Oubliez Rob Ford, le maire en disgrâce de Toronto. Celui qui incarne le mieux la culture du dur à cuire, c'est Lucien Paquette, qui encourage son fils Danick, un jeune goon de 23 ans des ligues américaines, à jeter les gants depuis plusieurs années déjà.

Ce Lucien Paquette, toujours coiffé d'une casquette d'une équipe sportive, vous fascinera tout autant qu'il vous agacera. Vous le découvrirez dimanche à 19h dans Bagarreurs inc., que propose Canal D. Le collègue des sports Mathias Brunet a signé le scénario de ce documentaire sur la violence au hockey, tandis que la réalisatrice Sophie Lambert (30 secondes pour changer le monde à Télé-Québec) s'est installée derrière la caméra.

L'infatigable Lucien Paquette vit clairement par procuration le rêve de la Ligue nationale de hockey (LNH) à travers son garçon Danick, un joueur montréalais dont le gros du talent se loge dans les poings. Danick a été repêché par les Thrashers d'Atlanta en 2008, mais vivote depuis quelques saisons dans des équipes de deuxième zone comme l'Express de Chicago ou les Grizzlies de l'Utah.

Son père est pourtant convaincu que Danick, «un joueur de puissance», un «agitateur», rejoindra la grande ligue en se battant. Toute la famille Paquette - même les grands-parents - fonde énormément d'espoir en Danick, qui ne peut faire autrement que ressentir une forte pression.

«Quand Danick droppe, je veux qu'il frappe», confie sa mère Nathalie Hudon à la caméra. «S'il y a une bataille, aussi bien la gagner», renchérit sa soeur Cynthia, infirmière.

Et les commotions cérébrales qui guettent ces pugilistes de patinoire? Bah, aussi bien ne pas trop y penser. Car si on se met à trop réfléchir avant un combat, c'est pire et on cogne moins bien, dira même Lucien Paquette. Drôle de mentalité.

Il fait presque pitié, ce Danick Paquette. Son père le pousse sans ménagement, tandis que lui n'a pas trop l'air d'apprécier son rôle de fier-à-bras. On dirait que cette histoire ne peut que mal finir.

Bagarreurs inc. donne également la parole à d'anciens goons de la LNH, dont Georges Laraque (plus modéré), André Roy (très lucide) et Chris Nilan, qui vit complètement dans le déni. Les commotions cérébrales, ça n'existe pas, prétend celui qui a été l'homme fort du Canadien de Montréal entre 1980 et 1988.

Le cas de Gino Odjick, un ancien gorille des Canucks de Vancouver et du CH, est d'une tristesse difficilement descriptible. Il vit dans la pauvreté, et les nombreux coups qu'il a reçus ont clairement affecté ses capacités verbales.

Selon le neuropsychologue Louis de Beaumont, de l'hôpital du Sacré-Coeur, certains goons de moins de 30 ans ont au cerveau des plaques de sénilité semblables à celles de gens souffrant d'alzheimer. J'espère que la famille Paquette a pris des notes.



Soirée de finales


Mise en garde: détournez immédiatement le regard si vous n'avez pas encore visionné les derniers épisodes de La galère et de Toute la vérité, présentés en simultané lundi soir.

Bon, allons-y maintenant entre initiés. La toute dernière heure de La galère, vue par 909 000 personnes à Radio-Canada, a été très décevante, notamment en raison de la précipitation et de l'invraisemblance des rebondissements.

Quoi, Mimi (Brigitte Lafleur) est tombée enceinte? Pardon, Stéphanie (Hélène Florent) couche avec son ancien amoureux (Daniel Parent) dans la sacristie, en robe de mariée, elle avoue ensuite l'infidélité à son futur époux Marc (Denis Bernard) et tout le monde en rigole à l'église, avant de souffler les fameux «oui, je le veux»?

Difficile à suivre et à gober, tout ça. Les rires forcés dans le lieu de culte ont accentué le malaise, je trouve.

Autre gros irritant: le premier ministre ne saura (vraisemblablement) jamais s'il est le père biologique du quatrième enfant de Steph. Comme c'est tordu, quasiment autant que le silence complice des trois autres amies.

Heureusement, les dernières secondes de la série, avec l'apparition-surprise de l'auteure Renée-Claude Brazeau en chauffeuse d'autobus, ont racheté les maladresses des séquences précédentes. Je suis tout de même resté sur ma faim.

Chez Toute la vérité à TVA, dont la cote d'écoute a été chiffrée à 1 111 000 personnes, les téléspectateurs ont retenu leur souffle: l'enquêteur Patrice Martel (Kevin Parent) survivra-t-il à sa chute? Mon petit doigt me dit que oui, d'autant plus que les auteurs Annie Piérard et Bernard Dansereau désirent poursuivre l'écriture d'intrigues policières à grand déploiement.

On va se le dire, ce n'était pas la soirée d'Hélène Florent, dont les choix de vie (fictifs, bien sûr) ont certainement déçu les fidèles de La galère et de Toute la vérité.

Sa scénariste Stéphanie a été instable et erratique, c'est le moins que l'on puisse dire, tandis que son avocate Brigitte, en larguant Samuel (Patrice Robitaille), a complété un virage qui colle plus ou moins à sa personnalité des dernières saisons.



Adios
, les frères Ford


Tout ça pour ça: la chaîne Sun News a annoncé hier en fin d'après-midi qu'elle retirait de sa grille horaire l'émission Ford Nation après seulement une diffusion.

Malgré des cotes d'écoute évaluées à 155 000 téléspectateurs, ce qui a satisfait les patrons de la station anglophone appartenant à Québecor, cette nouveauté coûtait trop cher à produire.

Selon le Globe and Mail, l'enregistrement de la première de Ford Nation a duré cinq heures (pour moins de 60 minutes en ondes) et le montage a requis huit autres heures. Résultat: le maire Rob et son frère Doug ont été dégommés. Qui s'en plaindra?