T'aurais pas une bonne série télé à me conseiller? Je suis en manque d'un truc comme Homeland, Une femme exemplaire ou Le trône de fer.

Cette question, mes amis me la posent, mes collègues me la posent et vous me la posez également. Presque tous les jours. C'est étrange, car ces interrogations me téléportent plusieurs années en arrière, à cette période glorieuse où je payais mes études en enfilant mon polo de commis au SuperClub Vidéotron. Un emploi formidable où mes collègues et moi avons pu faire jouer Benny&Joon et Reality Bites en boucle, uniquement parce que leur trame sonore était excellente.

Bien quoi? Comme nous n'avions pas le temps de regarder les images, seule la bande-son comptait dans le choix des films ayant le «privilège» de passer dans le magasin. Nos classiques alternaient aussi entre Singles, Swing Kids, Dirty Dancing (choix unanime des filles) ou Footloose. Et nos clients habituels ne s'en plaignaient pas. Au contraire. Ça groovait derrière le comptoir.

T'aurais pas un bon film à me conseiller? me demandait-on déjà à l'époque. Oui, bien sûr. Neuf fois sur dix, mes suggestions plus pointues tombaient à l'eau. Et les clients repartaient avec le dernier Arnold sous le bras. Soupir.

Aujourd'hui, comme on se connaît mieux, vous et moi, je sais à peu près quoi vous recommander pour que vous passiez un bon moment devant le plasma. Et comme le temps s'annonce moche aujourd'hui, je vous suggère d'acheter sur iTunes The Americans, la nouvelle série d'espionnage vintage de la chaîne FX.

Ça prend deux épisodes plutôt mal construits avant de bien camper l'action et les personnages. Mais quand ça décolle, attention, les intrigues filent comme des missiles nucléaires.

Et ça tombe bien, car cette télésérie d'époque, dont l'action démarre en 1981, au début de l'ère Reagan, dépeint comment la guerre froide se vivait dans les coulisses des puissantes agences comme le FBI, la CIA et, surtout, le KGB.

On y suit Philip Jennings (Matthew Rhys) et sa jolie épouse Elizabeth (Keri Russell, ex-star de Felicity), un couple quasi parfait qui élève ses beaux enfants - Paige et Henry - dans une banlieue cossue de Washington. Le jour, le couple exploite une petite agence de voyages à Dupont Circle. Une vie rêvée, quoi.

Voilà pour les apparences. Car, en réalité, Philip et Elizabeth sont deux agents hyperviolents du KGB, nés et formés à la dure en URSS pour arracher des secrets à l'intelligentsia de Washington. La nuit, ils torturent des gens, tuent sans remords et empruntent différentes identités grâce à leur arsenal de perruques, de fausses lunettes ou de moustaches adhésives.

Comme l'histoire se déroule au début des années 80, les gadgets d'espions de Philip et Elizabeth sont plutôt rudimentaires, comme dans les vieux James Bond. C'est aussi ce qui fait tout le charme de The Americans, cet aspect suranné où les communications secrètes se faisaient en code morse, au beau milieu d'une forêt, et où il fallait publier des petites annonces dans les journaux afin d'entrer en communication avec des membres d'une cellule dormante. Les producteurs ressortent même le truc du parapluie empoisonné, le fameux parapluie bulgare.

The Americans place le téléspectateur dans la même situation ambiguë que Les Soprano, soit celle où les personnages principaux sont des bandits, des criminels que l'on finit par aimer malgré leurs actions répréhensibles.

Elle, Elizabeth, se révèle être une communiste pure et dure. Elle rappelle souvent à son époux que leurs camarades soviétiques souffrent de la présence des Américains et de leur capitalisme destructeur. Elizabeth ne dégage aucune chaleur, même en présence de ses enfants.

Lui, Philip, s'adapte beaucoup mieux au mode de vie nord-américain et songe même passer à l'ouest. Des tensions éclatent - bien sûr - dans leur mariage, qui a été arrangé à Moscou dans les années 60.

En effet, Philip et Elizabeth n'ont jamais été amoureux. Le KGB les a entraînés pendant des années à devenir un couple modèle, à parler anglais sans accent, pour qu'ils se fondent dans la masse.

Attendez maintenant de voir ce que leur métier d'espions les force à faire. L'adultère semble être banal. Le mariage des deux espions est peut-être une façade, reste qu'autant d'années passées à dormir dans le même lit, ça crée des liens plus forts que ce que le KGB pouvait imaginer.

Je lévite

Avec l'album éponyme de The Olms

Un album idéal pour les brunchs ensoleillés du dimanche ou pour les voyages entre amis sur les routes des États-Unis. Si vous aimez la pop intelligente, les harmonies vocales, le rock californien et les influences des années 60, vous ne regretterez pas votre achat. C'est garanti.

Je l'évite

Le film Bachelorette

Une copie complètement ratée et insipide du mégasuccès Bridesmaids de 2011. Je ne pense pas avoir ri une seule fois pendant ce film de 90 minutes sans queue ni tête. Même l'actrice Rebel Wilson, pourtant si comique, semble trouver son rôle bien vide et inintéressant. Complètement désolant.