. Son Sherlock est un astucieux mélange d'arrogance, d'humour caustique, d'intelligence vive et de narcissisme. Brillant.

Je l'évite

Benedict Cumberbatch

dans La fin de la parade


C'est dommage, mais ce clone intello de Downton Abbey, mettant aussi en vedette la formidable Rebecca Hall, était tellement bavard, froid et prétentieux que tous les acteurs y ont fait mauvaise figure, même l'ultra-talentueux Benedict Cumberbatch. Il faut dire qu'un rôle de statisticien cérébral et impassible, voire ennuyeux, c'est pratiquement impossible à rendre attachant ou sympathique. Déprimant