Pendant l'été, où l'école secondaire du Vieux-Havre ferme ses portes, j'en profite pour aller batifoler dans les plates-bandes dorées et prestigieuses de mes collègues de la section cinéma. Du petit écran, je passe donc au grand, comme un grand.

Je ne dois pas être un vrai de vrai cinéphile, car, contrairement à bien des camarades, j'ai bien aimé le dernier Sofia Coppola, The Bling Ring, adapté d'un fascinant article publié en 2010 dans le magazine Vanity Fair. La cinéaste américaine y pose sa caméra, avec un soupçon d'empathie, sur un groupe d'ados obsédés par la gloire, la fortune et le bling - tout ce qui brille - des stars de Hollywood.

Ces cinq jeunes blasés, narcissiques à l'os et encore plus superficiels qu'un participant d'Occupation double ne discutent que d'un seul truc: la célébrité. En surfant sur des sites web à potins, le quintette s'informe des allées et venues de vedettes comme Paris Hilton ou Lindsay Lohan et dès que l'une de ces têtes couronnées se pousse à l'extérieur de la ville des anges, bam! , les cinq filous fashionistas cambriolent leurs McCabanes.

En fait, il s'agit plus de séances de magasinage extrême. Je veux cette robe Balmain! Passe-moi les Jimmy Choo! Wow, la Rolex! Le groupe des cinq, toujours sur la rumba, s'enfuit ainsi avec des accessoires griffés valant des centaines de milliers de dollars. Et ils répètent leur manège illégal plusieurs fois, sans ne jamais être ennuyés par la police.

À sa sortie, ce film basé sur une histoire vraie a irrité plusieurs critiques sans doute parce qu'il incarne aussi, par sa forme et par son traitement, ce qu'il raconte aux spectateurs: nous vivons de plus en plus dans un monde où les apparences triomphent sur la substance. Peut-on en vouloir à Sofia Coppola d'en avoir fait une aussi jolie démonstration?

On regarde The Bling Ring un peu en voyeur, comme s'il s'agissait d'une téléréalité. Et la trame sonore est divine avec des chansons d'Azealia Banks, Sleigh Bells, Kanye West et Frank Ocean. Délicieux.

Autre film qui mérite qu'on s'y attarde: The Way, Way Back de Nat Faxon et Jim Rash, que j'ai adoré. Il s'agit d'une comédie douce-amère à propos d'un ado hyper renfermé, Duncan, qui percera lentement son cocon au cours d'un été passé au bord de la mer. Toni Collette incarne sa mère un peu déboussolée et Steve Carell, son beau-père détestable.

Allison Janney est formidable dans le rôle de la voisine alcoolo. La distribution comprend aussi Maya Rudolph, Amanda Peet et Sam Rockwell. Si vous aimez les oeuvres indépendantes comme Little Miss Sunshine, courez voir The Way, Way Back. Une oeuvre tout en finesse et en délicatesse.

Dans un tout autre registre, je vous suggère La conjuration (The Conjuring), un film terrifiant qui évoque Amityville et L'exorciste. Encore ici, ce suspense classique, campé au début des années 70, a été bricolé à partir de faits vécus. Une famille - les Perron - s'installe dans une vieille maison isolée du Rhode Island. Vous devinez la suite: le lieu est hanté et un couple spécialiste du paranormal tentera de chasser le diable de cet endroit maudit.

Ici, pas de massacre à la hache: l'anxiété provient de ce que le réalisateur James Wan (Saw) cache aux cinéphiles. Et ça, c'est diablement efficace comme procédé. Dommage que la salle du Cineplex renfermait autant d'ados indisciplinés, qui placotaient et ricanaient toujours lors des moments les plus tendus. Ça gâche sérieusement le plaisir de frissonner de peur au cinéma.

Dans le rôle de la chasseuse de fantôme empathique, l'actrice Vera Farmiga est parfaite. Décidément, cette Vera Farmiga se positionne pour devenir la nouvelle reine de l'horreur à Hollywood. Elle joue également la mère de Normand Bates dans la série Motel Bates de la chaîne A&E, sorte d'antépisode au classique Psycho d'Alfred Hitchcock.

La jeune soeur de Vera Farmiga, Taissa, partage aussi ce goût pour l'épouvante. Elle faisait partie de la première saison d'American Horror Story, que la chaîne Addik a relayée chez nous sous le titre d'Histoire d'horreur. Et question de boucler la boucle, Taissa Farmiga joue également dans The Bling Ring. Tout est vraiment dans tout et vice versa. Ah oui, n'oubliez pas non plus d'aller voir Louis Cyr.

Je lévite

Avec la chanson Fox de Karim Ouellet

Elle joue beaucoup, comme une ritournelle, sur toutes les stations commerciales du Québec, et on ne s'en tanne pas. Il est bourré de talent, ce Karim Ouellet. Il fabrique des refrains accrocheurs et des mélodies joyeuses qui rendent les bouchons et le trafic beaucoup plus tolérables.

Je l'évite

Le film Admission de Paul Weitz

Vous adorez l'humour intelligent de la comédienne Tina Fey? Si vous ne voulez pas déchanter, ne louez surtout pas Admission, mettant aussi en vedette Paul Rudd. C'est atrocement mauvais, prévisible et pas drôle. Même Tina Fey a l'air de se demander ce qu'elle fabrique dans cette comédie ratée. Vive les reprises de 30 Rock.