Simple d'ouvrir un restaurant dans Queens, un quartier multiethnique de New York beaucoup moins prisé que Manhattan ou Brooklyn? Pas du tout. Parlez-en à Hugue Dufour, ex-disciple de Martin Picard et de Normand Laprise à Montréal, qui a mis presque trois ans à ouvrir M. Wells Steakhouse, son dernier établissement de cuisine néo-québécoise à Long Island City.

Pourtant, Hugue Dufour, que les critiques gastronomiques arrosent régulièrement de compliments sucrés, connaissait bien les rouages de la restauration new-yorkaise pour avoir exploité pendant un an le très couru M. Wells, un diner qui s'est hissé dans le top 10 mondial des restos valant un déplacement en avion, dixit le New York Times.

Mais l'accouchement du petit dernier, M. Wells Steakhouse, a beaucoup fait sacrer Hugue Dufour et son épouse Sarah Obraitis, également sa partenaire en affaires. Le cinéaste Guillaume Sylvestre (Secondaire V, Durs à cuire) a suivi le chef québécois, en pièces détachées sur une période de trois ans, pour documenter cette ouverture parsemée d'embûches administratives. Canal D diffusera ce documentaire d'une heure dimanche à 21h sous le titre Le steakhouse. C'est plutôt savoureux comme proposition.

Sachez d'abord que le couple Dufour-Obraitis a vécu un cauchemar avec son premier projet, le M. Wells. Au départ, le local «avec des trous de balle dans les vitres» de leur cantine de luxe coûtait 2000$ par mois. Ils ont tout retapé, et un an plus tard, après un succès monstre, le propriétaire a fait grimper le loyer mensuel à 30 000$. Insulté, Hugue Dufour a fermé, cherchant un nouvel endroit où se poser.

Un an plus tard, il recevait ses premiers clients au M. Wells Dinette, une chouette cafétéria haut de gamme dans l'annexe du MoMA (le musée d'art moderne), dans Queens. En parallèle, Hugue Dufour, ancien du Pied de cochon, planchait sur son steak house, qu'il a aménagé dans un ancien garage lugubre spécialisé dans le débosselage, toujours dans Queens.

Le film de Guillaume Sylvestre nous montre un personnage coloré et colérique, qui s'exprime sans filtre. À la caméra, vous entendrez Hugue Dufour, natif du Lac-Saint-Jean, affirmer que Queens, «c'est une place sale avec du monde à la face sale».

Contrairement à beaucoup de ses collègues, Dufour n'est pas gêné de parler d'argent. Au MoMA, le M. Wells Dinette ne rapporte pas beaucoup parce qu'il ne sert que des lunchs. C'est beaucoup de travail en cuisine pour peu de billets verts dans la caisse. Hugue Dufour et ses complices vendent aussi de la bouffe de rue gastronomique dans des festivals pour générer davantage de revenus. Tout est dit, rien n'est caché. «On va commencer par faire des sous, parce que j'en dois beaucoup», précise Hugue Dufour à propos de son plan de match pour le steak house.

En période de stress, il râle contre ses employés qui n'arrivent jamais à l'heure et traite les inspecteurs de la ville d'«attardés mentaux». Des fois, New York «est une ville de merde» quand des obstacles lui barrent le chemin. Et ses anciens proprios au M. Wells y goûtent encore plus: «C'est vraiment des losers de marde.»

Un peu comme son ami Martin Picard, Hugue Dufour, nouveau papa de la petite Crystal-Loup, est un excessif. Il boit du champagne au goulot. Il rêve de construire un immense catamaran polynésien dans sa salle à manger. Il recrute même des travailleurs dans un stationnement du Home Depot pour accélérer la cadence des rénovations de son nouveau resto.

Les foodies de New York adorent les plats riches de Hugue Dufour comme les huîtres à la sauce spaghetti et les grilled cheeses au baloney de cheval et foie gras. Encore ce week-end, le New York Times a publié une vidéo du chef dans sa populaire section «Style». Et c'est Adam Gopnik, journaliste vedette du New Yorker, qui a présidé une soirée de préouverture du M. Wells Steakhouse, il y a six mois.

Pour ceux qui se le demandent, le M dans M. Wells signifie magasin et non pas monsieur. Vous pouvez réserver au magasinwells.com.

La fièvre des séries

L'engouement pour le Canadien de Montréal en séries éliminatoires fait monter en flèche les cotes d'écoute de RDS. Le troisième match du CH, disputé dimanche soir, a rivé 1 729 000 amateurs devant leur téléviseur. Une foule imposante et bruyante.

Le hockey des Glorieux, propulsé par le chant de Ginette Reno, a mis au tapis la captation du spectacle Céline une seule fois à TVA, qui n'a été vu que par 406 000 fans. Une audience très faible pour une star du calibre de la diva de Charlemagne. Le hockey a aussi arraché des téléspectateurs à Tout le monde en parle, qui a glissé sous la barre du million avec ses 932 000 curieux.

Vendredi soir, le deuxième affrontement entre Montréal et Tampa Bay avait rallié 1 314 000 sportifs de salon, catapultant RDS devant les chaînes traditionnelles comme TVA et Radio-Canada. La première émission de la nouvelle saison de Dans l'oeil du dragon, présentée lundi soir à Radio-Canada, a intéressé 884 000 personnes.

Photo: Ivanoh Demers, archives La Presse

Hugue Dufour et Sarah Obraitis, photographiés dans le restaurant M. Wells en 2010 pour un reportage de Marie-Claude Lortie.