Un vrai vilain, un méchant de compétition, sert à plusieurs choses dans une série télé. Il sème la bisbille, relance des intrigues qui stagnent et réussit très souvent à devenir plus intéressant que le «bon» personnage principal.

Moi, je les aime d'amour, ces vilains à la télé. Très souvent, je les aime beaucoup plus que les héros qui sont trop vertueux, trop parfaits et trop à cheval sur les principes. Non, merci. Je préfère les magouilleurs et les crosseurs de grand chemin.

Contrairement à ceux qu'ils embêtent, les vilains mènent des vies trépidantes et excitantes. Dangereuses, même. Comme eux, on aimerait toujours dire ce que l'on pense, se foutre de l'autorité et se faire justice soi-même, en cas d'extrême nécessité. On envie leur côté hors la loi. On jalouse leur nonchalance et le fait qu'ils n'aient peur de presque rien.

À la télévision, ces vilains donnent des personnages hyper intéressants et complexes. Prenez Jeanne (Ève Landry) dans Unité 9. Au départ, c'était une vilaine pure et dure, sans aucune once de bonté. Puis, son personnage a été approfondi, mieux développé. Maintenant, nous l'aimons beaucoup. Et c'est Bouba (Ayisha Issa) qui l'a remplacée au panthéon des personnages que l'on prend un malin plaisir à détester toutes les semaines.

Amis lecteurs, il est grand temps de célébrer ces vilains du petit écran québécois et de leur dire publiquement qu'on les apprécie (même s'ils nous font sacrer souvent). Ça ne doit pas toujours être évident, pour un acteur, d'être haï par des centaines de milliers de téléspectateurs. Cela pourrait peut-être vous étonner, mais il existe encore des gens qui distinguent mal la réalité de la fiction.

Au panthéon des vilains, le radin Séraphin Poudrier, incarné par Jean-Pierre Masson, occupe une place de choix. C'est quasiment le vilain originel. Jean-Paul Belleau (Gilbert Sicotte), imaginé par Lise Payette, représente parfaitement le vilain supra détestable, qui en a fait tant baver à la pauvre Lucie (Louise Rémy).

Plus récemment, je m'en voudrais de passer sous silence la célèbre Lyne-la-pas-fine (Catherine Trudeau), la vilaine germaine des Invincibles. Quel beau personnage. Et comment ne pas avoir le goût d'étriper le vieux et sévère Xavier Galarneau (Gilles Pelletier) dans L'héritage?

Au fil des saisons, la télé québécoise a accouché de spectaculaires vilains, dont le curé pédophile Alcide Plamondon (Pierre Chagnon) dans Au nom du père et du fils, le flic raciste Robert Boudrias (JiCi Lauzon) dans Jasmine et le mafieux Scarfo (Dino Tavarone) dans Omertà.

Les vilaines ne sont pas vilaines non plus. Pensons à la revêche Michèle Lauzon (Véronique Le Flaguais) dans Rumeurs, la méchante Jackie Lévy (Christime Lamer) dans L'or du temps ou la grande tourmentée Michèle Barry (Nathalie Coupal) dans Mirador.

Vous, quel est votre vilain préféré? Jacques Mercier (Yvan Ponton) dans les premières années de Lance et compte? Brouillard (Louis-Philippe Dandenault) le batteur de femmes dans 19-2? Ou le policier et bourreau Rouleau (Gilles Renaud) dans Fortier?

Les héros gagnent peut-être lorsque le générique apparaît à l'écran. Mais ce sont les crapules et les salauds qui nous marquent le plus. Qu'on le veuille ou non.

Entendu à OD

Il y a eu des becs, des prises de bec et un peu de poésie dans les derniers épisodes d'Occupation double à TVA. Giulio, ce grand séducteur au vocabulaire limité, a promis d'être au service des duchesses d'OD «du coucher du soleil jusqu'au lever de l'aubre (sic). Se lever à l'aube, le lever de l'aube, tout ça passerait très bien dans un poème du XIXe siècle, mais pas dans une maison meublée en IKEA.

Julie, la candidate démissionnaire de Venise-en-Québec, en a arraché avec le masculin et le féminin. «On est allés visiter le Burj al-Arab. Dans le fond, ce qui se trouve à être une hôtel, une des plus riches du monde», a-t-elle baragouiné péniblement. Un hôtel, Julie, on dit un hôtel. Ça doit être le décalage horaire qui fait - encore et toujours - son effet.

Mathieu a été vivement impressionné par l'éloquence de l'un de ses petits camarades devant les déesses en goguette. «Sérieux, c'était genre un speech de genre Obama», a-t-il affirmé sans le moindre soupçon de, genre, sarcasme. Genre.

Puis, la terrifiante Mandy a eu cette réplique cryptico-sexuelle: «Ç'avait l'air de bin couler à table», a-t-elle répété. On ne demandera pas à Mandy ce qui a coulé à la table, d'accord? Il y a des enfants qui lisent.

JE LÉVITE

Avec les pubs du mercredi de BelairDirect

L'association publicitaire entre la compagnie d'assurances et Les enfants de la télé est un exemple de commandite très bien exécutée. Les extraits d'émissions marquantes de notre patrimoine télévisuel (La soirée du hockey, Fanfreluche, Iniminimagimo), volontairement mal doublées, font sourire à tout coup, sans que le téléspectateur se sente agressé. Chapeau.

JE L'ÉVITE

La blonde de Benoît des Fromages d'ici

Ce n'est pas elle (Émilie) que l'on veut voir cuisiner les «1001 p'tits trucs» à la télé, c'est Benoît. C'est Benoît le plus rigolo, c'est Benoît qui se perd au métro Sherwood et c'est Benoît qui chante Heureux d'un automne. On l'aime plus.