Station numéro un au Québec, TVA hait - Dominique Michel dirait «haguit, haguit» - perdre la guerre des cotes d'écoute contre son rival Radio-Canada. Ça se comprend: personne n'aime subir la défaite. Déjà que le mardi appartient à la société d'État grâce à Unité 9 et Mémoires vives.

Pour essayer de ravir à la SRC la précieuse case du mercredi à 20h, TVA a catapulté au front Fidèles au poste contre Les enfants de la télé, l'automne dernier. Deux émissions similaires s'amusant avec les archives télévisuelles et chauffées par deux grosses vedettes, soit Éric Salvail et Véronique Cloutier. On s'attendait à un combat sanguinolent, une bataille épique.

Mais non: Véro a été trop forte, beaucoup trop forte. Fidèles au poste a dépéri en ondes et Éric Salvail a décampé chez V, TVA n'ayant rien d'intéressant à lui proposer sauf la coanimation de Ça finit bien la semaine, les vendredis soirs. L'offre a été re-fu-sée.

Bref, la stratégie agressive de TVA le mercredi a échoué. La chaîne généraliste de Québecor n'allait toutefois pas rendre les armes aussi facilement. Cet automne, TVA a joué son va-tout et logé sa populaire téléréalité Occupation double directement contre l'efficace tandem formé par Véronique Cloutier et Antoine Bertrand. Sébastien Benoît et sa brigade de célibataires bien roulés allaient-ils enfin permettre à TVA de mettre la reine Véro en échec?

La réponse est non. Mercredi dernier, Les enfants de la télé ont fait rigoler 1 317 000 personnes. Faut dire que l'émission, mettant en vedette Dominique Michel, Garou et Xavier Dolan, était franchement divertissante. Du gros calibre. En même temps à TVA, Occupation double a souffert et n'a pas fracassé le million avec 997 000 accros à l'écoute. À 21h, toujours à TVA, Le gentleman a écopé de la performance décevante d'OD avec seulement 707 000 curieux devant leur téléviseur. Pour TVA, ce n'est pas un auditoire satisfaisant.

C'est une erreur de programmation, je crois, que d'avoir déplacé et dépecé Occupation en semaine. Jeudi soir, pour ce qui devait pourtant être le point d'orgue de la semaine, seulement 933 000 téléspectateurs ont assisté en direct au renvoi de Shaun-le-mannequin-geek.

Il n'est pas trop tard pour rapatrier Occupation double les dimanches soirs et fouetter la saison actuelle. Qu'on déteste le concept de cette téléréalité et les valeurs superficielles qu'elle distille, reste qu'Occupation double entre dans la catégorie des émissions événementielles, celles qui enflamment Facebook et Twitter. Il y a des éliminations, des crises de jalousie, des participants qui s'engueulent, d'autres qui claquent la porte. La matière à commérage est foisonnante. Et Dieu sait que les patrons de télé adorent le grésillement intense sur les réseaux sociaux.

Le remplaçant d'Occupation double les dimanches soirs, On connaît la chanson, piloté par Mario Tessier, ne génère pas autant de conversations de type machine à café. À ce sujet, Tout le monde en parle l'écrase également.

Pour sa toute première émission de l'automne, Occupation double a démarré un dimanche soir et a réuni 1 410 000 fans de téléréalité, dépassant même le grand plateau de Guy A. Lepage et Dany Turcotte (1 358 000). Une fois mutée en semaine, la téléréalité-vedette a vite périclité dans les sondages BBM.

L'effet d'usure jouerait-il dans l'effritement des auditoires d'OD? Peut-être. Chose certaine, ramener l'élimination d'OD le dimanche soir ravigoterait sans aucun doute les chiffres inquiétants de l'émission. Sans vouloir en rajouter, la première dominicale d'On connaît la chanson (1 350 000) n'a même pas réussi à accoter les chiffres d'Occupation double ni même ceux de Guy A. Lepage. Tout le monde en parle, qui aurait pu mettre la pédale douce sur les mauvaises blagues de chatte, est monté à 1 370 000 fidèles, et Le banquier (1 797 000) a poursuivi sa domination aux audimètres.

Lent début pour Homeland 3

Ce ne fut pas le meilleur épisode à vie de Homeland dimanche soir. Après une deuxième saison haletante, ce début de troisième saison (à SuperChannel, débrouillé à Montréal et Gatineau chez Vidéotron) a ralenti l'intrigue, qui a repris 58 jours après «les événements» de la finale de l'an passé.

Pas de panique, je ne révèlerai rien de ces fameux «événements», car Télé-Québec relaie actuellement la deuxième année de Homeland. Ce que je peux dire, par contre, c'est que la brillante et instable agente de la CIA, Carrie Mathison (Claire Danes), se retrouve encore isolée, à se battre envers et contre tous. Quel personnage fascinant, cette Carrie. Une louve solitaire qui ne lâche jamais le morceau, quitte à passer pour une timbrée.

Et elle est un peu folle, notre brave Carrie - c'est elle-même qui l'affirme -, surtout quand elle ne prend pas ses médicaments pour soigner sa bipolarité (et qu'elle s'auto-médicamente à la téquila). Cette troisième saison la place dans une position très inconfortable, voire dangereuse pour sa carrière.

J'adore Homeland, un thriller qui élève la paranoïa à un niveau plus qu'angoissant. À qui faire confiance dans cette mer de hauts gradés à deux visages? Plus que jamais, c'est extrêmement difficile de le savoir avec certitude. Et c'est parfait comme ça.